Pas facile de se lâcher devant l'objectif d'un appareil photo... Alors sous couvert d'anonymat, les Nîmois que nous avons rencontrés ce matin expliquent volontiers leur vision de la politique et du second tour des municipales. Il faut dire, que les unes des journaux portant sur le rocambolesque dépôt de liste de la gauche, hier soir (lire ici), ont alimenté les commentaires les plus fleuris.

C'est le cas de Gérard qui, devant son four à pain peste vivement : "oh, ils feraient mieux de se mettre d'accords dès le départ. Regardez Fournier, il a présenté sa liste au premier tour et pour le deuxième tour, il n'a rien changé. On garde le même cap. La gauche est instable, vous vous rendez compte : si je vous dis aujourd'hui que mon croissant coûte 0,90 centimes et demain qu'il vaut 1 euro… Ce n'est pas normal".

Un peu plus loin, les discussions de comptoir battent leur plein dans l'écusson. Mesurée ou très souvent exagérée, chacun y va de sa petite analyse. Derrière son demi, Eric certifie : "voilà comment on se retrouve avec une triangulaire (quadrangulaire pour Nîmes, NDLR). A gauche on est pas d'accord et à droite on accorde  nos violons avant l'élection faisant croire à tout le monde que tout va bien… Les gens en ont marre, ils veulent des politiques responsables, plus honnêtes et compétents". "Oh, moi je pense que toute cette histoire à gauche va avantager Fournier : deux listes, c'est la défaite assurée pour eux", glisse un autre client, les oreilles grandes ouvertes.

Une gauche sans leader

A deux pas de là, dans un autre café, Bruno développe sa théorie : "je suis sûr qu'il y aura au moins six conseillers municipaux FN pendant le prochain mandat. Et là, ça va faire du bruit ! Aujourd'hui, l'opposition est inefficace. Elle sert simplement à voter des délibérations".

Près de lui, le serveur est virulent sur les politiques locaux : "il y en a marre, il faut les sanctionner. C'est un bordel pas possible". "Sanctionner ?", lui répond son client "moi, voter FN, je trouve que c'est le degré zéro de la réflexion".

Si ce matin certains déçus de gauche ne savent toujours pas pour qui ils voteront, d'autres plus exaspérés, reste vaguent quant à leur éventuel vote FN au second tour. "Attention, la gauche est éclatée aujourd'hui, mais en 2020, tu verra ça sera la droite. Qui va succéder à Fournier à la mairie ? Lequel de ses adjoints ? Le problème, c'est qu'avant la gauche était sous le leadership d'Alain Clary. Aujourd'hui, aucun successeur ne lui a été trouvé", poursuit Bruno. Sur cette dernière affirmation, seul le temps pourra la confirmer ou l'infirmer…

Coralie Mollaret