FAIT DU JOUR. Institut d'Alzon : la dictée doit-elle être réformée ?
Au sein de l'institut D'Alzon, la question fait doucement sourire… Professeur de français depuis une vingtaine d'années dans l'établissement privé, Bénédicte Paulet, s'est penchée pour Objectifgard sur le souhait de l'Education nationale de mettre en place "une évaluation positive" de la dictée. Concrètement : trois groupes d'erreurs seraient ciblés comme l'accord groupe nominal, l'accord groupe verbal et l'orthographe lexicale. En corrigeant, le professeur repèrerait les erreurs mais aussi les réussites. Le ministère entend adoucir les évaluations "descendantes" qui plombent selon lui la copie et découragent les élèves.
"Un non évènement"
"Il n'y a rien de nouveau sous le soleil. C'est même pour moi un non évènement", réagit Bénédicte Paulet. Pragmatique, l'enseignante explique : "lorsque nous réalisons un exercice, cela arrive que nous ne comptions qu'une fois les erreurs de majuscule ou de ponctuation. On se débrouille toujours pour valoriser l'effort de l'élève".
D'ailleurs, les premiers résultats semblent peu concluants… Expérimentés sur 1.500 copies au dernier brevet des collèges dans les académies de Poitiers et Crétiel, la notation positive n'a pas provoqué une augmentation des notes, qui reste très relative. " Vous savez, il n'y a pas que la dictée pour s'exercer en orthographe, nous faisons aussi beaucoup de dictée à trou ou écrie des textes, même si malheureusement, nous manquons de temps", fait remarquer la Nîmoise.
Alors, la question sur la réforme ou non de la dictée aura au moins eu le mérite de braquer les projecteurs sur les jeunes : "en 6ème, le niveau des élèves en orthographe est faible en majorité. Certains élèves n'ont pas compris le fonctionnement de la langue. Mais attention, certains sont excellents ! Il ne faut pas tous les mettre dans le même panier". En cause, selon l'enseignante en collège et lycée : "une évolution de la société qui englobe beaucoup de choses (…) Ce n'est pas que je veuille pousser les femmes à rester à la maison, mais avant elles faisaient les devoirs à leurs enfants. Les professeurs s'appuyaient sur cette aide ".
Enfin, Bénédicte Paulet pointe la "culture du zapping" dans laquelle s'est engouffrée notre société moderne : "et cela ne touche pas que les jeunes, des adultes, des journalistes et des maisons d'édition font de plus en plus d'erreurs. Ce ne sont plus de simples coquilles mais des fautes d'orthographe". Et de se souvenir avec une légère pointe d'indignation dans la voix : "j'ai reçu un jour une lettre d'un avocat. Il y avait des fautes notamment sur l'accord des participes passés…". Riche, la langue de Molière n'en demeure pas moins l'une des plus complexes qui déteindra toujours ses farouches défenseurs.
Coralie Mollaret
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