Publié il y a 9 ans - Mise à jour le 12.08.2014 - eloise-levesque - 3 min  - vu 1162 fois

ALÈS Un futur complexe commercial sur une zone inondable?

Ghislaine Soulet, conseillère municipale Front de Gauche à la mairie d'Alès. Eloïse Levesque/Objectif Gard

Une enquête publique est actuellement ouverte à Alès pour créer un complexe commercial sur les bords du Gardon. Cependant, le terrain concerné est dans une zone inondable et une bataille juridique est en cours. Ghislaine Soulet, conseillère municipale de l'opposition, appelle la mairie à organiser une réunion publique pour mieux informer la population. 

L'affaire a des allures de roman photo. La légèreté en moins. Un projet de centre commercial "Porte Sud"  près de Renault, sur les rives du Gardon à Alès, est dans les tiroirs depuis 2007. Mais le terrain choisi par le promoteur Claude Dhombres est dans une zone inondable, classée en "aléa fort" par un arrêté de l'Etat signé en 2010 (voir carte ci-dessus). "L'aléa fort signifie un risque de plus de 50cm d'eau en cas de crue, mortel pour un individu qui se fait emporter", assure Ghislaine Soulet, conseillère municipale et consultante en urbanisme.

Un combat entre l'Etat et la ville

A la suite de la contestation de la Foncière de France, le tribunal administratif de Nîmes annule ce classement en 2012, arguant qu'il n'y a pas de risque de rupture de digue, et que le terrain reste 20 cm au dessus des plus hautes eaux. "En référence, ils ont pris uniquement la crue de 2002, non celle de 1958 où les eaux étaient plus hautes", s'insurge la militante Front de Gauche. De fait, quelques mois plus tard, le Ministère de l'écologie fait appel de ce jugement, qui est toujours en cours.

En parallèle, une demande de permis de construire est retoquée successivement par le Tribunal administratif de Nîmes en 2009, la cour d'appel de Marseille en mai 2012, puis par le Conseil d'Etat en octobre 2013. Ce dernier estimant que la distance entre les différents bâtiments était insuffisante pour permettre une bonne évacuation du public en cas de forte crue.

Cartographie de la ville en cas de rupture de digue, éditée par l'Etat. La zone concernée pourrait être inondée par plus de 50cm d'eau. DR

Mais la mairie persiste et signe. Elle soutient que ce terrain n'a pas été inondé en 2002 et que les bâtiments seront construits à 1,21m au-dessus des plus hautes eaux du Gardon relevés en 2002, ce qui rend leur submersion impossible par une inondation. "L'eau se déplacera sur les terrains avoisinants comme la Prairie", soutient l'opposante.

En juillet dernier, la municipalité lance donc une enquête publique pour abroger le plan local d'urbanisme en vigueur. "En lançant cette enquête, la mairie anticipe un jugement en sa faveur. Mais personne n'a la certitude qu'elle va l'emporter face au Ministère", rappelle ironiquement l'élue. De son côté, le Préfet a réagit le 10 juillet en interdisant simplement toute construction sur cette zone. "C'est une bagarre entre l'Etat et la ville. Le premier veut bien faire évoluer son jugement si une étude sérieuse est mise sur la table. La seconde décide d'agir sans accord préalable", insiste Ghislaine Soulet.

Sortir de l'opacité

Ce matin, aux bords du Gardon, la conseillère de l'opposition, soutenue par des associations écologistes de St-Hilaire, a appelé à la prolongation de l'enquête publique qui se tient jusqu'au 22 août, et à l'organisation d'une réunion publique. "L'enquête a été mise en place en été, pendant que tout le monde est en vacances. Les Alésiens et les habitants du bassin ont le droit de savoir ce qui se passe. Tous les documents sont en ligne et disponibles à l'hôtel de ville, mais c'est incompréhensible. Moi qui suis du métier, j'ai mis trois jours à comprendre les enjeux de ce dossier. La mairie et le promoteur doivent expliquer leur entêtement à la population. Il faut simplement sortir de l'opacité".

Contactée par Objectif Gard, la mairie d'Alès n'a pas répondu à nos sollicitations.

Eloïse Levesque

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