Publié il y a 10 ans - Mise à jour le 14.06.2013 - tony-duret - 2 min  - vu 811 fois

NÎMES : Le combat de toute une famille autour d'un père, d'un mari, condamné pour viol

De gauche à droite, Béatrice Monteil, Alain et Alexandre (les fils d'Alain) et Bernard Legrand, un ami de la famille

« Je ferai tout pour sortir mon mari de prison et pour que la vérité éclate ». Les larmes aux yeux, Béatrice Monteil, une femme d’une grande dignité, n’a jamais été aussi proche de voir son mari, Alain Monteil, sortir de l’enfer dans lequel il a été plongé il y a dix ans.

Tout commence en 2003, le 21 mars précisément. Deux des cinq enfants du couple déposent plainte contre leur père, boulanger au Cailar. Le motif de la plainte est terrible : Alain aurait violé ses enfants vingt ans plus tôt. Un coup de massue dans cette famille sans histoires. L’enquête commence. Mais celle-ci est bancale, du moins discutable comme le font savoir aujourd’hui Rémy Nougier, l’avocat d’Alain Monteil et Roland Agret, président de l’association Action Justice et expert en erreur judiciaire puisqu’il a lui-même été condamné à tort dans les années 70/80. « Dans ce dossier, c’est un soi-disant mauvais père qui frappe ses enfants mais il n’y a aucune plainte ni aucun acte médical. Les expertises psychologiques sont à charge. L’instruction est H2O : incolore, inodore et sans saveur. Au niveau de l’enquête, on ne peut pas dire que les commissions rogatoires ont afflué », charge Roland Agret.

Après cinq ans d’une enquête qui voit se succéder trois juges d’instruction, Alain Monteil comparaît devant la cour d’Assises du Gard pour « viol par ascendant » sur trois de ses enfants. En juin 2008, un jury populaire donne son verdict et condamne l’homme à dix ans de prison. Mais, fait exceptionnel, aucun mandat de dépôt n’accompagne la sentence. Autrement dit, le condamné ressort libre de l’audience. « Je suis sidéré ! », lance Roland Agret qui confie n’avoir jamais vu ça et qui voit là comme « une deuxième chance pour la cour d’Appel » donnée à Alain. Rémy Nougier, l’avocat, est tout aussi perplexe : « Mon client n’a pas fait une minute de garde à vue. Le dossier, surprenant, est monté de toutes pièces. Les enquêteurs ont apporté au juge un dossier clé en main ».

Maître Rémy Nougier, à gauche et Roland Agret

En juin 2010, Alain Monteil comparaît en appel devant la cour d’Assises d’Avignon. Le verdict est plus sévère : douze ans de prison. Et cette fois, l’homme est incarcéré. Comme depuis le début, il continue de clamer son innocence. Mais, son salut va venir de sa femme Béatrice. Dans son commerce, ses amis lui conseillent de contacter  Roland Agret et son association Action Justice. C’est ce qu’elle fait en 2012 et les soutiens d’Alain Monteil, à force de persévérance, obtiennent une décision rarissime : que la commission de révision des condamnations pénales ouvre à nouveau le dossier. L’élément nouveau qui a permis cette réouverture de l’enquête est la plainte de l’une des filles d’Alain pour « subordination de témoin ». Selon cette dernière, la principale et désormais seule accusatrice, la fille aînée du boulanger, aurait influencé son frère le jour de sa plainte. « Elle avait préparé la déposition de plainte de son petit frère pour qu’il la recopie », fait savoir Roland Agret.

« Maintenant, explique Maître Nougier, on va faire en sorte que tous les éléments soient examinés et que les expertises soient faites. On va demander des auditions et des confrontations. Et surtout, on va demander la mise en liberté de mon client pour des raisons médicales ». Demain, comme tous les samedis, Béatrice Monteil ira tenir compagnie à son mari au parloir. Peut-être pour la dernière fois.

Tony Duret

tony.duret@objectifgard.com

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