Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 09.01.2016 - anthony-maurin - 5 min  - vu 885 fois

MUS Vivette Lopez, maire du village et sénatrice du Gard en toute simplicité

Vivette Lopez, sénatrice du Gard et maire de Mus. Personnage politique atypique proche de ses administrés et constamment entre le Gard et Paris (Photo Anthony Maurin : ObjectifGard).

Élue depuis 2001 à la tête de la Mairie de Mus, commune de 1424 habitants et sénatrice du Gard depuis 2014, Vivette Lopez, qui est dans la maison des Républicains, a de la ressource et propose une manière atypique de faire de la politique.

Comment êtes-vous devenue maire puis sénatrice?

Mon parcours est assez incroyable. Je suis à Mus depuis 1956. Je me suis mariée jeune, j’ai eu trois enfants, je n’ai pas travaillé pendant 12 ans pour m’occuper d’eux mais il fallait quand même gagner un peu d’argent alors j’ai fait des ménages, j’ai gardé d’autres enfants puis j’ai passé le concours de secrétaire de Mairie. J’ai fait quelques remplacements à Mus, à Saint Dionizy puis à Langlade avant de revenir définitivement à Mus où j'ai été pendant 15 ans secrétaire de Mairie. Je n’oublie pas ce temps, je sais d’où je viens ! Je pense être un maire atypique, je sais être très sérieuse et travailler dur mais je sais aussi être plus légère, j’aime l’humour et le rire, ça détend certaines situations et en ce moment, franchement, c’est important, nous ne sommes que de passage ! Être maire, c’est passionnant. Œuvrer pour l’évolution positive de sa commune, c’est toujours intéressant. J’essaie de rendre service quand c’est possible mais c’est très compliqué dans une petite commune. Je fais de la politique pour améliorer, moderniser et embellir mon village mais je ne veux pas faire n’importe quoi.

Comment se portent les finances de Mus?

C’est très difficile de composer… Les charges sont de plus en plus lourdes et les communes rurales, qui sont pourtant les plus nombreuses, sont les grandes oubliées. Je suis d’ailleurs intervenue au Sénat sur cette question, nous allons perdre entre 60000 et 80000 euros alors que notre budget est de 850000 euros investissement et fonctionnement compris ! Il faut aussi ajouter les remboursement d’emprunts, rénover les rues et, même s’il y a des aides de la Communauté de communes, tout cela a un coût. Pour le faire comprendre j’ai organisé une réunion avec les habitants afin de leur expliquer ce phénomène, sinon, il fallait augmenter les impôts… Je n’ai pas envie d'assassiner les mussois alors qu’on leur en demande toujours plus ! Pour certaines personnes âgées, c’est la catastrophe. Quand on fait plusieurs mandats, on peut avoir cette hauteur de vue, je pense qu'après mon départ personne ne pourra dire que la commune est ruinée par ma faute.

Le village connaît-il un pic démographique?

Mon objectif n’est pas d’avoir une croissance démographie importante, nous n’en avons pas les moyens et rester sous la barre des 1500 habitants semble raisonnable. De toute façon, la loi ALUR, loi pour l’Accès au Logement et Urbanisme Rénové est une ineptie pour les petites communes. Quand on vient à Mus, c’est pour être au calme, pas les uns sur les autres! Les gens viennent ici pour avoir plus d’espace et pouvoir en profiter en toute quiétude. Nous avons quand même fait 26 logements, surtout pour les jeunes du village il y a une dizaine d’années et 11 logements plus récemment avec plus de mixité sociale.  Mus est non inondable, en 1988, c’était une île. De plus, l’autoroute est à proximité, Montpellier et Nîmes sont aussi très proches, ce qui donne au village un caractère spécial. Mus est vivant, tout ce dont on a besoin est présent sur la place du village mais c’est le stationnement qui pose problème.

 Y a-t-il des problèmes d'insécurité?

Nous avons deux caméras sur la place du village, en théorie, il en faudrait 8 ou 9 mais nous n’avons pas les moyens d’en avoir plus ! Les vols et cambriolages sont toujours présents mais il y a pire ailleurs et cela marche par période, rien de dramatique... De plus, nous entretenons d’excellents rapports avec la gendarmerie de Vauvert. La sécurité routière pose aussi quelques problèmes mais je ne suis pas forcément pour la répression à tout prix. Expliquer, prévenir me semble une meilleure chose.

Quelles animations peut-on réaliser avec un budget restreint?

Nous avons une petite fête votive sans arènes mais avec un bouaou. Nous organisons quelques abrivados mais ça me fait toujours très peur car la sécurité est un problème qui coûte très cher et c'est un enjeu primordial. Je peux vous dire que je soutiens la fête car je comprends cette tradition mais je compte les abrivados et quand la dernière est passée, je suis soulagée ! Nous avons aussi un festival de musique de chambre. Nous en sommes à la 9ème édition, ça marche très bien même si nous partions de rien. Grâce à Alexandre Dubach, un fabuleux violoniste suisse reconnu à l’international, le public vient et revient avec chaque année des nouveautés. Nous faisons également partie de Palabrages, un festival de contes en Vaunage qui fonctionne très bien et qui attire les foules. Enfin, pour la première fois de plus de 10 ans, nous avons participé au Téléthon avec 3000 euros récoltés.

Au Sénat, comment s'est passée votre première année?

La première fois que je m’y suis rendue, c’était pendant les inondations de Montpellier et comme le train était bloqué en gare de Nîmes, j’ai passé la nuit à l’intérieur ! Quand on arrive sur place, c’est assez déboussolant. Il faut se repérer, j’ai eu l’impression d’être invitée et non élue mais depuis, j’ai pris mes repères et je m’adapte bien. Pour la première fois j’ai pris la parole dans l’hémicycle avant les fêtes de fin d’année sur la ruralité. J'ai intégré la commission Culture, Enseignement et Communication. Comme délégations, je suis au Droit des femmes, égalité hommes-femmes et à l'Outre-mer. Pour les groupes d’études, je suis dans celui qui traite de la chasse et de la pêche mais aussi dans celui qui travaille sur l’Arctique et l’Antarctique. Nous avons également des pays amis, je suis avec l’Italie, l’Allemagne, le Portugal, l’Irlande, la Finlande et les pays du Nord.  Nous faisons beaucoup de réunions, c’est très studieux et je vous assure que les sénateurs travaillent beaucoup ! J’essaie de me déplacer une fois par mois sur ma circonscription, de rencontrer les personnes que je ne connais pas encore. J’explique mon action, j’écoute… Au début de mon mandat, je voulais être partout mais sincèrement, c’est impossible ! Nous sommes obligés d’être présents dans l’hémicycle durant les questions au gouvernement et lors des commissions. On est très loin du train de sénateur. Je suis à Paris les mercredis, jeudis et vendredis ce qui me laisse peu de temps à Mus...

Cette année, Vivette Lopez ne fera pas ses vœux. "L’argent et le cœur n’y étaient pas quand nous avons pris la décision peu de temps après les attentats de novembre 2015… D’habitude je fais toujours des surprises, c’est un moment décalé mais il le sera certainement plus en 2017 ! Le manque crée l’envie".

Anthony Maurin

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