Publié il y a 9 ans - Mise à jour le 30.09.2014 - thierry-allard - 3 min  - vu 196 fois

L’ÉCO DU MARDI Marcoule : l’Institut Européen d’Hydrométallurgie, un projet innovant « aux enjeux très importants »

Vue d'artiste de l'IEH (CEA)

En partenariat avec les CCI de Nîmes et d’Alès-Cévennes, Objectif Gard vous offre, chaque mardi, un focus sur la situation économique du Gard. Place ce mois-ci à la thématique du nucléaire

Vous ne savez peut-être pas de quoi il s’agit, et pourtant vous en avez autour de vous, peut-être même dans votre poche. Ces métaux, appelés terres rares, nous entourent dans notre quotidien, puisqu’ils sont présents dans bon nombre de produits électriques et électroniques, comme les smartphones, tubes de néon ou encore batteries des voitures électriques.

Or comme leur nom l’indique, ils sont rares et produits à plus de 80 % en Chine. « Il y a eu une prise de conscience nationale autour de ces matières stratégiques, note Philippe Guiberteau, directeur du commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) de Marcoule. Aujourd’hui, il faut que l’on puisse se positionner pour être autonomes sur ce point. »

« Nous avons une expertise »

C’est là que l’Institut Européen d’Hydrométallurgie, qui va voir le jour en 2016 dans le cadre du Plan de valorisation des sites industriels (PVSI) sur le PRAE Marcel Boîteux aux portes de Marcoule, entre en jeu. Un jeu dans lequel le nucléaire est prépondérant : « Nous avons développé des technologies de chimie extractive dans le domaine du nucléaire, plus précisément le traitement des combustible usés, pour Areva, explique Philippe Guiberteau. Aujourd’hui nous avons une expertise sur ces sujets, et l’idée est que nos procédés de chimie séparative nous permettent de séparer et valoriser les terres rares. »

En bref, l’IEH va permettre la récupération de ces matériaux aussi bien dans les minerais que dans les déchets technologiques. De quoi briser le quasi-monopole de la Chine, et contribuer à limiter l’impact environnemental des nouvelles technologies, vu que l’extraction et le raffinage des terres rares entraînent souvent des rejets toxiques.

L’IEH, projet unique en Europe, verra donc le jour ici dans le Gard, et ce n’est pas un hasard pour Philippe Guiberteau : « il va permettre de valoriser ces compétences uniques, développées à Marcoule. Ici nous avons 200 chercheurs, dont 17 experts internationaux sur ces questions », et ainsi s’intégrer à l’écosystème de Marcoule, qui compte notamment l’Institut de Chimie Séparative (ICSM).

« Quelques dizaines d’emplois directs » créés dans un premier temps

Le 17 juillet dernier, la région Languedoc-Roussillon signait un accord de partenariat avec le CEA pour le lancement de la première tranche du projet correspondant à une première plateforme, dite de bas débit. Cette plateforme comprendra un bâtiment de 2 000 mètres carrés équipé de laboratoires, pour un montant de 8,5 millions d’euros. Une deuxième tranche, comprenant une plateforme haut débit verra le jour « fin 2017 » d’après le directeur du CEA Marcoule, pour « quelques dizaines de millions d’euros », afin de passer à une plus grande échelle — « juste en dessous de l’usine » précise Philippe Guiberteau.

Le 17 juillet dernier, le directeur du pôle énergie nucléaire du CEA Christophe Behar et le président de la région Christian Bourquin signaient le partenariat permettant la création de l'IEH (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

« Les enjeux sont très importants » confirme-t-il, et se comptent d’ores et déjà en milliards, alors que le cours de certains de ces métaux rares a grimpé de façon exponentielle ces dernières années et que la fabrication de smartphones et de voitures électriques croît.

D’un point de vue plus local, Philippe Guiberteau estime que l’IEH va permettre de créer « quelques dizaines d’emplois directs » sur sa plateforme bas débit, puis « une centaine » sur sa deuxième plateforme.

"Mieux se connaitre pour mieux se grouper !"

Pascal MOREL, Président de Cyclium connaît bien le sujet : "Notre territoire du Gard Rhodanien a développé depuis ces 60 dernières années un savoir-faire autour de l’industrie nucléaire qui est précieux. A cause de cela et grâce à cela, les TPE sont là pour développer des niches de compétences qui viendront en appuis au Majors de la profession et porteurs des gros marchés".

Lui qui a associé ses compétences avec d'autres rappelle que "le schéma économique industriel d’avenir est l’association de compétences. Cyclium cartographie et accompagne la mutation de ses entreprises adhérentes à la filière du nucléaire. Mieux se connaitre pour mieux se grouper !"

Enfin, Henry Douais Président de la CCI Nîmes conclut «  Il faut rassembler les entreprises autour de projets d’avenir et les coordonner dans la mise en place de filières porteuses, voilà notre véritable mission. Membre fondateur du PVSI, la CCI Nîmes concrétise son engagement par exemple en organisant les rendez-vous "cible affaires" lors des 2èmes assises du démantèlement le 9 décembre à Laudun. Adhérer à PVSI, c'est être partie prenante des projets de cette filière d'avenir pour notre territoire. Nous devons avoir une démarche collective pour qu’ensemble la réussite soit au rendez-vous… et le PVSI en est un formidable exemple ».

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

Rendez-vous la semaine prochaine à la même heure pour un nouveau numéro de l’Eco du Mardi consacré ce mois d'octobre au Bâtiment. 

Thierry Allard

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