FAIT DU JOUR L'obésité infantile, fléau méprisé du 21ème siècle
Dans le cadre de l'opération "Les mardis de la santé", une conférence était organisée à Carré d’Art sur l’obésité infantile, sa prévention et sa prise en charge. Un des fléaux sociétaux du 21ème siècle.
A Nîmes depuis 2010, une grande campagne de communication est réalisée car on compte environ 16% des enfants, soit environ 3000 bambins obèses. Un sacré chiffre qui n’a pas attiré les foules malgré l’urgence de la situation. Dans l’assemblée, une petite trentaine de personnes issue du monde médical pour la grande majorité. Insuffisant à en croire le Professeur Michel Rodier, chef du service Maladies de la nutrition et diabétologie du CHU Carémeau de Nîmes, "Je suis effaré. Je trouve sidérant de ne voir aucun responsable politique ou du monde de la santé. De même, je ne vois aucune personne en situation d’obésité dans la salle…".
Pourtant, le problème est déjà là. Fois deux. Lors de la dernière décennie, il y a deux fois plus de jeunes obèses ou en surpoids, on en dénombre environ 2 millions en France aujourd’hui. "Les enfants sont devant les écrans, ne lisent plus, font moins de sport, sortent beaucoup plus en soirée, une étude montre que 50% des adolescents prennent au moins une cuite par semaine ! Le monde a changé, les enfants aussi", note Tu-Anh Tran, également Professeur au CHU Carémeau.
Les risques avant la naissance
Les enfants à risques sont ceux qui ont des antécédents familiaux, une mère qui a été en surpoids quand elle était en âge de procréer ou bien pendant la grossesse. Il faut aussi prendre garde au diabète gestationnel, à la dysalimentation maternelle et fœtale, à la précarité matérielle, affective et éducative du milieu… "Par contre, l’allaitement maternel protège contre le risque d’obésité. En effet, plus l’allaitement est prolongé dans le temps, moins l’enfant a des chances d’être obèse. 2 enfants obèses sur 3 le resteront à l’âge adulte et ils ont 9 fois plus de chance de devenir diabétiques" poursuis le Professeur Tran, chef du service Pédiatrie.
Pas de fatalité pour l’enfance
Les parents prennent souvent le problème à la légère. Parfois, les enfants sont potelés, et montrent quelques signes d’une future obésité. Vers six ans, le rebond adipeux est à surveiller. Avant, d’autres précautions sont à suivre. "Le carnet médical est un outil fait pour contrôler la santé de l’enfant mais quand on les demande, il n’y a jamais rien d’écrit dessus ! C’est dramatique de ne pas tenir ce genre de chose à jour, on ne connaît pas l’évolution de l’enfant et ça, c’est clairement problématique" avoue le Professeur Rodier.
"L’obésité infantile est bien souvent la conséquence d’une situation anormale. Parfois, un dysfonctionnement lié à l’état psychologique ou familial de l’enfant. L’obésité peut aussi être considérée comme un symptôme et elle a impact néfaste tout au long de la vie" poursuit le Pr Rodier.
La couche sociale accentue le phénomène
On retrouve, chez les enfants d’artisans, de commerçants, d’agriculteurs, d’ouvriers ou d’employés, deux fois plus d’enfants obèses que chez les autres catégories socio-professionnelles. Un obèse sur deux vit dans un foyer au revenu mensuel inférieur à 1200 euros.
"C’est un vrai problème de santé publique, l’obésité est, dans les entreprises, le troisième cas de discrimination le plus souvent cité, devant le handicap. De plus, la graisse ne paie pas, plus on est gros, moins on gagne d’argent. En Suède, une étude montre qu’un an d’études peut faire gagner 6% de salaire en plus. Quand on est obèse, il faut faire trois fois plus d’études pour arriver au même salaire…" brosse le Pr Rodier.
Depuis 30 ans, la médecine ne parvient pas à enrayer le phénomène alors, la société est tentée d’en faire une norme. On fait des lits plus grands, on taille plus large les vêtements, les sièges sont élargis… L’obésité est un fléau sociétal, le coût annuel des dépenses de santé s’élève à 10 milliards d’euros soit 6% des dépenses totales. « A terme, c’est intenable et il faudra revoir les remboursements à la baisse. Un malade obèse coûte, par an, 400 euros de plus qu’un malade qui n’est pas en situation d’obésité » conclut le Pr Michel Rodier.
Les cinq commandements du Professeur Tran
Du soda, tu ne boiras pas. Une canette de soda contient 7 sucres, a des bulles et doit être servie bien fraîche. Dans un verre, versez de l’eau tiède sans aucune bulle et mettez autant de sucre que dans le soda… Vous verrez que les artifices sont là pour masquer le goût du sucre.
Grignoter, tu ne seras plus tenter de. Le grignotage n’est pas bon. Après contentement, le pic d’hyperglycémie appelle un pic d’insuline. C’est le serpent qui se mord la queue, on a toujours envie de grignoter.
Regarder la télévision quand tu manges, tu ne feras pas. A table, on recherche le plaisir et quand on est concentré sur la télévision, l’esprit n’est pas à ce que l’on mange dans l’assiette. De plus, un repas doit durer au moins 20 minutes, c’est le moment familial par excellence.
Mâcher 30 fois avant d’avaler, tu seras capable de. Faites le compte, vous n’y êtes pas ! Mais rien de compliqué, là aussi, on recherche le plaisir et on ne peut le trouver qu’en mâchant. Quand l’aliment est réduit en bouillie, il entre enfin en contact avec les papilles, la sensation de satiété devient plus importante.
Rebuter à l'idée de bouger, tu ne seras pas. Comme l’indiquent toutes les campagnes actuelles de communication, pas besoin de faire le marathon de Paris mais simplement quelques exercices. Un peu de marche, préférer les escaliers à l’ascenseur, le vélo à la voiture, la marche à pied aux transports en commun…
Pour savoir si l’obésité guette un membre de votre famille, calculez l'Indice de Masse Corporelle: IMC.
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