Publié il y a 10 ans - Mise à jour le 07.03.2014 - eloise-levesque - 3 min  - vu 355 fois

SAINT DEZERY. Rencontre avec le dernier maire de la commune ... pour le moment !

Frédéric Platon, maire sortant de Saint Dézéry veut raccrocher après 3 mandats consécutifs.

La réforme du scrutin municipal impose désormais que tous les candidats soient inscrits en préfecture pour être élu. Cependant, au lendemain de la clôture des inscriptions officielles,  64 communes en France n'ont présenté aucune liste. Ces dernières ne voteront donc pas au 1er tour. Dans le Gard, dans le pays d'Uzès, c'est le cas de Saint Dézéry, 393 habitants. Rencontre avec le maire sortant, Frédéric Platon, 70 ans, qui refuse de briguer un 4e mandat.

Né en 1944, fils de viticulteur, Frédéric Platon arrive dans le Gard en 1978 et s'engage rapidement au conseil municipal de Saint Dézéry. Il y effectue 3 mandats comme conseiller de l'opposition avant de se présenter en 1995 comme tête de liste. 19 ans plus tard, le socialiste, réélu à deux reprises au fauteuil de maire, veut raccrocher. "J'y pense depuis des années. Déjà en 2008, j'hésitais à rempiler. Mais une seconde liste s'était présentée et ça m'avait remotivé. On me critiquait, on me disait que j'avais mis la commune dans le rouge. Il fallait bien que je me défende! J'ai donc fait du porte à porte pour démentir et je suis passé à presque 70%...", affirme t-il. Avant d'expliquer les raisons de son départ : "Aujourd'hui, je suis fatigué. Etre maire est une grande responsabilité, même dans une petite commune. Dès qu'il y a le moindre problème, comme un nid de poule sur la route, on vient vous voir. Sans compter que les procédures sont lourdes et qu'on est sans cesse critiqué. Si les habitants se garent n'importe où, notre devoir est de leur mettre des PV. Ils ne le comprennent pas. Enfin, je veux profiter de mes enfants et de mes quatre petits-enfants qui grandissent vite. Chaque fois qu'ils veulent que l'on fasse des activités ensemble, je dois aller à une réunion et c'est de plus en plus pesant. J'en ai longuement discuté avec eux". De fait, le maire a également la casquette de vice-président de l'agglomération d'Uzès en charge des finances, et de vice-président du syndicat d'électrification intercommunal. Un emploi du temps chargé qui laisse peu de temps à la vie de famille. "Si je quitte mon fauteuil de maire, j'abandonne par ricochet ces postes. Mais ça ne me fait pas pas peur. Je me remettrai au sport, mes raquettes de tennis m'attendent depuis un bon moment".

Pas si sûr... 

"En prenant cette décision, j'ignorais que la mairie se retrouverait dans cette situation étrange. En 2008, lorsque je me suis présenté, il y avait une liste d'opposition. Je pensais donc que mes détracteurs de l'époque profiteraient de mon départ en 2014", assène t-il. Le village est donc potentiellement en sursis... Un second tour pourra être organisé si de nouveaux candidats se présentent pour un dépôt de candidature en préfecture ou sous-préfecture les lundi 24 ou mardi 25 mars, mais rien n'est moins sûr.

"J'ai fait trois mandats en tant que conseiller municipal, mais c'est fini aujourd'hui. J'ai plus de 70 ans et ma femme refuse que je m'engage à nouveau", précise Edmond Cleizergues, ancien élu de l'opposition. De leur côté, les habitants semblent peu motivés à "sauver" la commune. "J'habite ici depuis l'âge de 5 ans. Ce serait dommage de tomber dans les mains d'un autre village. Mais un maire a beaucoup de responsabilités et les gens sont réticents", observe Mireille, qui réside à deux pas de l'hôtel de ville. "Je me présenterais bien en tant que conseiller mais je n'habite ici que depuis 3 ans. Pour être maire dans un petit village, il faut connaître tout le monde", avance Michel. Même les actuels adjoints campent sur leur position : "Si je rempile, mes adjoints me suivront, mais ils ne veulent pas du fauteuil. Une personne s'est manifestée mais elle s'est inscrite trop tard sur les listes électorales. Elle ne peut pas voter ici", affirme Frédéric Platon qui commence sérieusement à se poser des questions.

En effet, si aucune liste n'est déposée pour le second tour, le préfet nommera une « délégation spéciale » qui devra gérer provisoirement les affaires courantes. Passé un délai de trois mois, si aucun candidat ne se manifeste, le préfet peut en dernier recours dissoudre la commune. Dans ce cas elle serait tout simplement rattachée à une commune voisine. "Je réfléchis", reconnaît le maire sortant.

Eloïse Levesque

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