Publié il y a 9 ans - Mise à jour le 24.11.2014 - thierry-allard - 3 min  - vu 992 fois

FAIT DU JOUR Le projet de centre commercial de Laudun divise

Le plan du projet inclus dans la modification du PLU (DR)

Le projet de l’agrandissement du U Express de Laudun, qui serait accompagné de boutiques, ne fait pas l’unanimité.

Ainsi, ils étaient une petite quinzaine vendredi soir réunis dans l’arrière boutique de l’épicerie Vival de la rue de la République. 13 commerçants venus du centre de Laudun ou de l’Ardoise, du libraire à la buraliste, en passant par le boucher ou encore l’agent immobilier, bien décidés à ne pas laisser pousser ce nouveau centre commercial derrière la cave coopérative.

« C’est la mort d’un bourg »

« On a peur que ça vide le centre-ville », explique Justine Vinois, co-gérante du Vival. « Aujourd’hui, on se bat pour préserver les commerces. Sinon, c’est la mort d’un bourg », estime Magali Rubegue, qui co-gère le Vival avec sa fille.

Les commerçants réunis vendredi sont clairs : ils ne sont pas contre l’agrandissement du Marché U, mais contre la galerie marchande qui doit l’accompagner. Ils craignent déjà de voir partir la pharmacie, mais aussi la Poste.

« La Poste n’a pas l’intention de quitter son emplacement actuel. Ils n’y trouveraient pas leur compte », affirme le maire Philippe Pécout. Le premier magistrat rassure : « Mon souci est de ne pas avoir de pertes de commerces au sein même du bourg de Laudun. On a un ou deux commerçants intéressés, mais c’est une volonté personnelle de leur part. » A ceux qui ont peur de voir les commerces déserter le centre pour s’implanter dans ce nouveau centre, Philippe Pécout répond qu’« on pourra aussi voir la création dans le centre de commerces nouveaux, avec de nouvelles enseignes. »

De toute façon, le maire rappelle que « le projet proprement dit n’est pas encore connu dans les détails », et la modification du Plan Local d’Urbanisme n’a été votée que le 14 octobre dernier, à l’issue d’une enquête publique. Quant au permis de construire, il n’a pas encore été déposé, et le projet doit passer devant la Commission Départementale d’Aménagement Commercial. Ce devrait être fait au cours du premier trimestre 2015.

« L’enquête n’a pas été faite en catimini »

Le conseiller municipal d’opposition Yves Cazorla, parle quant à lui de « passage en force ». Pour lui, « le projet d’agrandissement du magasin est nécessaire, mais on le fait dans des conditions qui ne sont pas acceptables. »

Selon Yves Cazorla, la concertation d'une durée d'un an et demi qui a précédé l’enquête publique aurait été menée en catimini : « c’est le moins que l’on puisse dire, nous n’avons pas de preuves qu’ils ont informé les gens. »

Fabienne, qui vient d’ouvrir sa boutique de vêtements, abonde dans ce sens : « je suis venue m’installer et on ne m’a rien dit. Si j’avais su ça, je ne serais pas venue à Laudun. »

Des accusations balayées par Philippe Pécout, qui affirme que « l’enquête n’a pas été faite en catimini, elle a été publiée, ouverte, on n’a pas fait ça dans un coin. » Reste que le commissaire-enquêteur a rendu un avis défavorable au projet, avis que le maire a choisi de ne pas suivre. « Le commissaire-enquêteur a fait un certain nombre de remarques, notamment l’exploitation d’une partie de terrain agricole qui diminue la surface agricole communale. On a engagé de pouvoir reporter sur un autre secteur aujourd’hui en friche. »

Quant aux « problèmes liés aux riverains et au commerce local, tout ça s’anticipe », affirme le maire. Ainsi, un registre sera à disposition des laudunois en mairie à partir du 1er décembre, et des réunions vont être organisées avec le porteur de projet « pour adapter au mieux le projet », indique Philippe Pécout.

« Au niveau perspectives d’évolution, j’étouffe ici »

Le pharmacien Michel Daubas ne s’en cache pas, il veut rejoindre le futur centre commercial : « Au niveau perspectives d’évolution, j’étouffe ici, que ce soit en termes de taille, d’accessibilité de la rue ou du stationnement. » De plus, il précise que « la profession évolue, on va devoir faire de plus en plus de mini consultations médicales qui nécessitent un réaménagement des locaux, c’est l’occasion. » Son autre pharmacie, à Aimargues, a été transférée dans un centre commercial à l’été 2013, « ce qui a multiplié sa fréquentation par 3. »

Pour autant, le pharmacien « comprend » les commerçants opposés au projet. « Mais on ne peut pas nier l’attractivité des centres commerciaux et des places de parking », tempère-t-il.

Pour le libraire de la rue de la République, le problème des places de parking est récurrent : « en 20 ans de mandat, Patrice Prat en a supprimé beaucoup. Aujourd’hui c’est très difficile de se garer dans le centre-ville. » De quoi donner un avantage concurrentiel potentiellement décisif au centre commercial.

Le libraire et les autres commerçants présents vendredi soir envisagent de déposer un recours gracieux et ont décidé de demander « urgemment » un rendez-vous avec le maire pour répondre à leurs inquiétudes, avant de prévenir : « s’il ne nous reçoit pas, on est prêts à venir en force. »

Le centre commercial de Laudun doit voir le jour d’ici la fin 2016, seulement, précise Philippe Pécout, « si tout se passe bien. »

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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