Publié il y a 10 ans - Mise à jour le 09.04.2014 - eloise-levesque - 3 min  - vu 552 fois

FAIT DU JOUR. Ingrid Bazin, chercheuse d'avenir à l'Ecole des Mines d'Alès

Pour la 3e année, la Région Languedoc-Roussillon a mis en place une bourse « Chercheur(se)s d’avenir » dont l’objectif est de soutenir des projets de recherche d’excellence, portés par de jeunes chercheurs de moins de 38 ans. 19 lauréats ont été récompensés, dont une gardoise de l'Ecole des Mines d'Alès. Interview.

Objectif Gard : Concrètement, en quoi consiste le projet pour lequel vous avez reçu une bourse de 40 000€ ?

Ingrid Bazin : L’objectif de ce projet est de mettre au point une méthode moins chère que celles utilisées actuellement pour détecter l’herbicide le plus vendu au monde, le glyphosate et son métabolite l’AMPA. La ressource la plus surveillée car la plus précieuse, l’eau, en contient de plus en plus. Pour ce faire il faut en premier lieu développer un élément biologique pouvant « capter » ces pesticides pour ensuite les détecter. Les peptides remplaceront les anticorps et seront développés de façon à pouvoir se lier avec les pesticides cibles, choisis avec une grande affinité. Une fois le peptide développé, l’étape suivante consistera à mettre au point un test rapide utilisable sur le terrain. Ce test qui prend la forme d’une bandelette émettra de la lumière en présence des pesticides choisis (glyphosate et AMPA).

O.G : Quel sera l'impact de cette étude sur la région ?

I.B : Ce projet m'a été commandé par BRL, qui gère le réseau de distribution de l'eau à Nîmes. Si mon étude aboutit, d'ici 2 ans, ils pourront faire des tests plus rapides et donc plus économiques et sûrs pour la santé des habitants. Ils pourront adapter le traitement pour lutter contre les glyphosates. Développée par Monsanto, cette molécule n'aurait dû être toxique que pour les plantes, mais elle l'est aussi pour tous les êtres vivants. Même ce n'est aujourd'hui pas la plus nocive, c'est la plus présente.

O.G : Il s'agit de chimie verte?

I.B : Oui. Dans ce cas, il s'agit de faire de la recherche pour lutter contre des effets secondaires que l'on avait pas pu analyser au départ. On fait la même chose avec les médicaments. C'est une branche qui se développe de plus en plus.

O.G : Etes-vous militante, ou s'agit-il d'une étude comme les autres?

I.B : Je viens du médical. Je travaillais auparavant dans la cancérologie. On m'a appelé a Alès pour mes connaissances dans le bio-médical et j'ai accepté. Il est vrai que je suis aussi militante, car je tiens à préserver la santé de mes enfants. Même si je sais que le trop bio n'est pas bon non plus. Si on estime que ce que je fais est utile pour l'environnement, je le fais.

O.G : Qu'est ce que cette bourse va vous apporter?

I.B : Je vais embaucher un post-doctorant pendant un an avec l'argent que je vais recevoir. J'en ai besoin car je travaille seule actuellement. Mais c'est également une reconnaissance scientifique pour l'école. Elle montre ainsi qu'elle a une place dans la région. Ça nous positionne. Le Gard existe et il faut le montrer. Je suis d'autant plus fière que moins de projets ont été sélectionnés cette année, et que les critères étaient resserrés.

O.G : Justement, vous venez de la région parisienne et vous vous êtes installée il y a 7 ans à Alès pour le travail. Que pensez-vous de cet ancien bassin minier qui, lui aussi, cherche son avenir?

I. B : Quand je suis arrivée ici, j'ai d'abord cherché un appartement à la Grand'Combe, et la pauvreté m'a choquée. Pourtant, le bassin a un incubateur, une école d'ingénieurs, des entreprises comme Vitocontrol qui se développent, il a du potentiel. Il ne faut pas que les gens fuient leur région. Ils doivent voir ce qui se passe ailleurs mais revenir pour apporter quelque chose. Je pense qu'Alès doit oser s'ouvrir à l'extérieur, c'est l'une des conditions clé de son développement. En septembre dernier, lors de la 18e édition des rencontres Transfrontalières "Capteurs et Biocapteurs", j'ai insisté pour ce congrès ait lieu à Alès, car c'est l'endroit où nous travaillons, et il n'y avait aucune raison pour que ça se fasse ailleurs. Les chercheurs sont venus jusqu'ici et étaient ravis.

Eloïse Levesque

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