Publié il y a 9 ans - Mise à jour le 22.03.2015 - thierry-allard - 4 min  - vu 307 fois

DÉPARTEMENTALES Beaucaire : la gauche aura fort à faire pour conserver le canton

Beaucaire (GK Sens-Yonne / cc / Flickr)

Le scrutin s’annonce serré sur ce canton tenu par le maire socialiste de Bellegarde Juan Martinez depuis 2008, face notamment à un FN annoncé très haut.

Le FN très serein

Pour déloger le conseiller général sortant, le FN a choisi d’investir Sandrine Corbière et Jean-Pierre Fuster, premier adjoint du maire de Beaucaire Julien Sanchez, qui a lui préféré se présenter comme remplaçant de Yoann Gillet à Marguerittes.

Les candidats FN Jean-Pierre Fuster et Sandrine Corbière (DR)

« Il n’a pas voulu se présenter par honnêteté auprès des électeurs de Beaucaire, contrairement à M. Martinez qui cumule trois ou quatre mandats », explique Jean-Pierre Fuster. Son programme reste quant à lui identique à celui des autres candidats frontistes, promettant de faire « un audit sur le conseil départemental, car on ne sait pas où on en est sur les finances. »

Une première étape avant de « faire des économies, comme à la mairie de Beaucaire, pour pouvoir investir plus tard. » De toute façon, « on ne peut pas faire de promesses car on ne connaît pas encore les compétences du Conseil départemental », à part « renforcer la sécurité dans et en dehors des collèges. »

Question collèges, le candidat frontiste tacle Juan Martinez sur celui de Bellegarde, pour lequel « il a alloué un chantier de 4,6 millions d’euros à une entreprise espagnole, et le Conseil général aurait éliminé une entreprise française pour un document mal rempli. C’est énorme, c’est monstrueux. »

Le candidat DLF Bernard Hay (DR)

Un sujet dont s’est également emparé le parti souverainiste Debout la France, représenté par Catherine Bay et Denis Hay, qui en profite pour affirmer « être pour une Europe renégociée, une Europe des Nations où tout le monde trouverait son compte. » Denis Hay veut avant tout « créer de la richesse, faire venir des entreprises et développer le tourisme » et n’a pas peur du FN : « pourquoi être inquiet ? C’est un peu malsain de toujours stigmatiser ce parti, alors que pour moi le danger vient plutôt du gouvernement en place. »

En attendant, le candidat FN Jean-Pierre Fuster est très serein, « toutes les personnes qui m’aident dans cette campagne et moi n’avons aucun doute, nous allons remporter ce canton », pronostiquant « un score énorme sur Beaucaire. »

La gauche divisée

« Je suis inquiet de rien du tout » répond du tac au tac le conseiller général PS sortant Juan Martinez, qui se présente avec Delphine Poirier, quand on lui demande si le FN l’inquiète. « Je me présente avec un bilan et des propositions très locales. C’est les électeurs qui décident, j’estime qu’on a fait du bon travail » ajoute-t-il, tout en se disant « étonné que nos concurrents ne fassent pas de campagne locale, je ne vois que des débats très nationaux. »

Le conseiller général PS sortant Juan Martinez (DR)

Pour se succéder à lui-même, le maire de Bellegarde cite un programme de « soutien de beaucoup d’actions à visée économique portées par les communes et les communautés de communes, les aménagements fluviaux, avec le port de Fourques qui va aller jusqu’à 900 anneaux, les aménagements routiers avec la déviation de Jonquières, on est en train d’acheter le foncier pour réaliser cette voirie de délestage. »

L’élu cite aussi « un projet de réindustrialisation de la centrale d’Aramon, il n’y aura pas d’arrêt de cette centrale (prévu pour 2016 par EDF, ndlr) tant qu’il n’y aura pas de projet de réindustrialisation. »

Sur le collège de Bellegarde, il rappelle qu’« il a été acté à l’unanimité du Conseil général, et même Laurent Burgoa l’a voté. »

Quant au fait qu’une liste Front de Gauche soit présente contre lui, Juan Martinez « regrette bien sûr cette division », estimant « avoir constitué une équipe territoriale » comprenant notamment le maire PCF d’Aramon Michel Pronesti en remplaçant, ce qui n’est pas forcément du goût des communistes locaux.

Les candidats du Front de Gauche Charles Ménard et Chantal Milesi (Photo : Tony Duret / Objectif Gard)

Du côté du Front de Gauche, c’est Chantal Milesi, candidate sous les couleurs communistes aux cantonales de 2008 et le secrétaire départemental du Parti de Gauche Charles Ménard qui briguent l’élection.

Eux se disent « contre l’austérité », pomme de discorde numéro un entre le Front de Gauche et les socialistes pour cette campagne, et « pour une sixième république. » Se décrivant comme « des élus de combat en phase avec la population, pour des assemblées citoyennes permanentes et contre le cumul des mandats », ils estiment qu’« il n’y a pas d’autre candidature à gauche puisque Juan Martinez se cache. » « Je ne sais pas si je peux me cacher, je suis président du groupe PS au Conseil général », rétorque l’intéressé.

« Notre adversaire est forcément le sortant. Par contre, notre ennemi, c’est le FN », lancent les candidats Front de Gauche, qui trouvent que « Julien Sanchez déserte le terrain. »

Eux veulent « redonner aux gens le goût de la politique » et entrevoient « quelques signaux positifs. »

La droite veut faire un coup

Et la droite ? Ici, le « Bon Sens Gardois » est représenté par la conseillère municipale d’opposition à Beaucaire Christelle Hugounenq (UMP) et le président départemental du MoDem Bernard Bon, qui a été pendant cinq ans et demi le deuxième adjoint de… Juan Martinez à Bellegarde. « J’ai quitté l’équipe en juin 2013 pour incompatibilités » explique-t-il, trouvant que le collège de Bellegarde est « une bonne chose » même si le fait qu’une entreprise espagnole construise le gros œuvre est « dommage. »

Pour lui, « il est urgent de créer les dispositions pour mettre en place des emplois pérennes sur ce canton, un des plus touchés par le chômage. » Bernard Bon voit en la future gare TGV de Manduel, qui sera sur le canton voisin de Marguerittes, « une chance inouïe qui va permettre de créer des emplois, une plateforme intéressante également pour le tourisme. »

Bernard Bon et Christelle Hugounenq, candidats du "Bon Sens Gardois" (DR)

Le candidat souhaite « réunir les acteurs économiques pour proposer des produits qui allient tourisme agricole, patrimonial et fluvial », prévenant toutefois qu’« il faudra structurer la voirie en conséquence. »

Quant au FN, Bernard Bon considère qu’il « fait son lit dans notre département sur des thèses douteuses » et « tient un discours national. C’est curieux, on se demande s’ils connaissent bien les territoires. »

Se hasardant aux pronostics, le candidat de l’union de la droite et du centre estime que « le Front de Gauche nous donne une chance assez importante d’arriver au second tour, et nous y serons. »

Une chose est sûre : les places seront chères pour accéder à un second tour auquel seule la présence du FN semble déjà acquise.

Thierry ALLARD (avec Tony Duret)

thierry.allard@objectifgard.com

Thierry Allard

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