Publié il y a 10 ans - Mise à jour le 17.08.2013 - stephanie-marin - 3 min  - vu 540 fois

ALÈS Indira toujours au combat : "De la parole de la victime dépend l'avenir du violeur"

Indira Henni se bat pour libérer la parole des victimes d'abus sexuels. Photo DR/S.Ma

Le sujet ne prête pas à rire. Mais peut-on rire de tout ? L'éternelle question. Car parfois, derrière les sourires se cachent les pires traumatismes. Et ce sont ces traumatismes et ces blessures qu'Indira Henni, auteur et professeur de chant à l'école associative Les Voix d'Or à Alès, veut faire éclater au grand jour. Ce dont on n'ose jamais parlé par peur, par honte, que l'on souhaite enfouir au plus profond de soi espérant un jour les oublier, mais on n'oublie jamais.

"Tard, il n'est jamais trop tard pour dévoiler ce grand secret qui vous hante depuis des années. Mettre au grand jour vos peines et vos souffrances, votre vie brisée pour toujours quand on vous vole votre enfance, une fois pour toutes, Laissez-moi parler..." Si les mots "viol" ou "abus sexuels" ne sont jamais prononcés, c'est bien pour donner une chance à ces victimes, qu'il y a huit ans, Indira a écrit cette chanson "Laissez-moi parler" (Aussi le nom de l'association, cliquez ici). Un texte sans violence, "parce que j'ai voulu rester optimiste, donner une douceur à la brutalité du sujet", posé sur une composition musicale de Rick Allison et Lara Fabian, qui n'a pour seule ambition que de libérer la parole. "Il faut que les victimes, enfants, adolescents et même adultes, parlent et dans l'instant, qu'elles n'attendent pas" lance Indira Henni interprétant cette délivrance comme un devoir envers soi-même et les autres aussi même si on le sait bien, le prédateur, "le bourreau" comme le surnomme Indira, joue avec la manipulation, usant d'un chantage affectif insoutenable, pour enfermer leur(s) victime(s) dans le mutisme. "Mais de la parole de la victime dépend l'avenir du violeur."

En décembre 2011, la chanson interprétée par Lisa-Marie, 12 ans (aujourd'hui 13) et déjà pleine de talent, devient un single que Indira distribuera dans toutes les écoles et les collèges du Gard. "C'est un vrai projet pédagogique. Avec cette chanson, les professeurs peuvent engager un débat avec leurs élèves. Il faut parler de ces choses-là aux enfants, sans toutefois tomber dans la psychose, mais ils doivent savoir que ça existe. Et puis, on sait que les victimes quand elles parlent de leur histoire, c'est très souvent dans un milieu extérieur au domaine familial, à l'école par exemple." Si dans le Gard, Indira n'a pas eu de retour direct de son projet, partout en France, des personnes la contactent via le réseau social Facebook pour lui commander un CD. Mieux encore et c'est là le but de ce combat acharné, des jeunes femmes ont libéré leur parole. "Un premier pas nécessaire dans un périple qui sera long et périlleux" se désole Indira qui s'offusque de voir toujours exister dans les textes de loi français la prescription dans le cadre des affaires portant sur les agressions sexuelles. "Rendez-vous compte, un enfant violé dans sa minorité, à partir de ses 18 ans, il a 20 ans pour parler, après cette période la plainte n'est plus valable. Pour les majeurs au moment des faits, ils ont 10 ans. Quand on sait le temps que ça prend pour qu'une victime trouve le courage de parler, c'est une véritable aberration qu'il faut abolir."

Dès le mois de septembre, Indira inondera à nouveau le Gard mais aussi la France entière de ses CD "et après je viserai tous les pays francophones. Ce combat, j'en ai fait mon quotidien. Je veux que ces violences cessent, que l'on arrête de briser des vies."

Stéphanie MARIN

stephanie.marin@objectifgard.com

Stéphanie Marin

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