Publié il y a 9 ans - Mise à jour le 13.11.2014 - eloise-levesque - 2 min  - vu 132 fois

ALÈS L'artiste de la faim glace le Cratère

L'artiste de la faim entame son 39e jour de jeun. DR

Le Cratère d'Alès accueillait hier soir "La sortie de l'artiste de la faim", adaptation de la pièce de Tadeusz Rozewicz, inspirée de l'oeuvre de Kafka. Une mise en scène pétrifiante de finesse d'un homme mort de l'intérieur.

Ernest est un artiste de la faim. Il jeûne pendant 40 jours et se met en scène dans une cage, au regard des passants. Si autrefois son art attirait de nombreux badauds, tel une bête de foire dans un parc animalier, ce n'est plus le cas aujourd'hui. La société a changé et la curiosité malsaine a laissé place à l'indifférence moqueuse.

L'artiste de la faim n'a pas mangé ni bu depuis plus de trente jours, son corps est prostré. Il serait prêt à succomber pour exercer son art. Par orgueil pensent certains. Mais est-il capable de vivre autrement? Dans cet état de semi mort, livide derrière sa vitre, Ernest se sent libre. Pourtant, plus personne ne prête attention à lui. Parce qu'il fait désormais partie de paysage. Parce que l'homme socialement occidentalisé siècle n'a plus de pitié que pour lui-même. Il a une vie à mener, des enfants à mettre au monde, et des bières à boire.

Avec cette pièce, Nicolas Oton, metteur en scène habitué du Cratère, ne ménage pas ses spectateurs. De l'univers froid de la boucherie au teint morbide de l'artiste en passant des gardiens grossiers qui dévorent de la viande crue avec délectation, le décor nous glace le sang. On est même à la limite du vomissement. Un travail minutieusement pensé et réfléchi. Les jeux de lumière mettent parfaitement en exergue la dichotomie entre les deux mondes que l'on voit évoluer devant nous, et qui ne de rejoindront jamais. Excepté peut-être quand une femme portera un regard sensuel sur Ernest, l'homme.

La pièce est rythmée et touche à son but : mettre le public mal à l'aise avec un artiste déchu poignant de vérité qui a perdu toute raison de vivre, faire de la nourriture un objet d’écœurement pour dénoncer la société de consommation. Difficile toutefois de sortir de la salle avec admiration, tant la mise en scène est difficile à digérer.

Eloïse Levesque

Prochaines représentations au Cratère : 

- Jeudi 13 novembre à 19H00

- Vendredi 14 novembre à 20H30

- Mardi 18 novembre à 20H30

- Mercredi 19 novembre à 20H30

- Jeudi 20 novembre à 19H00

Eloïse Levesque

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