Le lundi 7 avril, jour de Pâques, devait être une belle journée pour Pierre de Guilhermier et sa femme. Seulement, à en croire le médecin, elle a viré au cauchemar en quelques minutes…

Pierre de Guilhermier, médecin radiologue à Uzès, ne compte pas ses heures. Alors, ce lundi de Pâques, jour férié, est vécu comme une aubaine pour s’évader, pour rompre avec le rythme harassant qu’exige sa profession. Ce jour-là, l’homme âgé de 55 ans, accompagné de sa femme, prend son vélo et se promène sur les chemins de grandes randonnées. Vers 15h, arrivé à hauteur du Pont-du-Gard, il descend de vélo pour contourner la barrière. La suite, le médecin nous la raconte : « J’ai franchi cette barrière et quelqu’un m’a parlé mais je n’ai pas entendu ce qu’il voulait. J’ai compris, mais un peu tard, qu’il me demandait ma carte gratuite de ‘Gardois’. Je n’ai même pas eu le temps de la sortir qu’un vigile m’a sauté dessus. Il m’a fait une clé de bras. Un autre s’est assis sur ma poitrine. J’en ai encore mal. Ils étaient quatre sur moi. Ca a duré 45 minutes ! » Jusqu'à l'arrivée des gendarmes de Remoulins.

« Les vigiles ont dit que j’avais tenu des propos racistes alors qu’ils étaient tous blancs. C’est absolument faux, ils étaient à court d’arguments, c’est tout ». Menotté puis emmené à la brigade, le médecin clame sa bonne foi : « J’ai demandé la vidéo mais je sais déjà que je ne l’aurai jamais. Elle se sera perdue. C’est scandaleux de traiter les gens comme ça ». Relâché quelques heures après, Pierre de Guilhermier dit avoir porté plainte contre les quatre hommes.

Le Pont-du-Gard dément

A en croire d’autres usagers réguliers du site, l’ambiance se serait dégradée depuis quelques mois. « C’est violent maintenant, assure une commerçante qui a tenu à garder l’anonymat. J’entends des histoires tous les jours. La dernière fois, des touristes allemandes se sont fait insulter par les vigiles ». Agnès Senicourt, présidente de l’association des voies vertes du Pont-du-Gard, confirme : « Le cas du médecin est certainement l’incident le plus violent. Mais je ne suis pas étonnée. Moi-même, je me suis fait courser par un vigile ou on me menace régulièrement d’appeler les gendarmes. Mais finalement, je ne leur en veux pas tant que ça, ils ne font qu’appliquer les consignes ».

La direction du Pont-du-Gard conteste formellement l’agression du médecin et donne sa version : « D’abord, à contre sens sur la voie de sortie des véhicules, à la demande d’un premier agent, il s’est rabattu sur la voie de gauche. Il a ensuite volontairement foncé sur un second agent, l’a physiquement agressé et proféré à son encontre des invectives, injures et injures à caractère racial. Celui-ci, violemment heurté aux jambes, a évité le coup que tentait de lui porter le cycliste ». Cet agent d’accueil, blessé aux jambes, a eu un arrêt « de 8 jours sous réserve de complications ». Les agents agressés ont déposé plainte. L’Etablissement public s’apprête à en faire de même pour « atteinte à l’intégrité physique d’un de ses agents en fonction et insultes raciales ». Une affaire à suivre.

Tony Duret