Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 21.11.2015 - tony-duret - 2 min  - vu 293 fois

AU PALAIS Le prévenu : « Je ne suis pas un voyou, je suis un délinquant »

Le palais de justice de Nîmes. (Photo Baptiste Manzinali / Objectif Gard)

Maxime ne comprend pas pourquoi il se retrouve dans le box des accusés du tribunal correctionnel de Nîmes. Le jeune homme, âgé de 31 ans, est poursuivi pour un vol aggravé commis chez un concessionnaire de motos, route de Montpellier à Nîmes. Le 7 septembre 2011, deux hommes ont dérobé 73 casques de moto, 22 vestes et 10 paires de gants pour un préjudice de 11 000€. Si Maxime s’étonne de sa présence au tribunal, le président Jean-Louis Galland beaucoup moins :

-          Un gant a été oublié sur les lieux par l’un des auteurs. Et il se trouve que c’est votre ADN qui est dessus. Vous connaissez la probabilité pour qu’il y ait une erreur ?

-          Euh non, bredouille le prévenu.

-          Une chance sur un milliard.

Ca laisse toujours une petite chance... Mais l’accusé ne s’engouffre pas dans cette brèche. Il a une autre explication, aussi rocambolesque, dont la probabilité qu’elle se soit réellement produite doit également être de l’ordre d’une chance sur un milliard.

-           J’ai fait beaucoup de moto quand j’étais jeune dans les quartiers nord de Marseille. J’ai dû perdre un gant à ce moment-là…

A l’écouter, quelqu’un qui lui voudrait vraiment beaucoup de mal aurait précieusement conservé le gant pendant plusieurs années pour venir le déposer sur une scène de vol quelques années plus tard et ainsi le faire accuser. Machiavélique. Hélas, le procureur balaie aussitôt l’hypothèse :

-          Il n’y a que votre ADN sur ce gant. Si au moins il y en avait deux, on aurait pu vous accorder le bénéfice du doute.

A la fin de son réquisitoire, le représentant de l’Etat demande contre le « voyou » une peine de deux ans de prison. Maxime, et ses treize condamnations au casier judiciaire, ne semble pas vraiment atteint par la peine demandée. En revanche, que le procureur ait osé employer le mot « voyou » à son encontre, ça l’indigne :

-          Vous ne connaissez pas les gens et vous les jugez comme ça ? Je ne suis pas un voyou.

Le président intervient :

-          Monsieur, dans l’esprit des gens, quelqu’un qui commet plusieurs infractions est un voyou. Si vous préférez, vous êtes un délinquant.

-          Oui, c’est ça, je ne suis pas un voyou, je suis un délinquant, reprend Maxime. Parce qu’un voyou, c’est les kalach et tout ça…

-          Non, ça c’est un criminel, explique patiemment Jean-Louis Galland.

Le « délinquant » a écopé d’une peine de 15 mois de prison et d’une amende de 1 500€.

Tony Duret

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