ZONES FRANCHES La mission parlementaire fait étape à Nîmes
Deux heures de réunion… C'est ce qu'il aura fallu, au préfet du Gard, à la député PS Françoise Dumas ainsi qu'aux diverses associations et organismes consulaires, réunis jeudi à la maison des initiatives, pour "faire un bilan des zones franches et faire des propositions concrètes pour pérenniser le système". Comme l'ont annoncé d'emblée le président de la mission parlementaire sur les ZFU (Zones Franches Urbaines), Michel Sordi, ainsi que le député PS des Bouches-du-Rhone et rapporteur du projet, Henry Jybrayel.
Zone Franche : mode d'emploi
Nîmes compte une zone franche répartie sur trois sites : Valdegour/Pissevin ; Avenue Maréchal Juin et KM Delta. "En 1996, nous avions 125 entreprises pour 500 emplois. Aujourd'hui nous en comptons 600 pour 2700 emplois", annonce fièrement Franck Proust, Premier adjoint au maire de Nîmes et vice-président chargé de l'économie de Nîmes Métropole.
Des réussites, des inquiétudes et des critiques… Les discussions alternaient entre compréhension cordiale et vifs échanges démocratiques. Etablies il y a 17 ans, les ZFU (Zone Franche Urbaine) sont des quartiers de plus de 10.000 habitants, dits "défavorisés" (fort taux de chômage, proportion de jeunes, de personnes sorties du système scolaire importantes…), sur lesquels les entreprises bénéficient d'une exonération de charges fiscales durant 5 ans. Un "coup de pouce", valable jusqu'en 2014, pour développer l'économie, mais aussi la mixité sociale et diminuer l'insécurité.
Dans le clan des "satisfaits", Henry Jybrayel, le rapporteur de la mission, mais aussi des chefs d'entreprises. "Les entreprises qui viennent s'installer génèrent de l'activité (…) Et sans ces mesures de réduction fiscales, certains industriels ne seraient pas venus, en raison d'un cout du travail trop élevé. On peut prendre l'exemple de Sherco", avance de prime abord, Franck Proust. En outre "les effets d'aubaines", ces professions libérales qui s'installaient dans les zones franches pour accroitre leur profit, "se sont considérablement réduits".
Dans ce conglomérat d'arguments positifs, quelques nuances ont été avancées par Hugues Bousiges: "on laisse ces jeunes dans le quartier, alors qu'il faudrait les en sortir (…) Ce périmètre géographique ne correspond pas aux réalités de la vie ". De plus "la dernière fois, à la sortie d'une réunion à Pissevin, une voiture de France 3 a été caillassée", rappelle le préfet, faisant allusion à l'insécurité qui règne toujours dans les "zones franches".
"Avez-vous mieux à proposer", lui répond le député Jybrayel. "On va voir…", lui rétorque le préfet, soulevant la situation "anormale", de jeunes victimes de la discrimination faciale ou territoriale. "Que serait-il arrivé si nous n'avions pas mis ces dispositifs en place?", s'interroge publiquement Françoise Dumas. "Merci", s'exclame Jibrayel, la mine visiblement ragaillardie.
Des pistes d'évolution
Du côté des entreprises et autres associations, premières concernées sur le terrain, Maurice Bataille, de l'association AREN (Association des Résidents Economiques Nîmois en ZFU) avance que pour "pérreniser" le système : "il faut que la collectivité investisse dans des infrastructures, comme des parkins, de l'éclairage public", véritable argument séduction pour fidéliser les sociétés, qui une fois les cinq années d'exonération atteintes, font leurs valises !
Autre réclamation : "il nous faut un comité de pilotage pour suivre l'évolution de la zone franche !". Des mots sur lesquels rebondit ardemment Hugues Bousiges, à l'origine de la création d'une commission économique et sociale pour Saint-Gilles, : "ah c'est vrai, depuis que je suis là, je n'ai jamais entendu parler de zones franches!".
De son côté, le représentant du PIMMS, fait valoir le "manque d'adaptation", entre la demande de travail des entreprises et l'offre des travailleurs, puis met en exergue le " besoin de formation".
La mission parlementaire remettra dans quelques mois un rapport au ministère, sur les 101 zones franches que compte la France. Le gouvernement pourra amorcer de nouvelles mesures pour faire "évoluer le système", tout en conciliant un déficit budgétaire revu à la hausse pour 2013.
Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com
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