Publié il y a 12 ans - Mise à jour le 27.02.2012 - stephanie-marin - 3 min  - vu 180 fois

MAISON D'ARRÊT DE NÎMES : "ON NE PEUT PAS S'EN PRENDRE À UN SURVEILLANT EN TENUE SANS SANCTION"

Philippe Asencio, délégué régional FO pénitentiaire, à droite. Photo DR/

Une pression de plus en plus forte, les agressions quotidiennes, un manque de personnel, trop c'est trop, le syndicat FO pénitentiaire appelle à un mouvement de grève, mardi 28 février, à la maison d'arrêt de Nîmes.

"Les agressions sont notre lot quotidien. Les violences verbales se sont toutes les heures. Quant aux violences physiques elles sont de plus en plus fréquentes. Au mois de janvier dernier, nous avons enregistré cinq agressions. Le personnel travaille dans l'angoisse" déplore Philippe Asencio, délégué régional FO. Des violences, jusqu'à celle de trop : l'agression d'un moniteur de sport qui remonte au lundi 20 février.  " Alors que les détenus faisaient leur exercice, un colis (venant de l'extérieur) a été projeté sur le stade. Le moniteur a voulu récupérer le colis mais un détenu s'est jeté sur lui, le plaquant au sol. Laissant le moniteur au sol souffrant d'une entorse, il a pris le colis et est parti." Les projections de colis, un autre problème récurrent qui engendre souvent des excès de violence envers les surveillants qui tentent de les intercepter.

360 détenus pour 192 places

Depuis quelques années, le phénomène de surpopulation rend les prisons ingérables. La maison d'arrêt nîmoise en est un exemple. Elle compte 362 détenus pour 192 places. "La prison est tellement surpeuplée qu'une trentaine de détenus dorment sur des matelas à même le sol" lance le délégué régional FO, surveillant depuis 20 ans. Le personnel, au nombre de cent, est alors très vite dépassé par le surnombre et le comportement "devenu très agressif des pensionnaires." La situation est donc critique et aucune réponse n'est apportée par l'administration, c'est en tout cas ce que l'on comprend dans le discours de Philippe Asencio. "Il y a trois ans, nous avons réalisé avec le chef de l'établissement, un audit pour chiffrer le besoin de personnel au sein de la prison. Les résultats annonçaient un manque de 16 surveillants. L'administration a pris en compte les résultats de cet audit mais depuis, rien n'a été fait pour pallier à ce manque." Du coup, le personnel subit toujours plus de pression de la part de détenus qui "n'ont plus peur de s'en prendre aux surveillants." Et pour cause. "Lorsqu'un détenu s'attaque à un surveillant, il y a une sanction : il est immédiatement mené en cellule disciplinaire avant d'être sanctionner pénalement. Le problème c'est que dès qu'un détenu est envoyé au quartier disciplinaire, il est interné, quasi systématiquement, en hôpital psychiatrique sur ordonnance d'un médecin psychiatre qui répond à une demande du chef du quartier disciplinaire. Ce dernier n'ayant pas envie de gérer des cas de violences. Et le problème dans tout cela, c'est que finalement, le détenu n'est pas sanctionné puisqu'il n'effectue pas son séjour en cellule disciplinaire."

Et du côté de la sanction pénale, qu'en est-il ? "La sanction pénale est belle et bien présente mais pas assez répressive. Actuellement, les détenus qui agressent un surveillent sont condamnés par le parquet de 9 à 10 mois de prison. Nous ce que nous voulons, c'est qu'ils soient condamnés à la peine plancher, soit 12 mois de prison ferme sans remise de peine. Le parquet doit comprendre que les surveillants travaillent dans des conditions terribles. Nombreux sont les surveillants qui souffrent de dépression. Il faut que cela cesse" s'emporte Philippe Asencio.

Ainsi, demain, soit le mardi 28 février, le personnel de la maison d'arrêt de Nîmes plantera la piquet de grève toute la journée "et si nos revendications ne sont pas entendues, nous pourrions reconduire le mouvement."

Stéphanie Marin

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