Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 27.01.2016 - tony-duret - 3 min  - vu 312 fois

JUSTICE Julien Sanchez attaque une enseignante pour outrage : affaire en délibéré

Julien Sanchez avant l'audience. Photo Tony Duret / Objectif Gard

Depuis le 7 janvier dernier, le maire de Beaucaire Julien Sanchez n’avait pas remis les pieds au tribunal correctionnel de Nîmes. Il était à l’époque en position d’accusé face aux commerçants de sa commune. Cette fois, il est en position de victime, avec son adjoint Stéphane Vidal, face à une enseignante qui aurait déclaré qu’ils étaient membres « d’un parti raciste et xénophobe ».

L’ancienne enseignante de Beaucaire, Sylvie Polinière, et le maire de la ville Julien Sanchez ne se sont certainement jamais autant vus que ces derniers mois. Et malgré ces rendez-vous fréquents, il n’y a rien à faire, ça ne prend pas. Leur première rencontre s’est déroulée en juin 2014, au lycée Paul Langevin de Beaucaire, non pas sur les bancs de l’école mais à l’occasion d’un conseil d’administration. Mais dès cette première prise de contact, l’enseignante refuse de serrer la main de l’élu. Et, ça tombe sous le sens, de lui faire la bise.

Ce jour-là, l’enseignante-syndicaliste de la CGT va plus loin et lit une motion dans laquelle elle indique que les personnes qu’elle représente ne souhaitent pas siéger à côté de membres « d’un parti raciste et xénophobe ». Julien Sanchez se vexe et réplique le lendemain sur le site de sa commune en disant : « « Ce ne sont pas quelques syndicalistes enseignants sans éducation, privilégiés, aigris et sectaires, dont le comportement n’a rien à envier à celui de ‘racailles’, qui impressionneront la municipalité ». A son tour, l’enseignante se fâche et dépose plainte pour « insultes ». Julien Sanchez sera dans un premier temps condamné à 1 500€ d’amende avant d’être relaxé par la Cour d’Appel.

Ce mercredi, le tribunal correctionnel examinait cette fois la plainte du maire de Beaucaire qui, souvenez-vous, n’avait pas apprécié les propos de l’enseignante. Devant le président du tribunal correctionnel de Nîmes Cyril Ozoux, l’enseignante joue sur les mots :

-          On a fait une motion dans laquelle on disait qu’on ne souhaitait pas siéger avec des membres du Front National. Je n’ai fait que lire cette motion. Mais je n’ai jamais tenu ces propos à leur encontre.

Invitée par le président à donner sa réaction lorsqu’elle a reçu la citation, elle répond :

-          Je me suis dit que c’était une mesure d’intimidation. Je pense que mes propos ont été mal interprétés à des fins politiques. Je pense que le FN a souvent des propos racistes et xénophobes et M. Sanchez fait partie du FN.

Cité comme témoin, le proviseur de l’établissement, présent au moment de l’incident, doit trancher. Ces mots ont-ils ou non été prononcés ?

-          Elle a lu sa motion et elle a dit qu’elle ne souhaitait pas siéger à côté de membres d’un parti raciste et xénophobe, soutient le directeur.

L’avocate de Julien Sanchez, Sylvie Josserand, pointe les différentes versions de l’accusée :

-          En septembre 2015, elle déclarait n’avoir jamais tenu ces propos. M. Sanchez et M. Vidal, comme Jeanne d’Arc, auraient entendu des voix. L’ennui, c’est que le 1er décembre 2015, Madame Polinière explique avoir eu un comportement « de provocation », qu’elle a voulu « susciter une réaction » et qu’elle voulait « régler les problèmes en face à face ».

L’avocate de la prévenue, Eve Soulier, fait preuve d’esprit :

-          Dire que le Front National est un parti raciste et xénophobe, ce n’est pas la même chose que de dire que M. Sanchez et M. Vidal sont racistes et xénophobes. La France est le pays des lumières. M. Sanchez et M. Vidal sont français et pour autant ce ne sont pas des lumières.

La lumière sur cette affaire, elle, sera faite le 9 mars 2016 à 14h.

Tony Duret

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