Publié il y a 10 ans - Mise à jour le 27.07.2013 - stephanie-marin - 3 min  - vu 332 fois

INSOLITE "La joyeuse galère" du Festival d'Avignon. Reportage...

Depuis le 8 juillet, la Gardoise Christiane Tortosa et de nombreux bénévoles de la compagnie Artsprod diffusion, tractent sans relâche dans les rues d'Avignon. Photo DR/S.Ma

1 258 spectacles. Trois semaines de représentations. Des milliers d'affiches à accrocher et tout autant de flyers à distribuer. Des litres de sueur versés en foulant le pavé brûlant des rues. Voilà l'enfer du Festival d'Avignon Off. Et à quelques jours de la fin de cet événement à la renommée internationale, c'est la scène la plus difficile qui se joue. Les comédiens continuent à déambuler à l'intérieur des remparts pour attirer le spectateur. Le sourire est là mais les traits sont tirés, les yeux sont cernés et le pas se fait un peu plus lent. Conséquences de la fatigue et de la chaleur étouffante. La comédienne Christiane Tortosa, venue de Manduel pour incarner Gervaise, le personnage emblématique de l’œuvre d'Emile Zola, L'Assommoir,  accuse elle aussi le coup. "C'est vrai que lors de la dernière semaine, on compte le nombre de représentations à donner, s'amuse-t-elle. Malgré la fatigue, il faut rester vif et bien présent sur scène. C'est une joyeuse galère."

Depuis le 8 juillet, Christiane Tortosa et son équipe de la compagnie Artsprod diffusion basée à Manduel, sont installés au Théâtre Au bout là-bas, situé dans une petite rue étroite d'Avignon, à deux pas de la rue des Lices. Tous les jours, à 16h40, la comédienne se glisse dans la peau de Gervaise Macquart, une femme au grand cœur mais à l'existence douloureuse, qui se laisse dévorer par les autres et l'alcoolisme, le tout sur fond de misère sociale. L’œuvre est plutôt sombre et détonne avec les centaines de One (Wo)Man Show qui pullulent au cœur du Festival. La venue en masse des jeunes humoristes de la bande à Ruquier, en est le plus bel exemple. "Il y a de la place pour tout le monde" tente de tempérer Christiane Tortosa même si elle a du mal à justifier la présence de comédiens qui n'ont déjà plus rien à prouver, comme Patrick Timsit, Thierry Lhermitte ou encore Clémentine Célarié pour ne citer qu'eux. "Avant le Festival d'Avignon, c'était un festival de créations. Les compagnies venaient pour se faire connaître, rencontrer le public et aussi des programmateurs pour pouvoir jouer le reste de l'année." A Jeff Gaffet, son directeur artistique de reprendre. "Maintenant, ce n'est que du business. Certains viennent ici pour rôder leur spectacle avant de partir en tournée."

"Il faut compter 10 000 euros et nous ne sommes pas subventionnés !"

Un bien triste constat qui n'a cependant pas gâché le Festival de la petite et toute jeune compagnie de théâtre gardoise. Comme l'an dernier, Hé ! Toi Gervaise... a su séduire le public. "En 2012, pour notre premier festival, notre salle de 47 places a été remplie à 80%. Cette année, nous devrions être dans le même pourcentage" confie la comédienne. Une bonne chose puisque au delà de l'aspect artistique, il faut bien entendu prendre en compte l'aspect financier. Faisons le calcul : La location de la salle de théâtre, l'impression de 5 000 affiches et 10 000 flyers, les repas, le décor, les comédiens, les techniciens... "Il faut compter 10 000 euros et nous ne sommes pas subventionnés !" C'est une somme, mais grâce à leur succès, en 2012, la compagnie a pu équilibrer ses comptes. Mieux encore, elle avait décroché deux contrats avec des programmateurs pour des représentations dans deux collèges du Gard.

Le Festival de la compagnie Artsprod diffusion en chiffres

10 000, en euros le budget global

5 000, le nombre d'affiches accrochées dans Avignon et 10 000 flyers distribués

47, le nombre de places de leur salle de théâtre

Des centaines d'heures à fouler le pavé pour distribuer les flyers

31 juillet, date de la dernière représentation de Hé ! Toi Gervaise... au Festival d'Avignon

2014, l'année du renouveau. La compagnie pourrait revenir à Avignon présenter un nouveau spectacle. La décision devra être prise en septembre.

Huit ans, l'âge d'un jeune spectateur venu voir la pièce et qui a remercié la comédienne en dessinant sur le livre d'or des petits cœurs.

Stéphanie MARIN

stephanie.marin@objectifgard.com

Stéphanie Marin

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