Depuis les municipales de mars 2014, le Front National s’est trouvé à Beaucaire un bastion qui n’a rien à envier aux autres forteresses du parti comme Hénin-Beaumont ou Hayange. Dans les rues de la commune, décomplexés, les habitants assument leur vote. Micro-trottoir.

A Beaucaire, les chiffres atteints par le Front National sont chaque année plus impressionnants. Aux municipales, Julien Sanchez raflait la mise avec 39% des voix. Aux départementales, un an après, Beaucaire votait FN à 49%. Lors des régionales, dimanche dernier, Louis Aliot a fédéré 59% des électeurs. Des chiffres qui conviennent parfaitement à Paul et Annick, un couple de retraités qui vit à Beaucaire depuis plus de 40 ans.

- La politique, c’est comme la religion : on n’en change pas, explique Paul. Je suis FN, je resterai FN. J’ai voté depuis le père (Jean-Marie Le Pen, NDLR). La gauche, la droite, ils ne s’occupent pas de nous. Entre Sarkozy et Hollande, on m’a enlevé 400 euros sur ma retraite. Soit disant qu’on touche trop !

Mais au-delà du national, cet ancien ouvrier Beaucairois est satisfait de la politique de son élu :

- Sanchez, il agit, il est disponible, il nous reçoit en mairie. Alors que Bourbousson (l’ancien maire, NDLR), il ne faisait rien. Je suis content parce que Sanchez s’occupe plus des français que des étrangers alors que Bourbousson ne pensait qu’aux Maghrébins. Et puis, il nous a fait un beau marché. Enfin, il y a plus de sécurité : quand on appelle la police municipale, elle se déplace. C’est nouveau !

Josiane, une quinquagénaire qui vit à Beaucaire depuis 15 ans, est moins enthousiaste, plus désabusée :

- Le Front National, c’est comme les autres. Les pauvres ont beaucoup de mal. Beaucoup de bureaux, beaucoup de formations se ferment. La France s’enfonce… Alors que ce soit l’un ou l’autre, c’est pareil.

Une vision que ne partage pas Fadila, 47 ans. Pour elle, le vote Front National est incontournable :

- Les Beaucairois ont bien voté. Les gens en ont marre. On est des vaches à lait. La gauche ou la droite ont la même politique. Et avec les attentats à Paris, on a tous peur. Ici, à Beaucaire, c’est rassurant, il y a plus de sécurité même si je ne me baladerai pas encore seule dans la rue le soir. Et puis, dans ces kebabs, on les entend toujours gueuler.

Celle qui gueule aussi, c’est Simone. Mais pas pour les mêmes raisons.

- J’ai honte ! J’ai honte de dire que je vis à Beaucaire. J’espère que les gens vont réagir au deuxième tour. Ce qu’il se passe ici, c’est que le maire se tient à carreau, il ne fait pas de vagues pour les prochaines élections. Du coup, les gens ne sont pas mécontents. Mais est-ce que ça va durer ?

Seul le temps le dira…

Tony Duret