Publié il y a 10 ans - Mise à jour le 07.07.2013 - stephanie-marin - 3 min  - vu 471 fois

PORTRAIT DU DIMANCHE L'Alésien Madjid Mezghenna veut être le président de l'Algérie

Madjid Mezghenna, 67 ans, se présentera à la prochaine élection présidentielle algérienne en 2014. Photo DR/S.Ma

"Je veux être président." Cette phrase, lorsqu'elle est lancée à la va-vite par l'un de nos chers bambins, peut prêter à sourire. Parce que être président, c'est presque inaccessible. Les candidats sont bien nombreux pour cette seule place d'élu. "Je veux être président". Quand c'est un adulte qui, pesant chacun de ces mots, annonce ce souhait, le regard change se faisant plus perçant, les yeux se plissent et examinent avec une certaine indiscrétion celui vient de parler. Notamment lorsque cette personne n'est pas connue dans le monde de la politique. Madjid Mezghenna, un Alésien âgé de 67 ans, est de ces gens-là. Il vient tout juste d'annoncer sa candidature à l'élection présidentielle algérienne prévue en avril 2014. Serait-il fou, illuminé, inconscient ? Pas du tout, voilà un homme qui observe de loin le pays où il est né, l'Algérie, et qui se demande "Pourquoi ?" "Pourquoi le pays est-il dans une telle détresse économique ? Pourquoi les jeunes diplômés ou non, se jettent-ils dans des barques de fortune pour fuir le pays ? Pourquoi l'Algérie ne se développe-t-elle pas comme les pays européens alors qu'elle en a les capacités ?" Et c'est parce que Madjid Mezghenna s'est souvenu de ce proverbe souvent repris par le poète et homme politique Aimé Césaire "Quand tu ne sais pas où tu vas, rappelle-toi d'où tu viens", qu'il a décidé de s'engager pour "donner à l'Algérie, un autre avenir". "Je sais que je m'engage dans une lutte très difficile mais je ne désespère pas. Les pressions ? Il faut s'y attendre, mais c'est pareil dans tous les pays du monde." Peu importe, il veut aller au bout de son projet de son envie comme il l'a toujours fait. Madjid Mezghenna est une force de la nature qui a valdingué de l'Algérie jusqu'à la France en 1949 avant de revenir sur sa terre natale en 1963. Entré à l'Académie militaire interarmes de Cherchell dans la wilaya de Tipaza, il reçoit son diplôme en 1965 et devient officier de marine à Brest. Infecté par un virus (plaque d'urticaire géante), le jeune militaire est alors rapatrié en Algérie. Il est réformé. Bien loin de se laisser aller, Madjid Mezghenna entre dès lors dans l'enseignement et devient même directeur d'une école primaire. Puis en 1973, il revient à Alès et entame une carrière dans le bâtiment. Il commencera manœuvre pour finir chef de chantiers avant de changer à nouveau de domaine et de devenir chauffeur-routier.

"J'ai des ambitions et des axes de travail"

Regardant par la fenêtre de son appartement situé aux Près-Saint-Jean, le sexagénaire pense déjà aux 5 000 signatures qu'il devra collecter pour valider sa candidature. "J'y crois, j'ai des ambitions et des axes de travail." L'homme qui est né dans le village de Toudert (dans la commune de Bouhamza) à l'est de l'Algérie en 1947, n'a aucune étiquette. Il compte même créé son propre parti qu'il souhaite nommé L'Union algérienne pour la justice et le développement. "Je veux défendre la démocratie. Aujourd'hui, l’État à la main mise sur tout et décide de tout, moi je veux décentraliser le pouvoir dans les assemblées départementales par exemple et donner plus de moyens aux maires pour leur permettre d'exercer sans qu'ils n'aient de pression. Quant à la Justice, encore trop liée à l’État, je souhaite qu'elle soit indépendante."

Côté développement, l'Alésien veut mener une politique industrielle forte "afin de créer de l'emploi. Ce n'est pas normal que nos jeunes diplômés partent à l'étranger pour travailler. Et cette politique industrielle ne pourra être performante que si l'on prend en compte la transition énergétique et si on travaille sur les énergies renouvelables et propres. On ne peut plus compter sur les hydrocarbures." Madjid Mezghenna a aussi pensé au tourisme. Générateur d'emplois et d'apport économique pour le pays, le tourisme pourrait permettre à l'Algérie de renaître de ses cendres. "Depuis les années noires (1980-2000) engendrées par le terrorisme, les gens ne veulent plus venir en Algérie. Il faut leur donner envie de revenir en créant de nouvelles infrastructures tout en prenant en compte l'écologie."

Le dossier est travaillé, il ne reste plus qu'à convaincre maintenant.

Stéphanie MARIN

stephanie.marin@objectifgard.com

Stéphanie Marin

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