FILM Marcel Trillat vient témoigner à Alès de la liquidation des fonderies
Ce soir, à partir de 18h15 au Prolé, le réalisateur Marcel Trillat présente le film "Silence dans la vallée", récit de la disparition de la fonderie de Nouzonville dans les Ardennes et de la révolte de ses ouvriers.
Impossible de ne pas faire le parallèle avec la douloureuse histoire de la fonderie alésienne Tamaris Industries, liquidée en avril dernier. C'est d'ailleurs ce que souhaite le mouvement alésien "Ensemble" - inscrit sur la liste du Front de gauche menée par Jean-Michel Suau - à l'initiative de cette projection et de la venue ce soir du réalisateur Marcel Trillat, qui est aussi le directeur adjoint de l'information à France 2. Sorti en 2007, le film raconte les mésaventures des ateliers Thomé-Génot, qui employait 317 salariés dans les Ardennes avant d'être liquidés à l'automne 2006. Alors qu'ils étaient les premiers fournisseurs de pôles d'alternateurs pour les géants de l'automobile Valéo et Visteon Ford, leur rachat par une société américaine va ruiner leur activité et détruire leurs emplois. "C'est une situation tout à fait symbolique de ce qui se passe en France" commente Marcel Trillat. "À Nouzonville, 30 ans plus tôt, il existait une quarantaine d'entreprises, très actives. Quand j'y suis allé en 2006, il n'en restait plus que deux et je me suis dit : ça vaut le coup d'essayer de faire un film dans cette ville".
Chose dite, chose faite. Lorsque le tournage se déroule, l'entreprise est en pleine explosion. Reprise par un fonds d'investissement américain, les nouveaux dirigeants "sont des patrons voyous". "Nous sommes face à un nouveau capitalisme, avec des gens qui ont la bourse pour seule obsession, mais pas du tout la création de richesses. Ils ont acheté cette usine pour la plier : ils vendent les meubles, les bijoux de famille et partent avec la caisse. Sans foi ni loi" raconte avec hargne Marcel Trillat pour présenter son documentaire.
La fonderie anéantie, le bruit des pilons ne résonnent plus et le silence s'installe dans la vallée sidérurgique, comme ce fut le cas pour la fonderie alésienne, laissant là aussi des ouvriers désemparés, dont la lutte pour préserver leur outil de travail fut acharnée. Pour Marcel Trillat, la réalisation de ces films documentaires consacrés au monde ouvrier (Trois cents jours de colère, Les Prolos et Silence dans la vallée), est sa manière à lui de militer, "de montrer ce qui se passe". "Ici ou là, les gens aiment bien se réunir, regarder ce genre de film puis refaire le monde après, et cela m'amuse toujours de voir comment les gens réagissent" conclut-il. C'est sûr, les spectateurs ne vont pas sauter au plafond.
Elodie Boschet
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