Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 20.06.2015 - baptiste-manzinali - 4 min  - vu 345 fois

INTERVIEW Nikos Aliagas : "comme un taureau dans l'arène"

Nikos Aliagas prend la pose dans les Arènes de Nîmes. (Photo Baptiste Manzinali / Objectif Gard)

Avec un calme et une sérénité déroutante, Nikos Aliagas a l'oeil partout. Pendant les répétitions de l'émission La Chanson de l'année, retransmise en direct ce soir sur TF1, le présentateur vedette apprivoise les Arènes de Nîmes qu'il arpente dans ses moindres recoins, appareil photo grand angle autour du cou, prêt à dégainer. Un lieu qui symbolise la culture méditerranéenne de ses origines, qui l'intrigue et qui le fascine. Rencontre avec le métronome des show musicaux sur TF1.

Vous faites votre grande première aux arènes de Nîmes samedi soir ?

Je suis déjà venu ici pour un spectacle de rock il y a une vingtaine d'année. C'est un personnage à part entière ce site, avec son histoire, son mystère et tout ce qu'on peut imaginer. Les arènes sont synonyme de fête mais aussi d'épreuve. Elles ont été construites au 1er siècle, donc en tant que méditerranéen cela me parle. Dans un lieu comme celui là, rien n'est jamais acquis, j'espère que le public aura le pouce vers le haut.

C'est un challenge, et en même temps, une façon d'être plus proche du public ?

On arrive ici pour divertir les gens, et les gens en ont besoin aujourd'hui. C'est important de ne pas être qu'à Paris et de venir voir les gens chez eux. C'est aussi pour les remercier et leur ramener les artistes. C'est un spectacle gratuit, les places sont parties très vite.

En coulisse, vous avez l'air plutôt calme, alors que vous supervisez tout en même temps. Quel est votre secret ?

Ne pas se prendre au sérieux. Je fais des vannes, je m'amuse. Mon approche est à 360 degrés, mais il faut le prendre comme une blague. Il y a plein d'éléments techniques qui ne vont pas coller, mais il faut le gérer avec sérénité. Avec la production, on est en fusion dans tout jusqu'à dans l'écriture, c'est une véritable alchimie.

Reste-t-il une place pour la hasard dans ce genre de spectacle ?

Le hasard , il y en aura de toute façon. Il va rentrer par une porte pour me dire "toc-toc, ça marche pas ton truc". À moi de lui répondre "bienvenue, installez-vous" (rire). C'est comme cela qu'il faut le prendre. Et puis il y aura des surprises pour le public, des duos inédits comme celui avec Francis Cabrel et Thomas Dutronc qui vont chanter la Bamba ensemble. Mika et Zazie aussi vont chanter Banana split. Parce qu'il n'y a pas que les neufs titres en compétition, il y a aussi tout le reste, et l'envie de rendre les gens heureux.

Toujours le temps pour un selfie, avec la chanteuse Louane. (Photo Baptiste Manzinali / Objectif Gard)

Quel regard portez-vous sur l'industrie musicale aujourd'hui ?

La façon de partager la musique a changé. Les spectacles vivants marchent, le support physique beaucoup moins. Mais malgré tout, la création est au top. Et il y a aussi de la création plus pointue à côté de celle que l'on voit à la télévision. Christine & The Queen, elle n'a pas eu besoin d'un télé-crochet pour y arriver, le grand public ne la connaissait pas il y a deux ans. Pareil pour Louane, Kendji. La télévision joue un rôle, on ne peut pas le nier, mais elle n'est pas la seule.

Donc on peut réussir sans passer par la télévision ?

Evidemment que oui, surtout dans des registres musicaux plus pointus. L'exemple de Luc Arbogast l'illustre bien, il existait déjà avant de passer à la télévision, mais il a simplement accédé à un degré de notoriété supérieur après The Voice. C'est intéressant, avant il y avait une suspicion envers les artistes grand public et ceux de la télévision. Mais aujourd'hui, ce n'est plus le cas.

Votre façon de consommer la musique ?

J'achète les disques même quand je peux les avoir gratuitement par la radio ou la télévision. C'est une démarche, quand j'étais étudiant et que je n'avais pas d'argent, j'allais acheter mon vinyle et je le fais encore, je suis un peu fétichiste. Je vais voir beaucoup de spectacles aussi, Julien Doré etc. Et puis je dois aussi savoir de quoi je parle, ce ne sont pas juste des noms sur une grille de papier. Parfois j'essaie de les rencontrer et pour certains, on est même copain.

Vous ne quittez jamais votre appareil photo. Le lieu vous inspire ?

Il faut monter là haut (ndlr au sommet des Arènes) et prendre un grand angle 11-24 mm, j'en ai un. Le problème pour les arènes, c'est comme les théâtres grecs, la lumière est très contrastée, donc il faut travailler en basse luminosité et en haute vitesse. Mais je vais me régaler. Demain matin je vais venir tôt et je vais shooter un ou deux artistes.

Pour vous, la chanson de l'année, c'est laquelle ?

La mienne n'est pas en compétition. Je les aime toute évidemment, je suis tellement partie prenante de leur histoire. Mais pour moi, c'est dans le dernier album d'Adam Cohen (fils de Léonard Cohen), la chanson s'appelle Love is. Adam est mon ami depuis vingt ans, on a même fait un album ensemble.

Justement, lorsqu'Adam Cohen est venu joué aux Arènes de Nîmes en 2012 en première partie de Bob Dylan, il s'était essayé à un discours anti-corrida mais n'avait pas trouvé écho dans ce haut lieu de la tauromachie. Vous partagez son point de vue ?

Moi je suis un taureau, donc c'est compliqué (rire), mais je suis aussi un homme de tradition. Je comprend toute la symbolique, le sacerdos presque religieux du torero, et ce rituel cathartique et thérapeutique pour la psychologie d'une communauté. Cela, je peux le comprendre, mais est-ce que ça vaut la peine de tuer le taureau ? Doit-on faire semblant de les tuer ? Je n'en sais rien. C'est compliqué pour moi d'être pour ou contre, je comprend à la fois la chanson de Cabrel et la nécessité de perpétuer une tradition. Et je le répète, mon signe astrologique est le taureau.

Donc samedi soir, dans l'arène, vous serez le taureau, ou le matador ?

Je serai comme un taureau dans l'arène. (rire)

Baptiste Manzinali

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