ALÈS Le réalisateur Samuel Benchetrit prend les rênes du festival Ciné été
Ce soir, pour inaugurer le festival Ciné été d'Alès, Samuel Benchetrit présentera en avant-première son dernier film "Asphalte", un long-métrage drôle, délicat et poignant sur la vie en banlieue. L'écrivain et réalisateur sera accompagné de son fils Jules, qui signe son premier grand rôle au cinéma. Rencontre.
Objectif Gard : "Asphalte" est adapté des nouvelles autobiographiques des "Chroniques de l'asphalte" que vous avez écrites en 2005. Quelle est la part de réalité et de fiction dans le film ?
Samuel Benchetrit : Ce sont des morceaux choisis des livres que j'ai écrit en plusieurs tomes. La part de réalité, c'est la banlieue. C'est le souvenir d'un sentiment, d'une forme d'humanité. Je ne me souviens pas des détails mais des ressentis.
OG : Quels sont-ils ?
SB : On court toute notre vie après notre enfance. On veut retrouver une lumière. J'ai le souvenir d'un brouillard, c'est pourquoi le film est sombre. Je me rappelle surtout d'une grande solidarité. Personne ne veut vivre dans cet endroit, c'est forcément un lieu de contraste, où il se passe des choses. Ça crée violence et fraternité. Je m'y sens bien, c'est mon enfance.
OG : "Asphalte" porte sur cette fraternité de manière très réaliste et épurée. Paradoxalement, vous y avez incorporé de l'absurde, avec l'arrivée d'un astronaute qui tombe du ciel. Pourquoi ce choix ?
SB : Le film parle d'une chute, celle de trois personnages. Qu'est-ce qui représente le mieux la chute qu'un astronaute ? Plus j'avance dans mes films, plus le rêve prend de l'importance. Et c'est aussi une manière de s'approcher du rêve. Quant à l'absurdité et à l'humour, il y en a beaucoup en banlieue. C'est elle qui la crée.
OG : Souhaitez-vous faire passer un message à travers ce film ?
SB : Pas vraiment. Volontairement, je n'ai incorporé aucun repère de lieu et de temps. Ce qui intéressant, c'est de comprendre ce qui se passe. La banlieue, ce n'est pas simplement des voitures qui brûlent. C'est un monde avec des gens et des histoires.
OG : Craignez-vous que l'on dise que votre film est trop plein de bons sentiments ?
SB : Ceux qui le pensent sont des imbéciles! Ces gens sont dans la merde, ils ont tous perdu quelque chose d'important, une mère, un fils, une carrière. On ne peut pas toujours regarder un film en cherchant la petite bête.
OG : Pourquoi avoir choisi votre fils de 17 ans pour le rôle de Charly ?
SB : Au début, je voulais un ado plus jeune. Puis j'ai changé d'avis et les producteurs ont insisté pour prendre Jules. Je lui ai fait passé un test et il a été très bon. Il a aussi beaucoup travaillé et s'est très bien entendu avec l'équipe. C'était très agréable de jouer avec lui.
OG : Lequel des trois duos vous touchent le plus ?
SB : Aucun. Ces six personnages sont tous très seuls. Ils vont devoir réapprendre à parler. C'est plus facile dans un lieu d'abandon.
Propos recueillis par Eloïse Levesque
Pratique :
"Asphalte" aux Arcades d'Alès ce soir à 19h, en présence de Samuel et Jules Benchetrit. Sortie le 7 octobre. 5€/4€ (-14 ans)
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