Publié il y a 10 ans - Mise à jour le 27.05.2013 - coralie-mollaret - 3 min  - vu 450 fois

ECONOMIE. VINS : Une taxe qui sent le vinaigre…

 

Le Sénat examine actuellement la possibilité d'une taxe sur les bouteilles de vins. Si l'objectif de santé publique est affiché par les parlementaires, la fédération des Vignerons Indépendants du Gard y voit surtout une mesure nuisible à leur image pour combler les déficits publics.  

Chusclan, Vignoble de la vallée du Rhône.

Les viticulteurs ont de quoi avoir la gueule de bois… Le Sénat, à travers la MECSS (Mission d'Evaluation et de Contrôle de la Sécurité Sociale), planche actuellement sur la mise en place d'une fiscalité dissuasive dite "comportementale" sur les bouteilles de vin. Ce liquide tantôt rosé, blanc lumineux ou rouge passionné caressent le palais de plus de 70% des Français!

Actuellement, la fiscalité sur la bouteille de bibine s'élève à 4 centimes d'euros, contre 36 centimes pour la bière et 1,90 euros pour les spiritueux. L'augmentaiton pourrait s'élever à 10% selon les sénateurs. La taxe atteindrait  alors entre 30 et 60 centimes d'euros, soit 1,3 à 2,7 milliards d'euros de recettes supplémentaires pour l'Etat. Délectable.

Objectif affichée de cette mesure : faire baisser la consommation des Français en sucre, tabac, graisses, et surtout en alcool, qui cause chaque année 49 000 morts. Le vin est l'alcool que les Français boivent le plus : 59% de leur consommation d'alcool, contre 16% pour la bière et 25% pour les spiritueux.

Dans la région Languedoc-Roussillon, première région viticole de France par la surface (236 000 hectares soit 18 000 exploitations), la piste suscite déjà une levée de boucliers de la part des professionnels du secteur. Joint par nos soins, Agnès Payan, administratrice de la fédération des vignerons Indépendants du Gard et Joël Forgeau, président de Vin et Société, voient surtout dans ce projet, une mesure financière nuisible à leur image.

"Si cette mission devait établir un lien entre santé et taxation, elle stigmatiserait alors l’image du vin, et donc un peu celle de la France. (…) . Concernant le pertinence de la mesure : les Gardois appèlent à regarder "nos voisins européens : la Suède, le Danemark et la Finlande ont augmenté les taxes sur les boissons alcoolisées mais malheureusement les buveurs excessifs ont été parfaitement insensibles à la hausse du prix (…)  En réalité, celle-ci entraîne même un report de consommation vers des produits de qualité inférieure, illicites ou addictifs".

Subterfuge fiscal ?

Pour  Agnès Payan et Joël Forgeau, seules "l’éducation, la valorisation d’une consommation modérée et de plaisir, et surtout la mise en œuvre de programmes ciblés sur les populations vulnérables devraient être des priorités, discutées par toutes les parties prenantes". Et de soulever "le dernier baromètre Ifop « les Français et le vin »", où "89% des personnes interrogées pensaient qu’une nouvelle taxe sur le vin serait motivée par des raisons financières, l’Etat cherchant de nouvelles recettes dans un contexte économique difficile".

Son de cloche similaire chez les économistes de la santé. Dans le JDD, ces derniers estiment à l'unisson "qu'augmenter faiblement les taxes ne sert à rien sauf à rapporter des recettes fiscales". Ce nouveau projet sous le quinquennat Hollande n'est pas sans rappeler le plan de rigueur 2011, dans lequel le gouvernement Fillon avait décidé de taxer les alcools forts et la bière, pour réduire les déficits.

La MECSS se donne quelques jours pour auditionner les acteurs de la filière viticole. Ces derniers, qui représentent 500.000 emplois et 7,6 milliards euros d'excédents commercial se feront une joie de leur donner leur avis. A votre santé !

Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com

Coralie Mollaret

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