Publié il y a 9 ans - Mise à jour le 13.04.2015 - eloise-levesque - 2 min  - vu 344 fois

ALÈS Implantée depuis 1944, l'agence du journal la Marseillaise en danger

Michel Pernet et Alain Laurens, journalistes pour l'agence d'Alès. EL/OG

Alors que le journal La Marseillaise est en redressement judiciaire, dix agences sont menacées de fermeture, dont Alès, où exercent actuellement trois journalistes. Une page importante pourrait se tourner pour le quotidien communiste qui a soutenu pendant des décennies les luttes sociales du bassin minier.

Un signe supplémentaire de régression de la presse en France, et la fin d'une ère dans l'histoire de la lutte sociale du bassin cévenol. L'agence alésienne du journal communiste La Marseillaise, ouverte dans le centre ville au moment de la Libération, est à deux doigts de disparaître. Sur trois journalistes à plein temps, un seul d'entre eux devrait conserver son poste, et les bureaux - de presque 120 m² -, devraient fermer leurs portes. Si l'offre de reprise des Editions des Fédérés est acceptée. Le verdict tombe ce mercredi, après plusieurs mois d'attente. "Très vite, on a su qu'on ne resterait pas 208, et que 91 postes seraient supprimés, essentiellement dans l'imprimerie et les rédactions. Désormais, on vit au rythme des rendez-vous fixés par la justice. Tout le monde est tendu", souligne Alain Laurens, journaliste depuis 1991 à l'agence alésienne.

Un "outil de combat"

Richard Ducros, Alstom, Ladrecht, les "Dix d'Alès", depuis sa création à Alès, La Marseillaise joue un rôle complémentaire à son confrère Midi Libre, soutenant avec véhémence tous les mouvements de lutte. "Pendant Call Expert, j'ai siégé en plein cagnard avec les salariés pendant que les autres journalistes allaient voir le patron, dont la version restait identique. J'ai préféré recueillir leur ressenti. Le suivi aide au rassemblement", assure Alain.

Pour Michel Pernet, chef d'agence à Alès depuis 1989, cette omniprésence garantit même la qualité de l'information : "grâce à la relation de confiance qu'on a avec les militants et les syndicalistes, on obtient des renseignements parfois essentiels que personne d'autre n'a. On sait à qui s'adresser. C'est de cette manière qu'on a appris, en 2008, que Merlin Gérin effectuait en Bulgarie une partie de la fabrication des disjoncteurs qui sortaient de l’usine alésienne", se souvient-il.

Le journaliste engagé définit même le quotidien comme "une référence", un "outil de combat", quitte parfois à améliorer l'information. Une référence telle qu'en 2002, les CRS opposés aux salariés des mines ouvertes de Mercoirol viennent en personne à l'agence pour récupérer des photos de la manifestation."On avait pourtant pas été tendres avec eux dans nos papiers", sourit Alain qui rappelle que cet engagement a aussi mis en danger les rédactions du canard. "En 1958, lors du coup d'Etat en Algérie, des gardes étaient postés devant l'agence. On craignait l'arrivée des parachutistes".

Des lendemains incertains

Aujourd'hui, la liquidation est peu probable pour La Marseillaise et la reprise devrait être validée par le tribunal de commerce. Suppression d'agences et de journalistes à la clé. "Grâce à Internet et au téléphone, la fermeture de nos bureaux ne sera pas un obstacle important à la tenue du journal. On n'est plus un lieu de passage depuis déjà longtemps", regrette Michel. Pourtant, tout va changer. "Travailler seul, c'est plus compliqué. Notamment pour la qualité des articles. L'échange avec l'autre est essentiel dans notre métier. Son regard est garant du résultat final. Et puis on fera moins de choses. Ça va nous couper les ailes".

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Eloïse Levesque

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