RÉGIONALES À Bagnols, ville PS, le FN à 42 % : "il y a une désespérance"
Dimanche, les bagnolais ont voté à 42 % pour la liste FN de Louis Aliot. Dans cette ville dirigée par le Parti socialiste depuis 2008, le parti frontiste progresse inexorablement. Pour quelles raisons ?
24 % aux municipales, 33,7 % aux européennes, 37 % aux départementales et donc 42 % aux régionales, soit deux fois plus que la liste PS qui se classe en deuxième position avec 20,97 %. Depuis un an et demi, le Front national gagne du terrain à chaque premier tour.
« On en a marre de la gauche et de la droite »
Pourquoi cette ville socialiste, la plus importante du département, dernier « bastion » de gauche dans le département, plébiscite le parti de Marine Le Pen ? « On en a marre de la gauche et de la droite », affirme Hervé*, un bagnolais qui a glissé un bulletin FN dans l’urne dimanche. « C’est un parti comme un autre », pour Patricia, quand dans la bouche de Marie, qui a elle aussi voté FN au premier tour, on sent comme un goût de nostalgie : « j’espère que la France redevienne ce qu’elle était. » C’est à dire ? « Je n’en dirai pas plus. »
Ici comme ailleurs, les partis dits de gouvernement sont renvoyés dos-à-dos : « j’en ai marre de jouer au yo-yo entre la gauche et la droite », lance Patricia. Olivier revient quant à lui dix ans en arrière, au référendum sur la constitution européenne : « je n’ai pas oublié le référendum de 2005. »
« Avec le nombre de jeunes chômeurs que nous avons… »
« Ce n’est pas propre à Bagnols hélas, le FN est très fort partout », note le maire PS de Bagnols Jean-Christian Rey. Pour autant, la situation de Bagnols interpelle : ici, le FN est dix points au dessus de Nîmes et d’Alès, pour ne citer qu’elles. « Aujourd’hui, à Bagnols, dans certains endroits le chômage dépasse les 50 % chez les moins de 26 ans, admet Jean-Christian Rey. Evidemment qu’il y a une désespérance, il y a des gens sans emploi, dans la souffrance et la difficulté. »
La candidate Nouveau Monde en commun Geneviève Sabathé ne dit pas autre chose : « avec le nombre de jeunes chômeurs que nous avons… nous ne sommes pas une ville universitaire, où la formation est prioritaire. » Geneviève Sabathé, qui a fait une thèse sur la formation professionnelle, estime que « le bilan de la région sur la formation professionnelle n’est pas positif, et à Bagnols, c’est pire. » Pour elle, la jeunesse détient la clé de l’équation : « Bagnols a été la ville la plus jeune de France, à cette époque là, la jeunesse, c’était la priorité. Au fur et à mesure, on a perdu cette idée. Ce sont des jeunes non diplômés et sans emploi qui votent FN. »
Côté FN, la candidate régionale Monique Tezenas du Montcel, ex-candidate aux départementales sur le canton de Bagnols, estime que « le gouvernement actuel comme le précédent ont amené aujourd’hui une situation économique dramatique, il est vrai que c’est un facteur qui pousse aussi les gens à se dire ‘on veut essayer autre chose’. » Et pour la candidate frontiste, si Bagnols a voté massivement pour le FN, c’est aussi sur la foi du « modèle » beaucairois : « si nous n’avions pas le modèle de gestion de Beaucaire, ce serait plus difficile de convaincre, ça nous aide énormément. Nous pouvons dire ‘si un maire réussit, pourquoi ne réussirions-nous pas à la région ?’ »
« On crève de ne pas mettre en place les réformes »
Du côté des partis dits « traditionnels, on se gratte la tête pour trouver la solution. « Depuis trente ans, on entend les politiques dire ‘on a entendu’, et rien ne se fait », lâche Jean-Christian Rey. Il faut qu’on soit dans l’action, et il faut qu’au plus haut niveau on nous donne les moyens pour agir. » Pour le maire, l’exemple doit être donné au parlement : « à un moment, il faut décider, trancher, sortir de ces scléroses. Le débat est utile, mais quand il empêche l’action, on va droit à la catastrophe. On crève de ne pas mettre en place les réformes nécessaires. »
Pour Geneviève Sabathé, « il faut lutter contre la ghettoïsation, qui touche deux quartiers de Bagnols, et faire en sorte que les jeunes diplômés ne soient plus sans espoir ni sans avenir. »
* les prénoms ont été modifiés
Thierry ALLARD
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