FAIT DU JOUR. François Martin, du journaliste engagé à l'engagement politique
C'est autour d'un café, à la Grande Bourse place des Arènes que nous retrouvons François Martin. Ce lieu quasi incontournable pour le microcosme politique nîmois, malgré ses chaises usées par les nombreux postérieurs, plus ou moins célèbres, qui les ont caressées.
"Je suis né à Grenade en Espagne, mon grand-père a fuit le régime franquiste. Arrivé en France, j'ai été naturalisé, c'est la même histoire Manuel Valls", plaisante l'ancien journaliste, histoire de détendre l'atmosphère avant d'entrer dans le vif du sujet. Le vif, l'ardent, le presque indicible : c'est le grand saut du journaliste dans le monde politique. "Oh, vous savez, cette décision ne s'est pas faite subitement. Elle a été murement réfléchie", se justifie François Martin, comme si les raccourcis et rumeurs diverses à son sujet, polluaient déjà assez son quotidien.
"J'avais des relations avec les hommes politiques, mais ce n'est pas pour autant que j'allais manger avec eux", se souvient François Martin
Journaliste pendant 37 ans à Midi Libre, rien ne prédestinait l'étudiant montpelliérain à suivre un tel parcours. CPE dans un collège, François Martin prend goût à l'écriture en pigeant pour L'Indépendant de Perpignan. Un canard local, racheté quelques années plus tard par le géant Midi Libre. "Au fur et à mesure de remplacements, j'ai été embauché… Aujourd'hui, c'est vrai que ce n'est plus aussi facile", raconte-t-il.
Nous sommes dans les années 80. La France entière a soif d'information, de scoops et d'opinions pour alimenter ses interminables débats. Le papier ? La Bible des érudits mais aussi des citoyens désireux de s'informer sur leur quotidien. Au fil des années, le journaliste François Martin gravit les échelons quatre à quatre de son entreprise de presse pour se retrouver chef d'agence à Bagnols puis à Nîmes. "A l'époque, nous devions gérer quatre éditions à Nîmes et nous étions une grosse équipe de 50 personnes", se souvient-il, à l'instar des accrochages mais aussi des moments de franche rigolade et d'émotions qui ponctuent le quotidien des journalistes.
Rédacteur en chef à Montpellier, François Martin et son équipe soulèvent plusieurs lièvres , notamment autour de l'ancien président de la région du Languedoc Jacques Blanc : "cela nous a valu une perquisition et dans nos bureaux", et un allez (-retour, NDLR) au commissariat. Avec une appétence particulière pour la politique, François Martin entretient des relations précieuses avec ses responsables sans pour autant, s'en approcher de trop près : "j'ai toujours su garder mon intégrité. j'avais des relations avec les hommes politiques, mais ce n'est pas pour autant que j'allais manger avec eux".
"J'avais fait le tour au conseil général. J’ai voulu étendre mes prérogatives… (...) Aujourd'hui je ne veux pas polémiquer",
Pourtant, un soir d'hiver 2012, la vie du journaliste se meurt pour donner vie à celle d'un homme politique. Loin d'imprimer son minois hâlé sur les affiches électorales, François Martin se mue en homme de l'ombre. "Damien Alary, vice-président de la région, m'avait approché pour le rejoindre au conseil général et devenir, comme vous le dites, sa plume. J'avais de l'expérience, un épais carnet d'adresses. Il aimait aussi mon style. Le président du conseil général est un homme qui aime les discours, je savais qu'on allait se régaler", poursuit François Martin. Alors, après avoir pesé le pour et le contre, François Martin revient en terre nîmoises, certes moins libre mais proche de sa famille qu'il avait laissé.
Les mois passent, quant un autre homme politique avec qui il entretient "des relations amicales", l'invite à rejoindre ses rangs. C'est Yvan Lachaud, le président UDI du Gard alors en campagne aux côtés de Jean-Paul Fournier pour devenir président de Nîmes Métropole. Revendiquant sa "liberté", la plume de Damien Alary s'envole un vendredi pour convoler avec Yvan Lachaud. Inutile de dire que sa démission à fait grand bruit au cinquième étage du conseil général. "J'avais fait le tour au conseil général. J'ai voulu étendre mes prérogatives… Mais je ne regrette en rien cette expérience et je ne veux pas polémiquer".
Aujourd'hui, en charge des grands projets pour l'agglomération, François Martin est le bras droit de l'exécutif. Conseiller politique, il donne son avis sur les délibérations et la constitution des équipes et leurs délégations. N'évoquez surtout pas son grand écart droite-gauche qui pour lui, est très surfait dans le monde politique actuel. Alors, la carte de journaliste toujours dans le portefeuille, cet ancien journaliste s'offre un nouveau départ et bien malin celui qui pourrait prédire le prochain tournant de sa vie… Si tournant il y a !
Coralie Mollaret
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