Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 07.05.2015 - thierry-allard - 4 min  - vu 696 fois

FAIT DU JOUR Marcoule: la fonderie de Socodei redémarre plus de trois ans après l’accident

Les fondeurs effectuent une opération de décrassage du four (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Le 12 septembre 2011, un accident dans la fonderie de l’usine Centraco Socodei, située sur la plateforme de Marcoule, faisait un mort et un blessé grave.

Depuis, la fonderie de l’usine, où sont fondus des déchets métalliques de faible à moyenne activité radioactive avant d’être envoyés à l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA), était à l’arrêt.

« Limiter l’intervention humaine à proximité du four »

Depuis, l’usine tournait « sur une patte », dixit son directeur général Patrick Faure. Comprendre que Centraco devait se contenter de son activité d’incinération de déchets de faible à moyenne activité et de machines mobiles sur site.

En plus de 3 ans et demi de fermeture, l’eau a coulé sous les ponts. « C’est long, lance le directeur général. On a continué à recueillir les déchets, à les trier et à les entreposer en attendant la réouverture de la fonderie. » Ce sont ainsi 1 500 tonnes, soit l’équivalent d’un an d’activité de la fonderie, qui ont été stockés, prêts à être fondus.

De quoi continuer l’activité malgré tout : d’ailleurs l’usine a continué à embaucher depuis septembre 2011, passant de 210 à 230 salariés. Sur ce laps de temps, « on n’est pas restés les bras ballants, affirme Patrick Faure. Durant l’instruction et les expertises, on est allés voir d’autres fondeurs pour voir quelles procédures ils avaient mis en place pour faire face à de telles situations. »

Socodei a ensuite travaillé pendant plus d’un an pour répondre aux critères fixés par l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) en vue de la réouverture de la fonderie. Ainsi, il a été décidé de ne plus faire de refonte lorsque le four est plein de métal fondu et refroidi sans être vidangé, de faire des compléments à l’automate de conduite, d’installer des caméras au dessus du four, de renforcer la présence dans la salle de conduite du four et de mettre en place de nouvelles procédures d’exploitation. Par ailleurs, le four a été remplacé à l’identique. « L’idée est de limiter autant que faire se peut l’intervention humaine à proximité du four », résume Patrick Faure. Un temps de présence humaine limité « à 20 minutes sur les 2 heures de coulée. »

Vers un retour à l’équilibre financier

Autant de mesures qui ont conduit l’ASN à autoriser de nouveau l’exploitation de la fonderie du site en avril dernier. La première coulée a été effectuée le 28 avril, et 7 coulées en tout se sont déroulées depuis, une cadence encore loin de la capacité maximale : « une coulée fait 4 tonnes, et on estime pouvoir faire 9 coulées par semaine, note Patrick Faure. Mais nous avons une nouvelle équipe, renouvelée pour moitié, du nouveau matériel, il faut que tout ça se rode. » Quelques semaines seront nécessaires pour atteindre un rythme de croisière dont l’usine aura bien besoin, car outre les déchets stockés depuis l’accident, Patrick Faure l’affirme : « on a des clients en attente. »

L’occasion aussi pour l’entreprise de revenir dans le vert au niveau financier. Car après le temps « du choc et de la remise en question », celui des pertes financières était venu, avec « 4 millions d’euros de pertes en 2014 », compte le directeur général, qui table sur un retour à l’équilibre financier « courant 2015 ou 2016 » et « un chiffre d’affaires de 70 millions d’euros pour 2015, contre 60 en 2014 et 75 millions en année pleine. »

12 millions d’euros investis

Parallèlement à la remise en état du four, l’usine a investi 12 millions d’euros pour créer un atelier gros composants entré en fonction il y a un mois. Un plus pour Centraco, qui lui permet désormais d’accueillir des composants jusqu’à 200 tonnes et 19 mètres de long, contre une tonne et 2 mètres de long auparavant.

La machine de découpe à fil diamanté permet de découper des gros composants comme ce container (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

L’usine s’est donc dotée d’une machine de découpe à fil diamanté, « la plus grosse du monde dans ce type de process », affirme Christian Sauvage, chef de projet. L’atelier est également doté d’une grue et d’un broyeur « capable de broyer 25 tonnes à l’heure, et le seul au monde en mesure de broyer une voiture entière non dépouillée. » Par ailleurs, la salle de commande est entièrement guindée de 80 tonnes de plomb.

Au fond en bleu, le broyeur (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Bref, après trois ans et demi difficiles, le ciel de Socodei Centraco se dégage. Une embellie qui a tout pour être durable, compte tenu de l’importance que va prendre dans les prochaines années le marché du démantèlement.

Et aussi :

La fonderie, comment ça marche ? : une fois les métaux triés et préparés, avec une taille maximale de 25 centimètres cube, ils sont fondus dans le four à induction d’une capacité de 4 tonnes, à une température allant de 1 600 à 1 700 degrés.

Durant la fusion, les fondeurs effectuent une opération dite de « décrassage », visant à éliminer la couche se formant en surface, avant de prendre la température avec un thermomètre spécial et de prélever un échantillon pour analyses. La manœuvre est pilotée par le conducteur et le superviseur en salle de commande.

Les fondeurs effectuent une opération de décrassage du four (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Une fois le résultat des analyses connu, une poche est préchauffée et amenée au pied du four, et le contenu du four y est intégralement versé grâce au basculement du four.

La poche, prête à être remplie par le métal en fusion (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Le four bascule et verse le métal en fusion dans la poche (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

A partir de là, la poche est arrimée à un pont piloté par un pontier, et le pocheur la vide dans des lingotières.

La poche est vidée dans les lingotières (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Les lingots de métaux fondus sont ensuite scellés et envoyés en chambre de refroidissement, avant de prendre la route de l’ANDRA.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

Thierry Allard

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