Derrière le visage de ce Saint-Ambroisien se cache l'un des meilleurs joueurs de billard de France. Atteint d'une maladie orpheline, Antonin Joly a su faire de ses faiblesses une force, lui permettant d'atteindre d'ambitieux objectifs.

Antonin Joly, 28 ans, excelle dans la discipline. Installé à Saint-Ambroix depuis six mois, le Gardois d'adoption a quitté les Pays de la Loire pour venir travailler et évoluer dans le secteur de la grande distribution. Des défis, Antonin ne lésine pas sur ses efforts pour les relever. Son histoire, aussi émouvante qu'atypique, débute véritablement à l'âge de huit ans lorsque les médecins lui diagnostiquent une insensibilité osseuse. Une maladie orpheline qui va déterminer l'avenir du petit garçon.

Passionné depuis l'âge de 8 ans

Bien entouré par sa famille, Antonin s'éprend d'une pratique assez rare pour son âge : le billard français. "C'est un ami de mon père qui m'a fait entrer dans un club. J'étais le plus jeune et, bien évidement, vu que j'étais très petit, c'était un peu dur de jouer…", se remémore le jeune homme. Le billard français se distingue en tout point de l'américain : "il n'y a ni trou ni boule colorée. On joue avec trois billes, l'objectif étant de toucher avec l'une des billes les deux autres pour marquer 300 points", décrypte l'expert. Très vite, le loisir devient une passion, et la passion un besoin qui lui apporte reconnaissance et assurance. "Vous savez, ce n'est pas très facile lorsqu'on vous dit que vous ne pourrez pas faire de sport. Mes parents m'accordaient beaucoup d'attention au détriment de mes sœurs, ce qui me rendait un coupable", poursuit avec émotion Antonin. Mais de son malheur, le jeune homme a su en faire une force en repoussant toujours plus loin les limites de ses prouesses.

A seulement 15 ans, Antonin intègre son premier championnat de France : "Je garde en mémoire la musique du groupe Europe qui accompagnait la présentation des joueurs, sous le feu des projecteurs". Le petit prodige se hisse contre toute attente à la sixième place sur les douze participants. Un exploit. Plus tard, il obtient une série de titres allant du champion de la ligue Pays de la Loire au champion de secteur Ouest. "Quand je fais quelque chose, j'ai besoin de le faire à fond", poursuit le joueur qui s’entraîne alors 13 heures par semaine : "je répète plusieurs coups pour en faire des automatismes et m'économiser parce que je suis un garçon très nerveux". Ce qui ne l'a pas empêché de s'inscrire dans les 50 meilleurs joueurs de France.

Nouveau défis : l'avenir professionnel

Seulement la réalité, implacable, le rattrape : "le billard ne me fait pas manger, c'est très difficile de gagner sa vie en jouant. (…) J'ai dû alors me concentrer sur ma carrière professionnelle". Le passionné a choisi de s'orienter dans le secteur de la grande distribution avec l'espoir, un jour, de diriger son propre magasin d'agroalimentaire. Arrivé en septembre en terre gardoise pour intégrer une succursale de renom, le champion tombe sur le Billard Club Nîmois : "je ne connaissais personne, c'était un bon moyen de me faire des contacts". L'ambiance chaleureuse du club le pousse à reprendre les entraînements dans un rythme, certes moins soutenu, même s'il effectue plus de deux heures de route pour assouvir sa passion.

Dimanche dernier, Antonin est arrivé troisième à la demi-finale des championnats de France (National 1) du Sud et a joué la meilleure partie du tournoi avec 300 points en six coups. Une situation que le joueur a d'abord vécu comme un échec : "L'année dernière j'ai été le premier de ce genre de tournoi dans le secteur Ouest", rappelle-t-il avec nostalgie. Le manque d'entrainement a eu raison d'une partie de son talent… Un talent qu'il consacre désormais à un nouveau défi, tout aussi empli de promesses : son avenir professionnel.

Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com