EASY TAKE CONTINUE À PRENDRE DE LA VITESSE ET S'INSTALLE À NÎMES
Après Avignon en janvier 2010 et Montpellier cet été, Easy Take s'empare désormais de la capitale gardoise. Dès ce lundi matin, jour de lancement du service de transport de personnes low-cost, les voiturettes vertes au design ultra moderne se sont imposées dans le paysage routier nîmois. Ce qui a valu quelques tours de tête de la part des autres automobilistes surpris.
Et pourtant, depuis presque deux ans, la société Easy Take ne cesse de faire parler d'elle en bien... Arrivées en 2010 à Avignon, les voitures vertes ont transporté déjà près de 300 000 clients. Des jeunes à la sortie des boîtes mais pas que. "Nous transportons aussi des personnes âgées et des professionnels. La moyenne d'âge de nos clients est estimée à 37 ans", explique Elsa Rotureau, chargée des relations publiques qui ne manque pas de préciser que la société participe "à son échelle à la réduction des accidents de la route dus à la fatigue ou à l'alcool."
Le prix bas des courses ne sont pas étrangers à ce succès. En effet, de 0 à 7 km, la course est tarifée à 8€, de 7 à 15 km à 18€, de 15 à 25 km à 28€ et de 25 à 50 km (le maximum) à 38 € "et ce, que vous soyez seul ou accompagné, avec ou sans bagage." Cette tarification forfaitaire à bas prix s'explique en partie, par la présence des annonces publicitaires affichaient à l'extérieur mais aussi à l'intérieur des véhicules Easy Take. Autre avantage, ce service est disponible 24h/24 et 7j/7. Pour y avoir accès, il suffit de passer commande via le centre d'appels au 0 892 42 00 42 ou le site internet easytake.fr.
Easy take, on en parle aussi en mal...
À l'origine de ce couac qui a commencé à Avignon, dès les premiers kilomètres parcourus par les véhicules Easy Take, les chauffeurs de taxis représentés par le syndicat des artisans taxis du Vaucluse. Ces derniers avaient alors mené Jean-Marc Sibade et Olivier Michel, les créateurs de la société, devant le Tribunal de Grande Instance d'Avignon, le 23 novembre 2010, dénonçant "une concurrence déloyale". Le tribunal avait estimé que Easy Take s'était bien livré à une concurrence déloyale au cours du premier trimestre 2010. Pour cela, la société avait été condamnée à verser 5000 € de dommages et intérêts au syndicat des taxis. Le 19 avril 2011, la Cour d’Appel de Nîmes avait allégé la condamnation interdisant aux véhicules Easy Take de stationner en attente de clients sans réservation préalable, sous peine d’une amende de 3.000 euros.
Ce qui visiblement n'a pas découragé l'entreprise avignonnaise à s'installer à Montpellier, puis à Nîmes. "Nous sommes des concurrents, mais pas déloyales, lance Arnaud Bauprey, directeur commercial. Nous respectons notre législation étant inscrits au registre des exploitants de tourisme avec chauffeur." À Elsa Rotureau de reprendre : "Et puis, nous offrons des services différents des taxis. Nos employés suivent une formation pour être titulaires du brevet de secourisme (certificat sauveteur secouriste du travail)."
Malgré leur bonne volonté, les arguments des représentants Easy Take ne parviennent pas à convaincre les chauffeurs de taxis qui ne cessent de voir rouge. "Face à Easy Take, les taxis ne peuvent pas lutter, s'emporte André Michel, président du syndicat des artisans taxis du Gard. Nous sommes submergés par des charges et des réglementations imposés par l’État. Nous voulons bien nous y soumettre, mais il faut arrêter de mettre face à nous des concurrents qui, eux, ne payent pas les même charges... s'ils en payent, et pratiquent ainsi des prix trop bas." Et le président du syndicat des artisans taxis du Gard prévient, il va y avoir de l'action. "Ce qui s'est passé à Avignon va se reproduire à Nîmes, à Montpellier et partout en France. Nous n'allons pas laisser cette profession se dérèglementer comme ça. Nous n'arrêterons qu'une fois que nous aurons obtenu satisfaction."
En attendant, dès la première journée d'ouverture de Easy Take à Nîmes, les premiers clients passaient leur commande. Et la direction se mettait à faire des projets : "Nous espérons passer de 20 à 50 employés dans les six prochains mois."
L'avis de Serge Alméras, président de la Chambre des Métiers et de l'Artisanat du Gard :
"Ce qui me choque, c'est que c'est encore l'histoire du pot de terre contre le pot de fer. Une société à gros budget vient attaquer sur leur terrain des artisans qui eux non pas forcément de gros moyens. Il va falloir être vigilant afin que Easy Take ne vienne piquer des clients aux taxis en faisant des maraudes car son statut d'exploitant de voitures de tourisme avec chauffeur ne lui permet pas. Easy Take a su exploiter une faille du système mais il va falloir que la société reste à sa place", précise Serge Alméras, qui se dit près à soutenir le syndicat des artisans taxis du Gard "mais à condition que l'on me propose des solutions concrètes et nouvelles. Il est hors de question de relancer des procédures similaires à celles qui se sont tenues à Avignon, étant donné que ça n'a rien donné." La justice c'est bien, mais l'initiative c'est mieux. Le président de la Chambre des Métiers et de l'Artisanat, pense déjà à un partenariat entre les taxis et les commerces comme les salons de coiffures ou les restaurants. "Les taxis amèneraient et viendraient chercher les clients et les commerçants pourraient, eux, prendre en partie la course de ces clients. Ça serait du donnant-donnant."
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