Publié il y a 9 ans - Mise à jour le 18.01.2015 - tony-duret - 3 min  - vu 575 fois

LE PORTRAIT DU DIMANCHE L’incroyable retour à la vie de Christophe Merlier, victime de deux AVC

Christophe Merlier. Photo Tony Duret / Objectif Gard

Après deux AVC - Accident Vasculaire Cérébral - en 48 heures, les médecins n’avaient plus beaucoup d’espoir pour leur patient Christophe Merlier, un nîmois de 49 ans. Mais l’homme est un « miraculé », comme il le dit lui-même, et raconte sa guérison dans un livre passionnant « Voyage en AVC ».

Il y a sept ans, alors qu’il vient de trouver le sommeil dans sa maison en Corse, Christophe Merlier fait un rêve étrange, inquiétant : il devient hémiplégique. Hélas, le songe est prémonitoire. Quelques heures plus tard cette même nuit, à 4h du matin, le quadragénaire se réveille. Il est figé dans son lit, quasiment dans l’incapacité de bouger. Dans un instinct de survie, il rampe jusqu’à son téléphone et prévient sa nièce qui alerte aussitôt les secours. Transporté en urgence à l’hôpital d’Ajaccio, Christophe fait un deuxième AVC dans les 48 heures. A son réveil, sa vie a basculé : son corps est complètement paralysé. Seules ses paupières bougent encore. Un état parfaitement connu des médecins qui l’ont baptisé le syndrome d’enfermement (ou locked-in). Un état dans lequel le patient est éveillé, conscient, il entend tout mais ne peut rien faire sinon observer et attendre. Seulement, les médecins le savent, peu de personnes sortent de cet état. Les parents de Christophe, qui viennent le voir à l’hôpital, sont prévenus : leur fils restera comme ça jusqu’à la fin de ces jours.

Mais Christophe Merlier n’est pas tout à fait comme tout le monde. Disons qu’il a une bonne étoile. Ce grand voyageur, passionné par les traversées en bateau aux quatre coins du monde, en a vu d’autres. Lui qui a bravé les mers les plus folles, qui s’est retrouvé au beau milieu d’un océan sans carburant, qui a été braqué par deux individus en Colombie, qui a fini une soirée dans un guet-apens autour de quatre gros bras à Shanghai ou qui a survécu à un tremblement de terre à Valparaiso au Chili. Oui, il en a vu d’autres. Mais cette fois, son ennemi est son propre corps. Et celui-ci ne répond plus. « Quand on est dans cet état, on se rend compte que le corps est quelqu’un d’autre. Et il fallait que cette machine se remette en marche », témoigne Christophe. Les idées les plus sombres lui traversent l’esprit : « Pour moi, c’était sûr, j’allais mourir. D’ailleurs, je vous l’avoue, si j’avais pu me donner la mort, je l’aurai fait ». Heureusement, les idées de Christophe vont considérablement s’éclaircir après dix jours de paralysie. Un matin, un doigt de sa main droite se remet à bouger. Et chaque heure, chaque jour, chaque semaine, c’est la main, les bras, les jambes (etc...) qui retrouvent leurs fonctions. La parole, elle, reviendra au bout d’un mois et demi. Après de longues heures de kiné, Christophe sort de l’hôpital dix mois après son entrée, bien conscient d’être un survivant : « J’ai une chance extraordinaire. Avant, je traversais la vie en courant. Maintenant, je suis conscient de vivre. Et je suis heureux de vivre, de me lever le matin et de mettre les deux pieds au sol. Vous ne savez pas ce que c’est ! ».

Christophe Merlier. Photo Tony Duret / Objectif Gard

Aujourd’hui, la vie de Christophe a bien changé. Il a quitté son travail de maçon pour celui d’écrivain. Une carrière qui lui réussit plutôt bien puisque son premier livre « Voyage en AVC » a reçu le prix du récit de l’académie du Béarn et la renaissance aquitaine. Une consécration pour Christophe ! Il a tout réappris : à marcher, à manger, à parler mais l’un de ses plus grands moments depuis sa sortie est toujours gravé dans sa mémoire : « C’est le jour où j’ai pu à nouveau manger un steack-frites ! »

Comment identifier un AVC ?

Si quelqu’un trébuche ou fait une chute anormale, contrôlez trois choses : 1) demandez-lui de dire, par exemple : « Qu’il fait bon vivre dans ce merveilleux pays », 2) de lever les deux bras, 3) de sourire.

Si la personne a des difficultés à exécuter l’une de ces tâches, appelez le 112, le 15 ou le 18 et décrivez les symptômes. Si un neurologue voit une victime d’AVC dans les trois heures, il peut renverser les effets de la crise. L’AVC est la troisième cause de mortalité dans le monde.

« Voyage en AVC » de Christophe Merlier. Disponible en librairies, à la FNAC ou sur ce lien (le chapitre sur l'AVC est disponible gratuitement afin de sensibiliser les proches des patients). 15€.

L’intégralité des ventes du livre sera reversée à l’association ALIS (Association du Locked-In Syndrome fondée par Jean-Dominique Bauby - Le scaphandre et le papillon)

Tony Duret

tony.duret@objectifgard.com

Tony Duret

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