Publié il y a 11 ans - Mise à jour le 12.03.2013 - coralie-mollaret - 3 min  - vu 569 fois

CAISSARGUES. ROMS : "Une situation indigne et dramatique"

Samedi, une quarantaine de Roms seront expulsés de leur campement de fortune, près de Caissargues. Le collectif de défense des Roms interpelle les pouvoirs publics pour qu'ils respectent la nouvelle circulaire du 22 août, prise par le gouvernement Ayrault… 

"La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde", avait lancé Michel Rocard, ancien Premier ministre socialiste. "Mais il a ajouté qu'elle doit y prendre sa part ! Ne tronquons pas cette partie", prend soin de préciser Françoise, membre du Collectif de défense des Roms, qui rappelle que notre hexagone "ne compte que 15.000 à 30.000 Roms". Ce matin, les multiples associations du Collectif ont fait venir la presse nîmoise dans un camps de roms, situé à mi-chemin entre Nîmes et Caissargues.

L'objectif : sensibiliser l'opinion publique et interpeller les pouvoirs publics sur le sort de ces 40 citoyens romains et européens, dont le campement doit être évacué samedi prochain. "C'est suite à une plainte de RFF, qui possède ce terrain destiné au passage de la ligne TGV de la future gare de Manduel, que les Roms vont être expulsés", rappelle Roger, membre du Collectif.

Une situation "indigne et dramatique", pour Françoise, militante de la Ligue des droits de l'Homme. Les ongles sales, le visage marqué par les rides, signe d'une angoisse permanente, Marianna nous fait entrer dans sa cabane... Son lieu de vie depuis six mois !

"Je dors ici avec mon mari et mes trois enfants…", explique-t-elle en pointant du doigt trois vieux matelas empilés. Épaulée par Rostas, un autre Roms, ces derniers expliquent leur quotidien : "nous nous lavons avec de l'eau que nous allons chercher à Nîmes. (…) On fait la manche pour acheter à manger".

Dehors, les hommes et jeunes adultes se présentent facilement aux multiples journalistes. Passeports et cartes d'identité en main, ils affirment : "nous sommes venus ici pour chercher du travail. Nous allons partout, mais nous ne trouvons pas, que ce soit dans la maçonnerie, dans la mécanique". "Il faut savoir qu'en Roumanie, les Roms sont persécutés. L'Europe donne pourtant de l'argent à la Roumanie pour faire des plans d'insertion, mais il n'en est rien", éclaircit Roger.

"Ce que nous voulons c'est un logement décent pour nos familles", explique Marianna. Mais ce n'est pas si facile lorsque qu'aucun membre de la famille ne possède d'emploi… "Et un emploi sans logement c'est aussi difficile", ajoute Rostas. "C'est un peu le serpent qui se mort la queue", admet Françoise, reconnaissant que le travail reste le meilleur moyen d'intégration dans une société.

Si la crise économique n'est pas étrangère à leurs difficultés professionnelles, sous le gouvernement Sarkozy, la tâche était d'autant plus difficile : les employeurs étant obligés, pour embaucher un Roumain, de s'acquitter d'une taxe.

La circulaire interministérielle du 22 août, intitulée "circulaire relative à l'anticipation et à l'accompagnement des opérations d'évacuation des campements illicites", précise la levée partielle des mesures transitoires. Les employeurs n'ont donc plus à payer une taxe auprès de l'Office français d'immigration et d'intégration (OFII). Et la liste des métiers réservés aux Roms devrait quant à elle, être élargie "prochainement".

En outre, le texte insiste beaucoup sur la notion de "concertation" avec les associations de terrain et les autres acteurs publics. "Nous avons envoyé deux lettres au préfet, mais nous n'avons eu aucune réponse", affirme Roger. Si les responsables associatifs reconnaissent que "la communication a changé, il n'y a plus autant de stigmatisations que sous l'ère Sarkozy (…) Mais dans les faits rien n'a changé", conclut Colette, une autre membre du Collectif. A une semaine du lancement de la Semaine de la fraternité, impulsée par le préfet du Gard, le collectif appelle "à des actions fraternelles dans le pays des droits de l'Homme qu'est la France".

Diana, 14 ans, scolarisée au collège Charles Martel

Diana a 14 ans. Scolarisée au collège Charles Martel, cette jeune roumaine devrait avoir l'âge des matins heureux et des possibles infinis… Pourtant, il n'en est rien. Guitare à la main, la collégienne traduit aux journalistes les déclarations de sa famille et d'autres Roms qui doivent être expulsés samedi prochain de leur campement de fortune, à mi-chemin entre Nîmes et Caissargues.

Innocente, elle n'en est pas moins réaliste sur l'urgence et la précarité de sa situation. Le sourire aux lèvres,  les yeux qui pétillent, elle positive, préférant déclarer qu'elle "n'a pas de petit copain au collège", mais "que des copines (…) très gentilles : Lola et Inès". Plus tard, elle ne sait pas ce qu'elle veut faire… "Ah si : docteur !", une réponse soufflée par sa mère, qui veut que sa fille face bonne figure...

Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com

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