Publié il y a 9 ans - Mise à jour le 26.03.2015 - eloise-levesque - 3 min  - vu 280 fois

ALÈS ITINERANCES Despee Gonzales, rappeur : "J'ai vendu 15 000 albums en chantant dans le métro"

Despee Gonzales, comédien et rappeur originaire de Saint-Denis, membre du groupe Ursa Major. EL/OG

A 34 ans, le rappeur parisien Despee Gonzales vient de tourner dans son premier long-métrage, "Brooklyn", présenté ce soir au Cratère d'Alès dans le cadre du festival Itinérances. Ce film indépendant, réalisé par Pascal Tessaud, plonge dans la communauté hip-hop de St-Denis (93) et raconte l'histoire d'une jeune chanteuse qui tente de s'y faire sa place en tant qu'artiste. Rencontre avec le comédien.

Objectif Gard : Le public vous connait peu. Pouvez-vous vous présenter?

Despee Gonzales : J'ai commencé à rapper à 13 ans, lorsque ma soeur m'a offert une cassette d'Artifacts. J'ai fait des impros, des clashs sur des thèmes de la vie de tous les jours. Depuis plusieurs années, avec le groupe Ursa Major, on chante dans la rue et dans les wagons pour vendre nos disques auto-produits. On a ainsi réussi à en écouler 15 000 à 10€, même si c'est de la vente illégale. J'anime aussi des ateliers avec des détenus.

O.G : Vous avez joué dans votre premier film, "Brooklyn". Comment êtes-vous arrivé sur ce projet ?

D.G : Je connais Pascal Tessaud depuis longtemps. L'été dernier, alors qu'il voulait réaliser un film sur le hip-hop, il m'a proposé le rôle de Diego, celui qui aide le personnage de Brooklyn grâce à ses contacts dans la communauté hip-hop. Le scénario m'a plu et j'ai accepté.

O.G : Qu'est-ce qui vous a séduit ?

D.G : Ce n'est pas un film cliché. L'histoire m'a plu et parle du rap engagé, celui que l'on défend. Il est réaliste et retranscrit bien notre quotidien.

O.G : Vous n'êtes pas comédien au départ. Quelles difficultés avez-vous rencontré ?

D.G : La première scène a été difficile. Le trac des concerts n'est pas le même. Mais on a rapidement été mis à l'aise. Le réalisateur nous donnait des directives sans textes précis on a beaucoup improvisé. J'y ai mis mes propres mots, c'était plus naturel.

O.G : Vous l'un des seuls personnages rappeurs à ne pas chanter dans le film. Ce n'était pas frustrant ?

D.G : Non, j'ai beaucoup aimé mon personnage. Les gens l'ont trouvé attachant. Et ça m'a permis d'explorer davantage mon espace de comédien.

O.G : Comment on fait sa place en tant que rappeur aujourd'hui en France ?

D.G : C'est pas facile. On n'a pas d'appui. Il faut toujours se battre pour balancer quelque chose de nouveau. Il faut toujours aller au contact des gens, poser notre sono et chanter partout. Contrairement à ce que certains croient, le hip-hop est là pour fédérer les gens, on a des vrais textes.

O.G : Comment le public a-t-il accueilli le film ?

D.G : On a fait 40 festivals, dont Cannes et Rennes. La critique a été bonne et on a eu quelques bons débats avec les gens. Certains ne voyaient pas la banlieue comme ça. La télévision ne donne qu'une vision étriquée de la banlieue. Il faut voir St-Denis pour la connaître. 97 nationalités s'y côtoient et les gens sont ouverts.

O.G : Le film est indépendant et aucune date de sortie au cinéma n'est encore prévue. Le public peut-il espérer le voir en salle prochainement ?

D.G : Oui. Nous le payons grâce au financement participatif et avons déjà récolté 8000€. Il nous en manque encore 2000 pour payer la post-production et espérer une distribution en salles. Aucun comédien n'a pour le moment été payé.

O.G : "Brooklyn" peut-il devenir un tremplin vers une carrière de comédien ?

D.G : J'aimerais bien. Je suis ouvert à toute proposition.

Propos recueillis par Eloïse Levesque

"Brooklyn", à 18h ce jeudi au Cratère, en présence du réalisateur Pascal Tessaud et de 2spee Gonzalez, rappeur et interprète.

Eloïse Levesque

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