Publié il y a 9 ans - Mise à jour le 14.12.2014 - thierry-allard - 4 min  - vu 883 fois

LES ANGLES Une cérémonie et une polémique pour inaugurer la nouvelle caserne de pompiers

Les officiels ont coupé le ruban avant les discours (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Le nouveau centre de secours des sapeurs pompiers des Angles a été inauguré hier après-midi dans une ambiance pour le moins tendue.

D’un coût de 3,7 millions d’euros pris en charge par le SDIS du Gard, ce nouveau centre desservit depuis le 6 octobre les communes des Angles, Aramon, Domazan, Saze, Pujaut, Rochefort-du-Gard, Lirac et Tavel, les communes de Villeneuve et Sauveterre restant sur la zone du centre de secours de Villeneuve.

« Depuis la mise en service du centre, nous avons effectué plus de 400 opérations »

Après une cérémonie de la Sainte-Barbe comportant notamment la remise d’une médaille au docteur Georges-Louis Compère pour 25 ans de services et la traditionnelle coupure de ruban, les officiels ont pris la parole.

Le Dr Compère reçoit sa médaille (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Le chef du centre le capitaine Eric Vial a ainsi rappelé que « tous les véhicules et le personnel (61 sapeurs-pompiers professionnels et volontaires, ndlr) proviennent du centre de secours de Villeneuve-lèz-Avignon. » Il en a également profité pour donner quelques chiffres : « Nous couvrons une population de 30 000 habitants, et une surface de 160 km2, et depuis la mise en service du centre, nous avons effectué plus de 400 opérations. »

Lors du passage en revue des troupes (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Le colonel Simonet, directeur du SDIS, a quant à lui loué « l’effort important du Conseil général et des collectivités territoriales qui ont bien voulu participer. »

« Je suis vraiment en colère »

Le maire des Angles Jean-Louis Banino a ensuite pris le micro pour un discours scindé en deux parties bien distinctes. La première étale « le grand bonheur pour les habitants de ce territoire. Ce centre a été conçu pour plus de sécurité et pour raccourcir les délais d’intervention », et félicite le conseiller général Patrick Vacaris pour son implication.

La deuxième sera autrement plus âpre : « Il n’y a pas que du bonheur, il y a de la tristesse et même de la colère, car les engagements n’ont pas été respectés. Ceux du SDIS et du Conseil général d’un centre principal aux Angles se sont transformés en deux centres. Nous avions compris que c’était provisoire, or il semble que non, alors que nous demandions depuis le début un seul centre principal aux Angles. Je suis vraiment en colère. »

Et l’édile anglois d’enfoncer le clou en se faisant menaçant : « aujourd’hui c’est le maire des Angles qui vous reçoit sur son terrain et dans son bâtiment. Peut-être je demanderai un loyer au SDIS un de ces jours. » Un terrain pour lequel le maire de Villeneuve Jean-Marc Roubaud refuse de payer sa quote-part, qui s’élève à un peu plus de 130 000 euros, pour ces mêmes raisons. Jean-Marc Roubaud qui a d’ailleurs brillé par son absence tant aux Angles qu’à la caserne de Villeneuve ensuite, où se tenait la cérémonie de la Sainte-Barbe, représenté à chaque fois par Pascale Bories, sa première adjointe et candidate aux élections départementales avec… Jean-Louis Banino. « Il a symboliquement souhaité être absent » nous a-t-elle indiqué, alors que l’événement figurait pourtant dans son agenda.

Le maire des Angles Jean-Louis Banino (à G) s'en est pris au SDIS présidé par Alexandre Pissas (au micro) (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

« On est le département de France qui compte le moins de centres de secours. »

Difficile de passer au micro après le discours de Jean-Louis Banino. C’est au conseiller général Patrick Vacaris qu’a échu la tâche. Après avoir rappelé « l’emplacement stratégique » de cette nouvelle caserne, l’élu a estimé qu’« avec un seul centre on mutualisait. Après, on n’est pas là pour polémiquer. »

Justement, le président du conseil d’administration du SDIS Alexandre Pissas, après avoir salué son « cher collègue et cher ami maire des Angles », a cherché à éviter la polémique. Ainsi Alexandre Pissas a raconté que « dès 2008, la première de mes missions a été de venir et de reconnaître ce terrain. Je me suis dit : ‘si on loupe ce terrain, on sera les derniers des derniers.’ Je me suis engagé vraiment et ce n’était pas facile, à l’époque la direction ne mettait pas ce centre dans ses priorités, mais pour moi ça l’était. »

Puis Alexandre Pissas s’est défendu d’avoir pris la décision contestée tout seul : « on a eu des réunions, et très vite le colonel a dit qu’on ne pouvait pas avoir qu’un seul centre de secours dans cette région très peuplée. Ce n’était pas ma position au début, mais j’ai fini par l’adopter. On est le département de France qui compte le moins de centres de secours. »

« Je ne veux pas y voir les prémices d’une campagne électorale »

Est venu ensuite le tour du président du Conseil général Jean Denat, qui ne s’est pas privé de mettre un discret tacle à Jean-Louis Banino en affirmant avoir « pris acte de cette colère. Mais je ne veux pas y voir les prémices d’une campagne électorale », référence à peine voilée aux prochaines élections départementales. Jean Denat a ensuite souligné qu’« ailleurs on construit moins et on ne maintient pas les moyens. Dans ce département on maintient et on le fait à un moment où on réduit les budgets. »

Le préfet Didier Martin a conclu la série de discours et la cérémonie par la lecture du message du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve aux sapeurs pompiers à l’occasion de la Sainte-Barbe. Là au moins, aucune pique ni polémique n’était à craindre.

Et aussi :

Florent Lemont fustige le discours de Jean-Louis Banino : dans un communiqué, le conseiller municipal d’opposition villeneuvois s’en prend au maire des Angles : « Il y avait quelque chose de vulgaire dans le discours de M. Banino qui a cru intelligent de lancer sa campagne au dépend des pompiers qu'il devait célébrer. Il y avait quelque chose d'indécent dans l'absence de M. Roubaud et de l'ensemble des conseillers majoritaires à l'exception de Mme Bories venue visiblement soutenir, dans le cadre de sa campagne, l'idée de fermer la caserne de Villeneuve. Sûrs de leur victoire, ils se croient tout permis... Au-delà de la triste allocution de M. Banino qui souffre plus du fait que M. Roubaud refuse de payer sa part du projet que d'avoir une seconde caserne sur le territoire, je tiens à dire que si le SDACR (Schéma départemental d'analyse et de couverture des risques, ndlr) considère que le maillage d'intervention doit être optimisé dans une zone qui voit sa démographie augmenter, il doit être respecté ! La sécurité civile ne saurait être négociable... »

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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