C'est dans son confortable salon, que nous rencontrons Olivier Pallier, entouré de sa petite famille : Natacha, sa femme, Mathys et Lilie, ses deux enfants. Un joli tableau d'une famille presque parfaite, au chaud, dans leur nid douillet… Un nid, sur les flots : "Vixit", une péniche de 150 ans, amarrée au canal de Beaucaire ! "Il s'agit du bateau le plus vieux de France", insiste avec fierté son propriétaire.

Salle à manger, chambres, cuisine équipée, avec eau courante, électricité et Internet… La résidence est confortable ! " Vous savez, c'est comme une maison, sauf que le matin en vous réveillant, vous voyez les canards", explique avec amusement Olivier. Avant de préciser : "les gens fantasment beaucoup sur notre mode de vie, ils pensent que c'est un luxe ! Mais s'est comme une maison : nous payons des charges, la taxe portuaire, et le crédit du bateau".

Être résidant d'un fleuve, un "art de vivre", qui n'a pas forcément coulé de source, pour ce pilote de chasse à l'aube de la retraite. " Un jour, j'ai aidé l'un de mes amis à acheter un bateau. Et puis… Moi aussi, j'en ai acheté un! Hélios, ma première péniche", explique-t-il. " Une chose étrange au début", nous confie sa femme, qui l'a connu lorsqu'il résidait sur Hélios. "Mais on s'y fait vite", reconnaît-t-elle. D'ailleurs, aujourd'hui, le couple n'échangerait pour rien au monde son mode de vie avec "les habitants à terre" : " on se sent libre ! Si demain nous voulons partir pour Avignon ou même Paris…  On peut le faire".

L'amour du fleuve et de la navigation ont conduit Olivier à s'impliquer dans la vie de Beaucaire. Une ville dont le couple est "tombé amoureux". Président de l'association "La Mariphone des gens d'à bord", cet "homme de convictions", comme le décrit sa femme, milite ferme pour "bousculer l'immobilisme" de la municipalité concernant le développement du port et des canaux environnants. "Beaucoup ont oublié la richesse de la ville et ne se rendent pas comptent que Beaucaire pourrait devenir la petite Venise du Gard",  ambitionne ardemment le résidant du canal.

Protéger leur lieu de vie

Le nouveau projet du conseil général de "mise en réseau" des ports de plaisance du Gard, avec, entre autres, portes d'entrées mer/fleuve et ouverture des écluses pourrait-il répondre à ses attentes ? Pas sûr… "Je reste septique", lance Olivier qui ne veut pas que le projet nuise aux avantages qu'offrent, à lui et aux Beaucairois, les "villages fluviaux". L'arrivée massive de bateaux de mer, de plaisanciers, pourrait "faire augmenter le tarif de la taxe portuaire qui est déjà très élevée à Beaucaire !".

De plus "ce ne sont pas ces plaisanciers qui vont ramasser les canettes. Nous nous le faisons parce que nous respectons notre lieu de vie", assure le responsable associatif. " Et puis des bateaux, trop grands, ne pourraient pas passer là ou il y a des ponts, comme ici par exemple".

Olivier Pallier demande pour l'instant l'application par VNF (Voies Navigables de France), de certaines règles de bases : dragage, lutte contre l'algue jussie qui colonise les cours et qui peut casser les élises… Outre sa grande gueule "réfléchie", le résident du fleuve fait valoir la valeur ajoutée qu'il apporte à la ville : "Hélios est une péniche hôtel " où les touristes peuvent y passer quelques nuits... Prochainement, le couple veut ouvrir les portes de leur maison flottante à des petits groupes de touristes pour faire partager leur "mode de vie", "l'histoire de Vixit" et pourquoi pas "faire une démonstration avec un avion"... Des idées plein la tête avec un cap bien fixé vers l'avenir !

Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com