FAIT DU JOUR Les maires divisés sur la création d'une police d'agglomération
Promesse de campagne du tandem Lachaud/Fournier, Nîmes Métropole propose de recruter 25 policiers intercommunaux pour un coût d'environ un million d'euros. Certains maires inquiets du montage financier de l'opération freinent des quatre fers.
Assis au fond de la permanence, rue Gaston Boissier, Jean-Paul Fournier et Yvan Lachaud s'impatientent. À quelques semaines des municipales, vouées à renouveler les exécutifs communaux et intercommunaux, l'équipe sortante s'apprête à livrer son programme. Parmi les mesures phares : la création d'une police intercommunale constituée de 50 agents. L'objectif étant de répondre à "l'une des principales préoccupations des Français qu'est la sécurité". Quelques mois plus tard et une victoire électorale en poche, Eddy Valadier, vice-président de l'agglomération délégué à la sécurité s'empare du sujet. L'idée de la droite n'est pas neuve puisque, dans le Gard, quatre communautés de communes s'y sont déjà essayées (Petite Camargue, Rhôny-Vistre-Vidourle, Pontdu-Gard et Pays d'Uzès). Armé de statistiques sécuritaires, Eddy Valadier part convaincre les 26 édiles de Nîmes Métropole. Une tâche difficile, ces derniers étant peu enclins à sortir le chéquier pour financer une compétence facultative dans une période économique tendue. Pourtant, ce n'est pas les besoins qui manquent. Maire de Saint-Gilles, l'élu l'assure : "nous sommes de plus en plus confrontés à différents troubles de l'ordre public, comme les infractions routières, celles liées à l'urbanisme ou la pollution environnementale".
800 000 euros par an pour 25 policiers
En matière de budget consacré à la sécurité, les disparités entre les communes sont importantes : si Nîmes pavoise avec 140 policiers municipaux, ce n'est pas le cas des petites communes comme Lédenon, Dions, Cabrières ou Sernhac qui ne possèdent aucun agent. Difficile donc pour le maire d'assurer sa mission de maintien de l'ordre public*. La brigade intercommunale imaginée par Eddy Valadier serait "sous l'autorité opérationnelle du maire* même si l'Agglo en serait la gestionnaire". Elle aurait un double objectif : "renforcer les effectifs des communes avec des agents implantés sur différents secteurs de l'agglomération" et pourrait également "être mobilisée sur une commune en particulier lors de manifestations culturelles importantes".
Dans un premier temps, l'exécutif propose de recruter 25 policiers pour un coût estimé à 800 000 euros par an. Ajouté à l'équipement des agents (véhicules, armes et moyens de communication), la facture globale s'élève à un million d'euros. À titre de comparaison, cette somme équivaut à la subvention annuelle attribuée par Nîmes Métropole à la salle de spectacles Paloma ou au financement d'1,5 kilomètre de TCSP. Le maire de Milhaud, Jean-Luc Descloux reconnaît "l'utilité de renforcer mon effectif (4 policiers municipaux pour 6 000 habitants) pendant les fêtes votives". Toutefois, il reste dubitatif sur le montage financier de l'opération : "Si c'est pour que la commune paie 35 000 euros (coût moyen d'un agent, NDLR) et que nous avons un agent à mi-temps sur Milhaud, je préfère en recruter un moi-même".
Quelle montage financier ?
Pour l'heure, les modalités de financement du projet n'ont pas encore été définies. Deux choix s'offrent à l'exécutif : intégrer les policiers au budget de fonctionnement de la collectivité ou facturer la prestation directement aux communes, comme c'est le cas pour l'examen des permis de construire. "Que ce soit le premier ou le second choix, ce sont les maires qui paieront puisque les recettes de nos impôts servent à financer en partie le budget de Nîmes Métropole", oppose le maire de Rodilhan, Serge Reder. En outre, l'élu local soutient que la création d'une police serait "un mauvais signal envoyé à l'État qui continuerait à se désengager de nos territoires".
Eddy Valadier qui plaide, lui, pour "un financement sur le budget de fonctionnement", estime qu'il s'agit là "d'un vrai choix politique. D'autres communes comme Marguerittes ou Générac, y sont favorables". Il y a plusieurs mois, le maire de Saint-Gilles a remis un rapport à Yvan Lachaud : "nous attendons toujours que le président UDI de Nîmes Métropole nous délivre sa position personnelle". La police d'agglomération est-elle toujours une priorité de l'exécutif ? "Oui", répond le cabinet de Yvan Lachaud qui explique s'être concentré, cette année, sur le front du développement économique. Le sujet pourrait "être débattu lors d'une prochaine conférence des maires afin de dégager un consensus". La condition sine qua non pour l'émergence d'un tel projet.
Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com
*En vertu de l’article L.2212-1 du Code général des collectivités territoriales, le maire doit veiller, à travers ses pouvoirs de police, à assurer le bon ordre, la sûreté, la sécurité et la salubrité publique dans sa commune.
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