Publié il y a 11 ans - Mise à jour le 21.11.2012 - coralie-mollaret - 4 min  - vu 198 fois

NÎMES : Serge Moati raconte la Révolution en Tunisie

Serge Moati, en conférence à la maison du protestantisme de Nîmes, hier soir.

Invité par l'association Charles Gide, le journaliste Serge Moati a rencontré les Nîmoises et Nîmois, hier soir, à la maison du Protestantisme. Un échange vivant, fait de contradictions et d'approbations, avec sporadiquement des petites touches d'humour, propres à l'ancien animateur de Ripostes !

"C'est incroyable de voir autant de monde ! Certains n'ont même pas une chaise pour s'assoir", lance estomaquée, une dame venue assister à la conférence du célèbre journaliste, Serge Moati, sur la révolution tunisienne. A ses côtés, son mari, crayon solidement fixé à la main attend avec impatience l'entrée de l'invité. Réalisateur, essayiste, journaliste, acteur… La tête de Serge Moati, né en Tunisie et issu d'une famille juive, n'est pas assez grosse pour supporter toutes les casquettes qui constituent son parcours professionnel.

Arrivé de l'invité sous les applaudissements chaleureux du public. Le journaliste est décontracté, plaisantin… Un témoignage, sans doute, de son irrépressible envie d'établir un lien de proximité avec son auditoire pour faire passer un message. Son message. Comme si il racontait une histoire à des enfants, Serge Moati revient sur "la révolution de la dignité". Un mouvement "inattendu", "que personne n'a vu venir ! On ne va pas jouer à ceux qui savaient, ce n'est pas vrai", lance-t-il.

"Un jour un jeune homme, Mohamed Bouazizi de Sidi Bouzid… Ce jeune homme, marchand des quatre saisons, s'est fait gifler par une femme policière… Quelques jours après, il s'immola par le feu, ce qui est interdit en terre d'Islam". Cet acte "bouleversa entièrement la Tunisie, divisée en deux : avec d'un côté l'opulence du littoral et la misère, le bled, à l'intérieur des terres".

"Des immolations, des grèves… Il y en a eu avant, il y en a eu après", signifie Serge Moati sous-entendu : qu'est-ce qui allait bien changer cette fois? "J'étais là-bas à Noël, avec quelques copains de l'opposition. Eux-mêmes pensaient que ça allait retomber". Quand soudain,  le peuple tunisien, dans un incroyable mouvement social se révolta. Une révolte si intense et durable que le 14 janvier, Zine el-Abidine Ben Ali, surnommé sympathiquement "Zinoché", par Serge Moati, "s'enfuit comme un voleur qu'il était, comme un fuyard qu'il est devenu, en Arabie Sahoudite. Un refuge agréable pour les dictateurs en fin de carrière".

Salafistes, une "milice du pouvoir"

Puis vinrent les interrogations sur le nouveau gouvernement de transition élu. "Cet étrange attelage", composé du parti islamiste Ennahda, arrivé en tête en octobre 2011 pour les élections de la Constituante, suivi des deux partis de gauche, le CPR (Congrès pour la République) et Etakatol.  Avec, de temps en temps, "ces salafistes, une sorte de milice du pouvoir, que l'on sort ou que l'on tabasse quand ça arrange". Aujourd'hui, "les femmes portent le voile (…) La presse est muselée par le pouvoir (…) L'alcool est prohibé et on parle même de polygamie", témoigne l'invité.

Alors que les chiffons s'agitent en Occident, Serge Moati répond à certains qui seraient tenter de dire "c'était mieux avant". Entre une dictature barbue ou non : "il n'y a pas de fatalité", assure Serge Moati. Pour expliquer ce vote islamiste, l'invité rappelle "l'émiettement des 104 partis d'opposition", mal organisés qui se chamaillaient à Tunis pour le pouvoir "alors que les islamistes, eux, sillonnaient les campagnes, jouant les assistantes sociales en donnant des graines de couscous". Le clientélisme est universel !

Il y a aussi "ce souvenir mythique de quelques chose qui n'a pas existé, un empire islamique" où il faisait bon vivre... C'est le fameux vote réactionnaire, au sens étymologique du terme. "Vous savez, ces pays ont une histoire forte, faite d'échanges… Les empires musulmans n'ont été qu'éphémères. Et il y avait des temps où l'islam était relégué aux grands-mères", poursuit-il. Autre point notable : le 11 septembre 2001, qui a lié musulman à terroriste. Certains, en pleine recherche identitaire, "se confondent dans une caricature d'eux-mêmes", accentuant le trait pour provoquer.

"Il faut noter que les islamistes au pouvoir sont la seule solution qui n'a pas été encore essayée. Ils sont confrontés à la réalité avec une obligation de résultat. Et croyez moi, si laïque ne se traduit pas en arabe, les Tunisiens ont bien compris que cela voulait dire…". Soudain une femme se lève dans la salle : "je voudrais témoigner. Dans le cadre d'une visite archéologique, je suis allée en Tunisie. Les gens sont très accueillants avec le peu de touristes présents. Une femme m'a abordée et m'a dit que c'était bien que nous venions et que nous échangions ". L'échange, les diversités, des facteurs de richesses. "Laissons donc le peuple tunisien poursuivre sa révolution…", note une autre participante. Après tout, la démocratie française ne s'est pas faite en un jour !

DR.

La Syrie, toujours en guerre civile ! 

39.000. C'est environ le nombre de morts depuis le début des révoltes.

12 ans. C'est le nombre d'années au pouvoir du président Bachar-el-Assad, qui a succédé à son père, Hafez-el-Assad.

20. C'est le nombre de mois de conflits, de violence en Syrie, depuis le début des révoltes.

9. C'est le nombre de pays qui reconnaissent la nouvelle Coalition de l'opposition comme "seul représentant légitime du peuple syrien".

Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com

Coralie Mollaret

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