Publié il y a 9 ans - Mise à jour le 18.11.2014 - tony-duret - 3 min  - vu 201 fois

FAIT DU JOUR Les idées reçues sur l’Euro balayées par le directeur départemental de la Banque de France

Nicolas Resseguier, directeur départemental de la banque de France. Photo Tony Duret / Objectif Gard

A l’heure où la crise financière frappe la France, les idées reçues et les contre-vérités sur l’Euro explosent. Certains hommes politiques, très patriotes, évoquent le retour au Franc comme solution miracle pour régler tous les problèmes. Nicolas Resseguier, directeur départemental de la Banque de France, a repris point par point tous les grands thèmes des europhobes. Le résultat est surprenant…

L’Euro est en crise ?

AU CONTRAIRE ! « La preuve, explique Nicolas Resseguier, on n’arrête pas d’entendre que l’Euro est trop fort. Depuis cet été, il est un peu redescendu. Mais s’il était en crise, il serait très faible or il est actuellement à 1,25 dollar, ce qui est convenable. Vous savez, les pays compétitifs ne sont pas ceux qui ont une monnaie faible ».

Depuis le passage à l’Euro, les prix ont augmenté

CERTAINS OUI… MAIS PAS DANS L’ENSEMBLE ! « En se basant sur l’Indice INSEE que personne ne conteste, la hausse des prix est environ de 2% par an. C’est comme avant. Mais je reconnais qu’il y a un véritable écart entre ce que les gens ressentent et l’inflation réelle. Je l’explique par la hausse considérable de certains produits courants comme le café. Si vous allez boire un café dans un bar, il a pris +45% depuis le passage à l’euro ! Les pommes, c’est +65%, la baguette +27%. Mais, dans le même temps, d’autres produits, moins visibles parce qu’on les achète plus rarement, ont baissé. Pensez aux écrans plats, aux téléphones portables. Souvenez-vous des prix ne serait-ce qu’il y a dix ans. Par ailleurs, les repères sont brouillés. Les gens ne se souviennent plus exactement des prix. Dans les conférences que je donne, je parle souvent du fantasme de la baguette. Beaucoup de gens pensent qu’elle est passée de un franc à un euro. Or, on l’achetait environ 4 francs. Enfin, la faible hausse des salaires depuis une vingtaine d’années pèse sur le pouvoir d’achat ».

Le retour au Franc règlerait le problème de la dette ?

CE SERAIT PIRE ! « Sortir de l’Euro serait suicidaire. Il y aurait une double peine : notre monnaie serait dévaluée donc la dette vaudrait encore plus chère. La deuxième peine concernerait les taux d’intérêt qui augmenteraient considérablement parce que les prêteurs seraient méfiants. Oui, on trouvera toujours des prêteurs mais les taux atteindront 20%. Aujourd’hui, les taux d’intérêt en France sont extrêmement bas, à 1,16%. Les Anglais, régulièrement cités en exemple par les europhobes, sont à 2,18%. C’est 2,36% aux Etats-Unis. Il faut savoir que le point d’écart entre les Anglais et nous (1,16% - 2,18%), c’est concrètement 3 milliards d’impôts supplémentaires ! Enfin, pour rappel, à l’époque du Franc, on nous prêtait à 7% ».

L’Euro doit être dévalué 

PAS SPECIALEMENT ! « Savez-vous quand a eu lieu la dernière dévaluation voulue ? C’était en 1958. Depuis, les gouvernements de gauche comme de droite se sont succédé. Si la dévaluation est si extraordinaire que ça, pourquoi ne l’a-t-on pas fait depuis ? Il faut arrêter avec le mythe de la dévaluation. Et puis, ça ne se décrète pas comme ça ».

Le retour au Franc permettrait aux entreprises d’être plus compétitives 

FAUX ! « Pour la compétitivité des entreprises, il ne faut pas miser sur le prix mais sur l’innovation. Les Allemands, par exemple, qui ont le même taux de change que nous, vendent autant qu’ils achètent aux Chinois. Simplement parce qu’ils sont innovants. Pour la France, c’est environ 1/3 d’exportation pour 2/3 de produits Chinois importés ».

Les Anglais, qui n’ont pas l’Euro, s’en sortent mieux que nous

A QUEL PRIX ! « En 2011-2012, les Anglais ont supprimé 500 000 emplois publics. Serait-on prêt à un tel sacrifice en France ? Alors oui, la croissance au Royaume-Uni est de 3% mais, dans un premier temps, il y a un effet de rattrapage. En 2009, par exemple, la récession était de 5% contre 2% chez nous. Les Anglais ont également fait des choix sociaux de précarité comme le contrat 0 heure. On remplace des chômeurs par des pauvres ».

La France a aidé la Grèce alors qu’elle n’en n’avait pas les moyens

UN BON PLACEMENT ! « D’abord, il faut le rappeler, l’aide à la Grèce ne nous a rien coûté. On est caution, c’est tout. Je vais même vous dire, ça nous a plutôt rapporté de l’argent. Les investisseurs se sont tournés vers des pays plus sûrs comme la France. En quelque sorte, on a profité des problèmes des autres. C’est connu : au royaume des aveugles, les borgnes sont rois ! »

Pour ceux qui voudraient en savoir plus, Nicolas Resseguier donnera une conférence le mercredi 26 novembre à 18h sur le thème :"L'Euro je t'aime, moi non plus". La conférence se déroulera au Forum Ville Active Bât A - 32, rue Robert Mallet Stevens à Nîmes.

Tony Duret

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