ALÈS Redonner vie aux cépages oubliés avec Henri Malosse
Ils sont connus sous les noms d'Isabelle, Othello, Noah, Jacquez, Clinton et Herbemont. Pourtant considérés à l'époque comme des sauveurs face au redoutable insecte phylloxera qui ravageait les vignes, ces six cépages ont été classés impropres à la consommation et interdits de vente en 1935. Les associations des Fruits oubliés à Saint-Jean-du-Gard et des Mémoires de la vigne en Ardèche œuvrent pour leur réhabilitation.
Assainir le marché des vins, c'est la raison pour laquelle ces six cépages à l'origine d'une surproduction indésirable ont été interdits par la loi. Fruits d'un croisement entre vigne européenne et vigne américaine, ils sont "la première génération d'hybrides et les cépages hybridés sont l'avenir de la viticulture" lance Hervé Garnier, de l'association des Mémoires de la vigne. Parfois réputés pour rendre fou selon certaines légendes rocambolesques, ces cépages décriés sont peu à peu tombés dans l'oubli, même si certains amateurs ont continué leur petite production familiale.
Ce vendredi 22 novembre, à l'occasion de la venue du président du Comité économique et social européen Henri Malosse à Alès, les associations des Fruits oubliés et des Mémoires de la vigne ont apporté leurs cépages, en bouteille... et en plants ! Symboliquement, le président qui s'est dit "très attaché au territoire" a mis en terre, devant le centre de Pomologie, l'Isabelle, l'Othello, le Jacquez et le Clinton. Son costume-cravate ne l'a pas gêné pour s'employer à la tâche, sous l’œil attentif des producteurs présents, des représentants des associations et des personnalités politiques locales.
"Nous souhaitons réhabiliter ce verger qui permet à n'importe quel amateur de faire son vin de consommation courante" expliquait Christian Sunt, le fondateur des Fruits oubliés. "Ces cépages n'ont aucun danger, contrairement à ce qui a été largement dit par la propagande. Nous nous inscrivons dans une démarche nationale pour une fédération des vins modestes qui ne le sont pas dans leurs qualités nutritionnelles. Nous ne voulons pas concurrencer les appellations !" Dès la semaine prochaine, une pétition nationale devrait être relayée dans ce sens. Henri Malosse a répondu que "l'Europe doit toujours être source de solutions et pas de problèmes. Les règlements sont faits pour être changés". À travers son geste, "symbolique et ironique", il espère "encourager à simplifier la réglementation et l'adapter à la réalité".
Elodie BOSCHET
elodie.boschet@objectifgard.com
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