CRIME EN ÉTÉ Condamné à mort pour meurtre, son nom est "personne"
Mai 1874. Henri Fournier, colporteur, est retrouvé gisant à quelques kilomètres d'Aigues-Mortes, dépouillé de ses biens. Il décédera quelques jours plus tard, après avoir dressé un portrait de son agresseur. Un suspect sera rapidement inquiété. Jamais on ne connaîtra son nom.
Un matin de mai 1974, le garde du canal de Beaucaire trouve par hasard sur le chemin du halage un homme laissé pour mort, le visage tuméfié et dans l'impossibilité de se relever. Il s'agit d'Henri Fournier, colporteur. Il a été agressé avec une pierre puis dépouillé de ses vêtements et de son argent. Entre deux, le malfrat avait tenté de le noyer avant de le cacher sous une touffe de tamaris. Admis à l'hôpital, il meurt trois jours plus tard. Mais il a eu le temps de donner quelques indices sur son agresseur.
L'homme est grand et fort, les cheveux grisonnants, il porte une cicatrice sur la joue gauche et il a été amputé de son majeur gauche. Un indice précieux pour les gendarmes qui trouvent, grâce à un signalement et des témoignages, deux hommes du village avec cette particularité. Rapidement, leur regard se tourne vers celui qui se fait appeler François Terrier. Sa maîtresse, la veuve Bouteille, avoue l'avoir vu préparer un couteau et l'avoir entendu se vanter de vouloir faire un sale coup.
Un homme que tout accuse
Le procureur lance une enquête jusqu'à La Rochelle et apprend qu'il a déjà été condamné pour vol, vagabondage, outrages et rebellions envers des agents de la force publique. Sa photo est dans son dossier et est bientôt distribuée dans tous les chefs-lieux de la contrée. Terrier est arrêté près de Montélimar, après avoir été signalé par un aubergiste. Il dit s'appeler Pierre Décidiot et nie tout en bloc. Mais son signalement correspond parfaitement. Et même si l'agression a été perpétrée avec une pierre, le fait qu'il ait un couteau volé en sa possession ne joue pas en sa faveur.
Le 19 novembre, à l'ouverture de son procès, il refuse de décliner son identité, son âge et son lieu de naissance, tout en continuant de clamer son innocence. Les déclarations de la veuve Bouteille prouvera, selon le jury, la préméditation. Le verdict est sans appel. Le prétendu Terrier aura la tête tranchée sur une place de Nîmes. Ce sera la dernière exécution publique dans la capitale gardoise.
Avant de mourir, il déclarera devant la foule : "Je meurs sans dire mon nom parce-que je suis créole. Et un créole n'a qu'une parole. Je n'ai pas voulu déshonorer mes enfants. Adieu".
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