Publié il y a 11 ans - Mise à jour le 20.03.2013 - tony-duret - 2 min  - vu 2187 fois

PSYCHOLOGIE La vie après un braquage

Photo d'illustration

En ce début d’année, de nombreux commerçants du département ont été les cibles de braqueurs. Même si l’instant ne dure que quelques secondes, que quelques minutes, il reste gravé des semaines, des mois voire des années dans la tête des victimes. C’est le cas de Mathilde* qui a choisi de garder l’anonymat. Cette buraliste gardoise a été victime d’un braquage il y a quelques mois. A l’heure de la fermeture, des hommes armés sont entrés dans son commerce, ont menacé Mathilde ainsi que les clients présents avant de repartir aussi vite qu’ils sont venus. Plusieurs mois après, la buraliste se souvient des jours qui ont suivi le braquage : « Je suis aujourd’hui plus anxieuse qu’avant. Je fais davantage attention aux gens. Je suis presque devenue parano ». Quand on lui demande si elle a repris le travail dès le lendemain, elle confirme que oui : « Et bizarrement ça n’a pas été le moment le plus dur. J’ai senti le contrecoup quinze jours après ». Mathilde a choisi d’affronter les événements seule : « Les policiers m’ont proposé de rencontrer un psychologue mais je n’ai pas donné suite. J’ai choisi de faire face toute seule et de continuer ma vie comme avant. Je fais juste un peu plus attention en fin de journée (moment que les braqueurs avaient choisi pour commettre leur méfait, NDLR) ».

Une autre qui a préféré gérer seule, c’est Élodie* qui, elle aussi, a souhaité ne pas divulguer son identité. Cliente d’un magasin qui a vu entrer trois hommes armés, la jeune femme n’a toujours pas oublié ce moment. Même des mois après : « C’est toujours dans un coin de ma tête. Je n’y pense pas tout le temps sinon je ne vivrai plus mais parfois ça me revient sous forme de flashs. Je respire un grand coup, je me concentre sur ce que je fais et ça passe ». A ses collègues de travail, à son entourage, Elodie a préféré ne rien raconter de ce qui lui était arrivé : « Ce n’est pas quelque chose que l’on veut partager. Je l’ai raconté aux personnes qui me sont proches, à mes parents à mes meilleures amies, mais c’est tout. On a peur que les autres nous jugent pourtant on n’a rien fait de mal ». Le sentiment que rencontre Elodie est bien connu par les psychologues comme le confirme Anne Grangeon, psychologue à Nîmes : « Ce sentiment de honte est étonnant et paradoxal mais c’est un des signes. Il faut que la victime sache qu’elle n’a rien provoqué et que ce sentiment est une réaction habituelle. Les cauchemars, les flashbacks éveillés, les troubles de la tension et de la mémoire, les pleurs sont des réactions normales. Un psychologue peut aider la personne à se réparer en quelques séances ». Mais une victime peut-elle occulter seule un tel événement ? La psychologue est pessimiste : « Il ne faut pas le garder en soi parce que ça ne disparaît pas. Ca ressortira tôt ou tard. Parfois, très longtemps après. Les personnes pensent l’avoir digéré et un bruit, une odeur, une situation ravivent le traumatisme».

Trois conseils de la psychologue :

-          Faire appel à un psychologue ou un psychiatre spécialisés dans le traitement des traumatismes psychiques ou se rapprocher d’une association d’aide aux victimes.

-          Ne pas hésiter à parler de son traumatisme.

-          Ne pas se renfermer sur soi.

*Les prénoms ont été modifiés

Tony Duret

tony.duret@objectifgard.com

Tony Duret

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