Publié il y a 12 ans - Mise à jour le 12.02.2012 - stephanie-marin - 5 min  - vu 462 fois

LE PORTRAIT DU DIMANCHE : KELLY GADEA, LA PASSION DU FOOTBALL

16 décembre 1991 à Nîmes. Kelly Gadea est née, une footballeuse. Mais ça, ses parents, installés à Caissargues, ne le savent pas encore. Il leur faudra attendre quelques années pour découvrir leur fille, un ballon au pied, sur une pelouse. Et c'est qu'elle se défend la petite. À l'âge de six, Kelly est déjà dans un stade, les yeux rivés sur son frère qui à cette époque joue à Nîmes. Et puis, il y a la Coupe du Monde 1998. La passion du ballon rond s'empare alors de la fillette pour ne plus jamais la lâcher. "Mes parents m'ont inscrit au club de foot de Caissargues" se souvient Kelly. Elle entre alors en U6, autrefois la catégorie des poussins, dans une équipe mixte. "Il n'y avait pas d'équipe féminine. J'ai toujours joué avec les garçons. Mais c'était bien parce que j'étais la chouchou, du coup" s'amuse la footballeuse. Ce n'est qu'à 13 ans, en entrant dans l'équipe de Montpellier en 1ère division que Kelly apprend à jouer avec les filles, un jeu "moins rapide et moins physique qu'avec les garçons" il faut bien l'avouer.

"Sans le courage et le travail, le talent n'est rien" se ressasse Kelly. Et à force de travail, la jeune Caissarguaise se fait remarquer. À 15 ans, elle rejoint l'équipe de Saint-Étienne et quitte le Sud pour les Yvelines où elle entre à l'institut national du football de Clairefontaine pour conjuguer foot et études, un BEP secrétariat. Un premier pas dans le monde du football professionnel. La performance est belle, d'autant que cette même année, elle décroche le maillot de l'équipe de France féminine en U17. "Un honneur", mais aussi le début des sacrifices. "C'est vrai qu'à 15 ans, mais peut-être même avant, j'ai pris la décision de consacrer ma vie au foot. Ce qui a impliqué un certain éloignement avec ma famille et mes amis, une hygiène de vie impeccable pour réaliser mon rêve." Difficile à 15 ans de tirer un trait sur les sorties entre amis, les adolescents ne diront pas le contraire. Oui mais voilà, juste avant d'intégrer l'équipe de Saint-Étienne, Kelly s'est faite une grosse frayeur. "Je me suis blessée au ligament croisé lors d'un match. J'étais fatiguée parce que je sortais beaucoup. J'aurais pu éviter cette blessure si j'avais été plus sérieuse. Du coup, j'ai dû arrêter le foot pendant plus de dix mois. Un coup dur" se souvient la jeune femme amère. Un mal pour un bien peut-être car après cette mauvaise aventure, Kelly a pris conscience que être "sportive de haut niveau demande beaucoup de sérieux. Je me suis relevée trois fois plus forte et j'ai vite retrouvé mon niveau." En 2010, elle revient à Montpellier.

Mon plus beau souvenir ? Le championnat d'Europe 2010 

La santé retrouvée, Kelly Gadea travaille d'arrache-pied, permettez nous l'expression, aux côtés de ses équipières. En 2010, l'équipe de France des U19 participe au Championnat d'Europe 2010 en Macédoine. La France gagne 2 à 1 contre l'Angleterre. C'est la consécration. La Caissarguaise alors âgée de 19 ans se souvient de cette émotion lorsqu'elle a soulevé la coupe. "J'avais le brassard de capitaine. J'étais très fière, c'était intense." Les larmes aux yeux, Kelly les a eu une nouvelle fois, lorsqu'elle est entrée pour la première fois dans un stade, portant le maillot de l'équipe de France A, les Bleues, les vraies. C'était en 2011. "Une belle récompense qui m'a une nouvelle fois prouvée que le travail, ça paie. Sur le terrain, j'ai ressenti beaucoup d'émotion, c'était trop bon, j'avais envie que le temps s'arrête. C'est vraiment un très beau souvenir."

On imagine aussi la fierté des parents de Kelly. Ils l'ont vu grandir un ballon au pied, mais pouvaient-ils imaginer que leur petite fille,

Kelly Gadea sous le maillot du Montpellier HSC. Photo/DR

aujourd'hui devenue grande serait un jour footballeuse professionnelle et vivrait -- "beaucoup moins bien que les garçons" -- ainsi de sa passion. "Tout c'est fait naturellement. Petit à petit, sans savoir vraiment où nous allions. Mais ils m'ont toujours soutenue. Et à chaque jour de repos, je reviens les voir à Caissargues, ils sont très importants pour moi, ils m'apportent un équilibre." Mercredi d'ailleurs, à l'occasion de la rencontre France-Pays-Bas, un match préparatoire pour l'Euro 2013 en Suède et les Jeux Olympiques de Londres --première qualification pour l'équipe de France -- qui se jouera au Stade des Costières à Nîmes, la famille de Kelly viendra la voir jouer. "C'est la première fois qu'ils vont me voir porter le maillot de l'équipe de France, en vrai. Les autres matches, ils les ont vu à la télé. Ils ont prévu des banderoles, ils vont mettre l'ambiance, c'est sûr" s'amuse-t-elle.

Footballeuse, mais une jeune femme avant tout

Impossible de passer à côté de la question : "Peut-on être footballeuse et féminine ?" Kelly qui a déjà entendu cette question des centaines de fois, y répond toutefois sourire aux lèvres "bien sûr !" Revenant cependant sur le regard des autres qui a évolué ces quinze dernières années. "Lorsque j'étais plus jeune, on me traitait de garçon manqué. Mais il faut dire que je n'étais pas très coquette. Au fil des années, je suis devenue plus féminine. Et mon changement a coïncidé avec le changement du regard des gens. Maintenant une fille qui joue au foot, ce n'est plus surprenant, c'est commun. Et c'est bien comme ça." Conséquence des mélanges des genres et un peu aussi grâce aux performances de cette équipe de France féminine qui, à chaque championnat, gagne en notoriété, essuyant au passage les frasques déplorables de leurs homologues masculins. Tacle.

Et du côté privé, Kelly confie timidement que son métier, sa passion, ne pose aucun problème avec les garçons. "Pour la plupart, quand ils l'apprennent, ils me disent : "Super, enfin une fille avec qui je vais pouvoir parler de foot sans la saouler !" Ça n'a jamais fait peur à personne que je sois footballeuse." Car avant d'être une footballeuse, Kelly est une jeune femme qui devra un jour mettre un terme à sa carrière pour "avoir une vie de famille. À 38 ans, Sandrine Soubeyrand joue toujours en équipe de France. Je ne sais pas si je pourrais jouer jusqu'à cet âge, on verra."  Mais à, à peine, 20 ans, celle qui occupe le poste de défenseur central en équipe de France a déjà des idées de reconversion, "je n'ai pas de diplôme, c'est donc difficile de m'imaginer faire autre chose que de jouer au foot, mais je me verrais bien créer ma marque de vêtement, pourquoi pas !"

Kelly Gadea

Pays : France

Club actuel : Montpellier HSC

Âge : 20 ans

Date de naissance : 16 décembre 1991

Lieu de naissance : Nîmes

Taille : 1m69

Poids : 65 kg

Poste : Défenseur central

Numéro : 3

Stéphanie Marin

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