ALES - ANTI-CORRIDA Récit d’une journée sous haute tension
Ce devait être LA manifestation anti-corrida. Campagne d’affichage en 4x3 à l’entrée de la ville, des milliers de tracts distribués, des cars remplis de manifestants venus de toute la France et de l’étranger (Italie, Suisse, Belgique)…
« Corrida, basta! »
Les organisateurs espéraient, et ont annoncé, 5000 manifestants. Très optimiste pour les forces de l’ordre, qui en ont compté… 1400. Pour mémoire, l’année dernière la manifestation avait rassemblé 1200 personnes.
Pour prévenir tout débordement éventuel, 300 policiers et CRS ont été déployés en plus des policiers municipaux. Un lourd dispositif qui a rappelé un souvenir au président du CRAC Europe Jean-Pierre Garrigues : « la dernière fois qu’il y a eu un tel dispositif sur Alès, c’était pour la visite du président Sarkozy. » Ce même Jean-Pierre Garrigues indiquera également qu’un hélicoptère allait survoler la manifestation, hélicoptère qui n’a jamais fait, à notre connaissance, son apparition.
Rassemblés depuis la fin de la matinée, les manifestants ont démarré leur cortège un peu après 14 heures. Un cortège rythmé par les sirènes, sifflets, pétards et autres chants (« Corrida, basta ! ») ainsi que par plusieurs arrêts pour s’adresser aux passants. Des moments choisis par Jean-Pierre Garrigues pour égratigner Max Roustan, « un cynique » ou Manuel Valls, « l’aficionado numéro un du pays » à la tête « d’une dictature tauromachique ».
« Le préfet a triché »
Il faut dire que Jean-Pierre Garrigues et les manifestants n’ont pas digéré de voir leur plan partiellement contrarié : plusieurs dizaines d’anti-corrida (224 selon la préfecture, 120 d’après la rumeur) avaient prévu d’assister à la corrida de cet après-midi, et avaient donc acheté des places.
Des places dont les numéros ont été repérés, et leurs acheteurs se sont vus interdits d’accès aux arènes par arrêté préfectoral. De quoi faire dire au Jean-Pierre Garrigues que « le préfet a triché. Nous sommes victimes d’une présomption de culpabilité. » Malgré tout, une dizaine d’anti-corrida ont réussi à pénétrer dans les arènes, et ont été rapidement évacués après avoir scandé des slogans.
Brève échauffourée devant l’animation vachettes
Malgré les multiples appels au calme, parfois entrecoupés de propos plus menaçants (« ne jetez pas des pierres, sinon ça va très mal se passer »), lancés par Jean-Pierre Garrigues du haut d’une camionnette, une brève échauffourée s’est produite à hauteur de la basse place Péri, au niveau des petites arènes. Les manifestants ont choisi de faire une halte sur les lieux alors que le concours de vachettes, qui attire beaucoup d’adolescents, se déroulait. Même s’il ne s’agissait aucunement de corrida, les insultes ont fusé, et des fumigènes ont été lancés sur les participants à l’activité de la féria. Les forces de l’ordre ont dû intervenir et le cortège a repris sa marche, sous les insultes et les doigts d’honneur.
La manifestation a par la suite retraversé le Gardon, pour passer par les quais Jean-Jaurès et Kilmarnock, avant de remonter la grande rue Jean-Moulin et de faire une halte d’une demi-heure sur la place Gabriel-Péri. L’occasion pour les organisateurs de prendre la parole, le porte parole de la fondation Bardot Christophe Marie dénonçant « un blocage gouvernemental sur la question de la corrida », et la porte-parole de l’association L214 formulant un voeu pieux : « est-ce qu’on va arriver à empêcher cette corrida ? Je l’espère de tout coeur. »
Des barrières enlevées et un sitting improvisé
Le cortège s’arrêtera à quelques centaines de mètres des arènes du Tempéras, à hauteur de la clinique Bonnefon. Quelques échauffourées rapidement contrôlés éclateront, des barrières seront enlevées. Quelques minutes après, vers 18 heures, une cinquantaine de manifestants choisira de faire fi des consignes et de passer par le Gardon, avant de grimper par la digue et de bloquer la sortie de la ville en faisant un sitting improvisé. Les forces de l’ordre seront obligées d’intervenir pour libérer le passage une demi-heure après, dans une ambiance très tendue.
Finalement, après des négociations entre le directeur adjoint de la sécurité publique du Gard Yannick Janas et les dirigeants du CRAC Europe, la manifestation se dispersera vers 19h45. Principal point sensible du fait de la présence de manifestants à proximité, la sortie des arènes s’est déroulée dans le calme.
Prochaine étape : la novillada de demain matin pour laquelle Jean-Pierre Garrigues a incité les manifestants à prendre leur place. Mais ils ne seront sans doute que peu nombreux, les forces de l’ordre nous ayant confirmé que la plupart des manifestants étaient ce soir sur le point de repartir d’Alès en car.
Thierry ALLARD
thierry.allard@objectifgard.com
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