Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 19.11.2015 - elodie-boschet - 2 min  - vu 419 fois

FAIT DU JOUR Ces patients qui osent l'hypnose

Les patients sont de plus en plus nombreux à tester l'hypnose. DR

Depuis des décennies, l'hypnose est connue du grand public pour son côté spectaculaire. De nombreux magiciens ont fait leur renommée grâce à elle. Mais depuis quelques années, la médecine s'est emparée de cette pratique avec plus de sérieux mais des résultats tout aussi spectaculaires. Objectif : soulager la douleur ou remplacer l'anesthésie.

Il est 11 heures, ce lundi 9 novembre. Claire, 72 ans, entre au bloc opératoire du centre hospitalier de Nîmes. Allongée sur la table d'opération, la septuagénaire doit subir une coloscopie, examen qui nécessite habituellement une anesthésie générale. Sauf que depuis 2010, l'hôpital propose aussi l'opération sous hypnose, option choisie par Claire.

Ici, la spécialiste dans le domaine s'appelle Guylaine Tran, médecin anesthésiste formée à l'hypnose. Assise aux côtés de Claire, elle saisit son poignet et s'approche doucement de son oreille. A cet instant, la patiente est encore bien éveillée, les yeux grands ouverts. Le médecin commence : « Observez la pièce, les appareils. Écoutez les sons autour de vous, laissez-vous porter par le son de ma voix ». Voix qui devient de plus en plus douce. Ca fonctionne : Claire ferme peu à peu ses paupières. Le docteur Tran poursuit : « Vous êtes sur votre divan, la tête calée avec des coussins et vos pieds protégés par des chaussettes en laine. Vous profitez de ce moment de détente. Vous feuilletez un livre d'images qui vous rappelle vos dernières vacances au bord de la mer ». Par la pensée, Claire s'échappe du bloc opératoire pour rejoindre le sable chaud du Grau-du-Roi. C'est le moment que choisi l'anesthésiste pour donner le feu vert à ses confrères. L'opération commence.

180 soignants formés à l'hypnose à Nîmes

L'opération sous hypnose est aujourd'hui un phénomène courant dans les blocs opératoires. Si courant qu'ils sont aujourd'hui 180 professionnels de santé du CHU Carémeau à être formés pour répondre à la demande toujours plus grandissante. Dans le Gard, Nîmes ne détient pas l'exclusivité de la pratique : à l'hôpital d'Alès, 20 personnes ont suivi une formation similaire. C'est le cas du docteur Sirvain, praticien hospitalier titulaire d'un diplôme universitaire d'hypnose. L'homme y voit beaucoup d'avantages : « Le premier, incontestablement, c'est que le patient ne reçoit aucun anesthésiant si l'hypnose est réussie. La prise en charge dure moins longtemps. Et pour le patient, le réveil est bien moins difficile qu'après une anesthésie ». Seulement, tous les malades ne sont pas réceptifs : « C'est vrai que certains sont résistants. D'autres sont faussement motivés. Et on a une troisième catégorie qui n'a pas confiance. Mais dans 80% des cas, ça fonctionne ! ». L'hypnose est majoritairement utilisée pour les opérations bénignes : ablation de grains de beauté, pose de perfusion, péridurale, biopsie... Ou bien, on l'a vu, pour une coloscopie.

Justement, Claire est sur le point de reprendre ses esprits et de revenir de sa promenade grauléenne. L'opération a duré une trentaine de minutes. Aussitôt réveillée, elle est en mesure de répondre aux questions sur son opération : « Je me suis sentie en sécurité, tout s'est bien passé. Durant toute l'opération, j'étais consciente de ce qui se passait mais, à côté de ça, je ramassais des coquillages sur la plage. Je conseille aux gens d'avoir recours à cette méthode plutôt qu'aux anesthésiants. Moi, c'est déjà la deuxième fois que je le fais ». Bien que convaincue, Claire n'envisage pas pour autant de passer à nouveau sur le billard pour repartir en voyage.

Elodie Boschet

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