Publié il y a 9 ans - Mise à jour le 30.03.2015 - eloise-levesque - 3 min  - vu 227 fois

ALÈS ITINÉRANCES Jérôme Enrico : "La vie est une farce tragique, il faut en rire"

Jérôme Enrico, fils de Robert Enrico et réalisateur de "Cerise", en salles le 1er avril. EL/OG

Depuis la rentrée, Radio Grille Ouverte a lancé une émission mensuelle dédiée à l’actualité, avec un invité fil rouge interrogé par les médias locaux que sont RGO, Midi Libre, La Marseillaise, Radio Totem, Radio Interval et Objectif Gard. Vendredi dernier, c’est le réalisateur Jérôme Enrico, fils de Robert Enrico et réalisateur de "Paulette", qui répondait aux questions des journalistes. Son dernier film "Cerise", qui sortira en salles le 1er avril, a été présenté en avant-première au Festival Itinérances.

Les journalistes : Cerise est une ado parisienne caricaturalement superficielle que sa mère va envoyer Ukraine pour lui mettre du plomb dans la tête. Comment est-elle née ?

Jérôme Enrico : Tout ça a été possible grâce au succès de Paulette. A l'époque, on avait une Cerise de 14 ans à la maison et ça nous a inspiré. On voulait raconter l'histoire d'une môme issue de la société occidentale qui se retrouve confrontée à une vie plus dure. On a l'écrite avec ma compagne Irina Gontchar qui est ukrainienne.

LJ : Le tournage s'est déroulé pendant la révolution ukrainienne de février 2014. Comment avez-vous géré cela?

J.E : On a été rattrapé par la réalité. Mais on ne pouvait pas passer à côté et faire comme si de rien n'était. On a donc essayé de l'intégrer dans le film et on a reconstruit l'Ukraine en Bulgarie avec des bouts de ficelle. On ne pouvait pas le faire en Ukraine.

LJ: Finalement, ces événements ont même servi votre scénario.

J.E : Oui, l'ado grandit aussi grâce à ces événements. Le film s'est renforcé grâce à ça. Les grands-mères Babouchka que rencontre Cerise ne racontent pas qu'un passé mais aussi un présent.

LJ : Comme dans "Paulette", avec Bernadette Lafont, vous avez choisi d'inscrire la comédie dans une réalité sociale. Vous allez poursuivre dans cette voie ?

J.E : En France, la comédie est considérée comme un genre mineur et il y a une vraie césure entre le populaire et le cinéma d'auteur. De mon côté, je suis nourri de comédies italiennes et plus j'avance, plus je pense que la vie est une farce et qu'il faut en rire. Pourtant, je n'ai pas envie que le film soit une punition cérébrale et intellectuelle. Le cinéma est un spectacle. Je crois au mélange même s'il est difficile de trouver le juste équilibre entre rire et réalité. Il faut parfois casser des œufs pour faire rire.

LJ : Dans "Cerise", vous appuyez avec excès sur la caricature pour faire rire. Au risque de réaliser un film un peu trop stéréotypé...

J.E : On travaille sur des archétypes. Cerise est insupportable mais elle est singulière et Nina, la grand-mère babouchka, lui fait découvrir autre chose. Elle devient intelligente. C'est assez singulier je pense.

LJ : Pensez-vous que les ados de France vivent dans un monde trop confortable ?

J.E : Non. Ce n'est pas facile d'être ado aujourd'hui et Cerise n'a pas une histoire facile. Son père ne s'occupe pas d'elle. Parfois, je me demande si ce sont eux les jeunes cons ou moi le vieux con! Il faut toujours garder cette question à l'esprit. D'ailleurs, d'une certaine manière, Cerise sauve son père.

LJ : Avez-vous de nouveaux projets de réalisation ?

J.E : Oui. J'ai deux projets à la fois. Le premier est un marin pêcheur qui ne peut plus vivre de son métier, et qui se rend compte qu'il vaut plus cher mort que vivant. Le second parlera d'un Angolais sans papiers dans les années 90 qui s'est adapté à la vie française.

Réécouter l'émission du 27 mars sur Radio Grille ouverte

Eloïse Levesque

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