Publié il y a 10 ans - Mise à jour le 15.09.2013 - coralie-mollaret - 2 min  - vu 419 fois

PORTRAIT DU DIMANCHE. Le photographe Edouard Elias face à l'objectif

Crédit photo : Sylvain Leser/HAYTHAM PICTURES. - Sylvain Leser / HAYTHAM PICTURES

Vive émotion à Saint-Quentin-la-Poterie après l'enlèvement en Syrie, il y a trois mois, d'un enfant du village : le photographe Edouard Elias. A travers le regard de ses proches, Objectifgard brosse le portrait d'un jeune homme têtu, véritable témoin de l'Histoire. 

"On aurait pu l'enfermer dans une cage, il aurait rongé les barreaux pour partir", assure un proche du photographe Edouard Elias, enlevé il y a trois mois en Syrie. Ce pays du Proche-Orient, plongé depuis trois ans dans une guerre civile qui a fait plus de 100.000 morts, selon les Nations Unies. Agé de seulement 22 ans, le jeune photographe s'est risqué à vivre au rythme des bombes et autres fusillades. "Après son premier voyage en Syrie, une fois à l'aéroport, il m'a lancé : 'ça fait quand même du bien de ne plus surveiller le ciel".

Le goût pour le risque, l'amour des horizons étrangers, Edouard l'a depuis tout petit. Son enfance, il l'a passe aux côtés de ses parents dans la capitale du tourisme égyptien, Charm el-Cheikh. "On lui a appris à régler les problèmes avec les contacts humains plutôt qu'avec des papiers", rajoute une de ses amies. Ce n'est qu'à l'âge de neuf ans qu'Edouard rentre dans le Gard, sa terre natale. Elève intelligent mais peu travailleur, il réalise son parcours scolaire à Saint-Quentin-la-Poterie et Uzès, avant de déménager à Montpellier, pour suivre une école de commerce. Le sens du négoce, Edouard l'a dans le sang. Un héritage de son père, qui tenait une petite affaire en Egypte. Mais très vite, c'est une autre passion qui parcourt les veines du jeune homme : la photographie. Exposés, petit films et autre montages photos… Il réalise tout ce dont ses camarades ont besoin. Si bien que la première année terminée, il décide de prendre le large, direction Nancy pour suivre des cours de photo à l'école Conde.

Frontière. La première année se déroule sans encombre. Comme devoir de vacances, son professeur lui demande de réaliser un petit reportage photo. Edouard, qui n'est pas retourné dans le monde arabe depuis de nombreuses années, décide alors de s'envoler pour la Turquie afin de photographier des camps de réfugiés syriens. Arrivé sur place, la tentation est trop grande. Persuasif - un autre héritage de son père italien-, Edouard parvient à convaincre des journalistes américains et français pour passer la frontière et les suivre en Syrie. Le moment est historique, sa chance est unique.

Loin d'être un long fleuve tranquille, le pays de Bachar-El-Assad s'apparente davantage à une marre de sang où rebelles et partisans du régime s'affrontent sans relâche. C'est ce tableau que dépeint dans ses clichés le jeune photographe indépendant, tout juste rentré à Paris. Quelques jours plus tard, ses photographies seront prises par Paris Match. Pas mal pour une première…

Après quelques nouvelles rencontres, Edouard décide de retourner en Syrie. La théorie de son école de Nancy ne parait plus follement attrayante à côté du pragmatisme de la vie active et de l'adrénaline syrienne… Edouard Elias sera enlevé le 6 juin, avec le grand reporter Didier François, alors qu'ils tentaient de rejoindre Alep, haut lieu de la contestation syrienne.

Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com

Coralie Mollaret

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