Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 16.06.2015 - coralie-mollaret - 5 min  - vu 298 fois

RING POLITIQUE "Nîmes fait rire à Paris", tacle la députée Françoise Dumas

Françoise Dumas dans les locaux d'Objectif Gard. EL/OG

La députée PS Françoise Dumas passe sur le ring d'Objectif Gard ! Chaque mois, votre journal vous propose une interview complète d'une personnalité politique autour de trois thématiques : personnalité, politique et quiz sur le Gard. A vos gants de boxes… Premier numéro, ce matin 7h. Deux prochains rendez-vous sont au programme : à 11h et 16h. Restez connectés !

Objectif Gard : Vous êtes dans une mauvaise passe. Après l'échec des Municipales, vous êtes passée à la trappe des Régionales. Quel est, en deux mots, votre état d'esprit ? 

Françoise Dumas : Pour les Régionales, j'ai été déçue sur le moment. Plus que déçue, j'ai été contrariée : Nîmes Métropole est la troisième agglomération de la grande région à laquelle je suis favorable. Il y a un véritable enjeu dans cette fusion et, cela me semblait important que la ville dont je suis députée soit représentée. Carole Delga a confié à Damien Alary le soin de composer la liste du Gard... Je ne mets pas d'affect là-dedans.

OG : Certains électeurs voyaient d'un mauvais œil votre candidature aux Régionales, et on dit que vous cherchiez à vous recaser, anticipant une claque pour les Législatives... 

FD : Je comprends leur sentiment, mais qu'est-ce qu'il faut faire ? La politique a besoin de renouvellement, mais il faut l'équilibrer. Nîmes est un territoire où la gauche est fragilisée et des inconnus ne mobiliseront pas autant que des personnalités connues.

OG : Le maire de Bellegarde Juan Martinez, qui a perdu les Départementales, a été embauché comme conseiller au Département. Il est, par ailleurs, votre suppléant… On recase les perdants au PS ?

FD : Non ! Au-delà des postes, la politique se fait autour de solides confiances. Denis Bouad vient d'être élu à la présidence de façon extrêmement serrée. Juan Martinez a travaillé longtemps à ses côtés. Quand on dirige un Département avec une majorité aussi fragile, on a besoin d'avoir des personnes mobilisées, qui connaissent leur dossier. Juan Martinez a l'expérience et sera un soutien de poids. Je pense que c'est un excellent choix et même, que c'est une nécessité.

OG :  Vous êtes amère à l'endroit de Christophe Geneix, qui a été retenu sur la liste des Régionales, et qui vous a trahi aux Municipales. Vous souhaitez que la procédure d'exclusion aille au bout ?

FD : Ce n'est pas à moi d'en décider. Un nouveau Premier fédéral vient d'arriver après la tutelle. Il y a des militants qui ont souhaité mettre en place une commission des conflits qui entendra les parties et qui jugera. J'ai vu récemment une vidéo où il annonce qu'il rejoint Sylvette Fayet (PCF) aux Municipales. Avant, je ne voulais pas voir cette vidéo... Franchement, ça m'a fait mal.

OG : Qu'est-ce que vous attendez aujourd'hui de Jean Denat, Premier fédéral… ? 

FD : J'ai travaillé plus de 10 ans avec Damien Alary, c'est comme une famille. Jean Denat en fait partie, c'est un gros travailleur, clean et de confiance. C'est la meilleure chose qui pouvait nous arriver pour remonter le Parti socialiste, qui était moribond jusque là.

Catherine Bernié-Boissard (à gauche) et Françoise Dumas, conseillères municipales à Nîmes. Photo Tony Duret / Objectif Gard

OG : Dans l'opposition, vous avez organisé une conférence de presse pour dire combien il était difficile d'y siéger. Seulement, au lieu de se plaindre, est-ce qu'il ne faudrait pas mieux montrer l'image d'une élue force de proposition ?

FD :  Je le fais publiquement en conseil municipal : j'ai fait des propositions constructives. J'ai demandé à faire partie du comité de pilotage de l'ANRU, mais pour des raisons politiciennes, on m'a dit non. Je suis députée, j'ai des contacts avec des ministres, je pense pouvoir apporter des choses.

J'ai aussi demandé à ce que l'on fasse une mission d'évaluation sur les inondations en mettant autour de la table tous les acteurs du PPRI, en y ajoutant les comités de quartier et les services de l'Etat. Ce n'était pas négatif et pourtant, cela a été refusé. C'est décourageant d'être dans l'opposition à Nîmes.

OG : La mairie a décidé de démutualiser certains de ses services avec l'Agglomération. Quelle est votre position ? 

FD : On va à contre-sens des textes qui entrent en vigueur en 2016. Pour des questions de cohérence et d'économies, la mutualisation est essentielle. Nîmes fait rire à Paris, quand ils se rendent compte de ce qu'il se passe localement. Yvan Lachaud, président de Nîmes Métropole et Jean-Paul Fournier, maire de Nîmes, ne s'entendent pas, mais ils en font une histoire personnelle qui va coûter cher au contribuable nîmois.

OG : L'Agence de développement économique de Nîmes Métropole sera lancée le 25 juin. Gilles Ridel, PDG de Nexway, en sera le président. Qu'en pensez-vous ? 

FD : C'est moi qui l'ait repéré ! Je l'ai rencontré, un matin, en prenant mon train pour Paris. Il m'a abordé et j'ai eu l'occasion de visiter son entreprise. Je préfère que ce soit lui qui gère l'Agence économique qu'un responsable politique. Après, pour la création de cette Agence, je trouve dommage que l'on empile les structures. Il faut espérer qu'il y ait  de la cohérence avec l'Agglo d'Alès et celle de Montpellier. Le Gard a des atouts importants comme la maintenance aéronautique, le nucléaire. Avec Toulouse, nous pouvons faire émerger et renforcer des filières.

OG : Yvan Lachaud aspire à rationaliser les transports… Quelle est votre point de vue sur le sujet ?  

FD : La rationalisation des transports, ça ne veut rien dire. L'idée c'est plutôt l'intermodalité. A Nîmes, on a tout fait à l'envers. La ligne 1 du Tram'Bus n'était pas prioritaire en terme de flux. La priorité c'était l'axe d'est en ouest, entre l'hôpital et Courbessac.

On a même pas été capable de faire une piste cyclable protégée entre Caissargues et le centre-ville de Nîmes. Aujourd'hui, je ne prends pas mon vélo car je n'ai pas envie de mourir.

A Montpellier, la ligne de tram a été construite via un ANRU. Nous on fait l'inverse, on fait d'abord des zones commerciales et après, on réfléchit à la façon de transporter les personnes.

OG : Vous êtes un personnage complexe : vos détracteurs vous tacle d'incompétente, de bourgeoise…. Vos partisans, de compatissante et généreuse. Est-ce que vous ne souffrez pas d'un problème de communication ?

FD : Je ne suis pas à vendre, je ne suis pas un produit. Je voudrais être élue ou réélue pour ce que j’apporte aux gens. J’ai une éducation protestante et paysanne : c’est le mérite et le travail personnel qui comptent. Sur mon côté bourgeois, quand j’étais assistante sociale au fin fond des quartiers, les habitants me remerciaient d’être bien habillée. J’assume donc d’être bien apprêtée.

OG : Nîmes en 2020, ça vous intéresse toujours ? 

FD : Je travaille déjà et toujours pour 2020. Vous savez, je ne me projette pas comme cela. A la différence des hommes, les femmes politiques savent qu'elles ont donné la vie et qu’elles sont mortelles. Je fais mon travail tous les jours dans le même sens. En 2020, je ne me présenterai pas comme en 2014, qui était une expérience personnelle douloureuse. Mais d’un point de vue politique, j’ai construit des amitiés solides. Ces personnes sont sorties renforcées et ont envie de poursuivre l’aventure.

Coralie Mollaret

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