Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 09.01.2016 - baptiste-manzinali - 2 min  - vu 459 fois

LES SPÉCIALISTES Rénovation des Arènes de Nîmes : entretien avec Louis de Charentenay

Les Arènes de Nîmes (Image d'archives / Objectif Gard)

Les Arènes de Nîmes n'ont pas fini leur cure de jouvence. D'ici quelques semaines, de nouveaux diagnostics devraient permettre une longue rénovation qui pourrait débuter dès 2017. Louis de Charentenay, directeur de l'entreprise SELE - 25 employés et trois agences à Nîmes, Toulouse et Aix - en charge des travaux depuis plusieurs décennies, nous livre quelques explications sur ces longs et fastidieux travaux d'un monument bâti il y a presque 2 000 ans.

Objectif Gard. Une tonne de pierre tombe des arènes chaque année. Que reste t-il des pierres d'origines ?

Louis de Charentenay. Il ne faut pas oublier que le monument est très ancien, environ 2 000 ans. La pierre est abîmée et à cet âge il y a des petits morceaux qui tombent mais compte tenu du volume du monument, ce n'est pas énorme finalement. Puis la dégradation est différente selon la pierre : certaines vont s'user et s'effriter, d'autres comme celle des Arènes part comme des esquilles et se détache. Une fois par an la mairie convoque une commission de sécurité et une entreprise vient purger ces morceaux détachés qui pourraient blesser quelqu'un. Ils n'ont aucune valeur, ce sont des petits éclats. Quand on regarde l'intérieur des Arènes, beaucoup de pierres ont disparu, il y avait même un village dedans. Mais sur les façades, il en reste la plupart, tout comme dans les galeries et les voûtes. Quand notre entreprise intervient, elle a plus souvent à faire à des pierres d'origines que neuves.

Ce travail de restauration n'est pas entrepris de la même façon dans le Colisée par exemple où tout est presque en l'état.

Elles ne sont pas dans le même état, le Colisée est inutilisable pour des événements. Les Arènes de Nîmes sont en bien meilleur état. La priorité d'une démarche de restauration, c'est la conservation. On ne re-bâti pas, on tente plutôt de conserver au maximum, de maintenir le monument dans l'état en le nettoyant, en changeant les pierres trop abîmées ou en refaisant un joint. L'intérêt n'est pas de refaire des Arènes flambantes neuves.

Est-ce que l'activité touristique, les concerts ou l'organisation d’événements détériorent les Arènes ?

Il y a quelques années, on mettait une bulle pour abriter lors des manifestations. Ce genre d'installation crée des tensions dans le monument, l'eau sur la bulle glisse et se concentre à des endroits où des infiltrations apparaissent. L'activité humaine peut abîmer le lieu oui c'est aussi la raison pour laquelle on a besoin de l'entretenir. Mais à mon sens, la musique ne fais pas de dégâts.

Pourquoi cela a t-il prit six ans pour rénover cinq arches ?

Ce qu'il faut savoir, c'est que sur ces arches, la première tranche était expérimentale, ce qui est très long car il y a un travail profond de diagnostic, de compréhension du monument, de sa fonctionnalité et ses pathologies. Cela nécessite des études de comportement et mécanique de la pierre, sa porosité et sa résistance. C'est un travail que l'on ne voit pas mais qui va permettre aux architectes, comité scientifique et archéologues de prendre des décisions. Cela fait parti d'un processus forcément long, on ne restaure pas les arènes comme une simple façade en la nettoyant. Ajoutez à cela un travail de calepinage important. On ne peut que passer par là car la majorité des pierres sont antiques, il faut les garder.

Baptiste Manzinali

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