UZÈS Le vent souffle et la colère des salariés gronde sur le site Haribo
Dix jours. Cela fait dix jours que les salariés d'Haribo (Uzès et Marseille) mènent un combat acharné contre leur direction. Refus d’effectuer la cinquième nuit ainsi que toutes les heures supplémentaires, débrayage deux heures par poste... Tout est bon pour faire plier l'adversaire quitte à affaiblir la production et au dixième de jour cela s'évalue en plusieurs centaines de tonnes de bonbons. Au cœur de ce conflit social, la perte pour les salariés de 3000 à 4000 € de pouvoir d’achat cette année suite à une réduction des primes d'intéressement et de participation. "En 2012 Haribo a enregistré un nouveau record avec un chiffre d'affaires qui a augmenté de 10% soutenu par une hausse des volumes mais aussi par une augmentation des prix moyens, précise Jérôme Maurin, délégué du personnel à Uzès (CGT) et membre du CE. Dans le même temps, les frais de personnel sont en baisse de 2,5% du fait de la baisse conséquente de l'intéressement et de la perte de 38 salariés. Un moyen de préserver les profits de la direction, à plus de 9 millions d'euros, qui viendront alimenter une trésorerie déjà prospère d'environ 97 millions d'euros" accuse-t-il.
La parole est à la défense représentée par le directeur du site d'Uzès en personne de Pierre Blimond. Il est d'ailleurs allé à la rencontre des salariés (répondant à l'appel de la CGT) rassemblés devant le portail de l'usine Haribo ce jeudi matin. "Je confirme que le chiffre d'affaires est à la hausse, mais le résultat (les produits plus les charges, Ndlr) a régressé suite à une augmentation considérable du prix de la matière première. D'où la baisse des primes d'intéressement qui je le rappelle contrairement à la prime de participation ne sont pas une obligation pour l'employeur. Ces primes variables selon le résultat sont issues d'un accord d'entreprise voulu par la direction (les actionnaires allemands, Ndlr)."
Dès lundi, les négociations annuelles se poursuivront. Et la menace d'un durcissement du mouvement syndical plane déjà sur la tête de la direction. "Dans cette affaire, tout le monde est perdant car si la production est ralentie sur le site, la société y perd tout autant que les salariés qui l'an prochain verront leurs primes encore diminuées." C'est l'histoire du serpent qui se mord la queue. Toutefois, Pierre Blimond certifie qu'une réflexion est actuellement menée pour garantir à ses employés des salaires (de base) et primes additionnelles (en partie) largement plus élevés que l'inflation prévisionnelle de 2013, soit + 1,5%. "Notre volonté est d'augmenter le pouvoir d'achat de nos salariés tout en prenant garde de rester compétitif dans un contexte international où la concurrence est rude mais aussi et surtout de pérenniser l'activité de la marque en France." Pays où le salarié coûte plus cher que partout ailleurs en Europe.
À suivre donc...
Stéphanie MARIN
stephanie.marin@objectifgard.com
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